Chapitre 10 - L'entre-deux, les capacités, le chat.

55 3 6
                                    

"Il y a des combats qu'il vaut mieux perdre..."



Doucereuse, tendre, aimante, unique. La voix se faisait si distante que Gin crut un instant qu'en fermant les yeux, il avait quitté le monde qu'il connaissait. Tout ce qui autrefois avait été clair et proche, n'était plus qu'un simple résidu, le monde était devenu une bulle hermétique de laquelle il avait été recraché. Un simple résidu, c'est ce qu'il ressentait, alors que le néant l'avait enveloppé, il s'était emparé de son coeur et avait saisi jailli par tous les pores de sa peau pour l'entrainer vers un ailleurs qu'il ne parvenait pas à définir.


Il avait l'impression de flotter, que son corps faisait mille fois la taille qu'il lui connaissait, que sa force était moindre face à l'incalculable limitation de ce nouvel univers. L'inconnu, Gin, ne le supportait pas. Ces sensations nouvelles, qu'il ne maîtrisait pas lui tordait l'estomac, déchirait ses entrailles et brulait chaque parcelle de sa raison. Il voulait hurler, mais le poids de cette immensité l'étouffait. Il suffoquait, sans souffrir.


"Calme-toi..."



La voix venait d'outre tombe. Son écho se répercutait sur des murs invisibles. Il crut sentir une main se poser sur sa poitrine. Sa tiédeur, était délicieuse. Elle avait envahi en quelques secondes toutes les parcelles de son corps, lui avait rendu sa taille normale, lui avait fait gagner un nouveau souffle et, un appaisement étrange qui laissa au creux de sa langue une sensation acidulé. Proche des bonbons qu'il dévorait par dizaine quand il avait une dizaine d'année.


Alice qu'il ne connaissait que depuis quelques jours réellement avait ça pour elle, qu'elle savait faire disparaître les sensations les plus désagréables qu'il lui était donné de ressentir.



"Gin..."



Le frisson qui venait de parcourir son échine l'avait forcé à ouvrir les yeux. La lumière était aveuglante. Si bien qu'il ne percevait que des formes qu'il peinait à définir. Le vide qui l'entourait avait prit une forme solide et froide. Il était vraisemblablement allongé, du moins c'est ce qu'il ressentait.



"Doucement..., objecta-t-elle alors qu'il tentait de se lever. Laisse ta vue revenir d'abord, tu récupèreras le reste de tes fonctions après...

-Je devrais te tuer, murmura-t-il dans un grognement à peine audible."



Elle n'avait rien dit et, il avait ressenti émanant d'elle une culpabilité étrange qui le força à ouvrir une fois de plus les yeux. Il prit une grande inspiration, Alice, était devant lui, couverte de sang, comme il se l'était imaginé. A un détail près, ses longs cheveux bruns étaient d'un roux vifs. Il lui fallut quelques secondes pour la reconnaître vraiment. Il leva un bras et, glissa ses doigts dans ses longs cheveux rouges en souriant.



"Je délire...

-Non, je suis naturellement rousse!, le rassura-t-elle en souriant davantage. Mais Black me préfère en brune... Alors, il s'est assuré que je le sois..."

Fujimi no saigo: La pluie et le sang.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant