Les faveurs du Tigre [Seventeen]

Dénouement

Jihoon soupirait devant son miroir, hésitant sur sa tenue. Un jean bleu à la coupe droite, des baskets noir (car le blanc trop salissant) et un tee-shirt over-size gris devraient suffire non ? Ou était-il supposé faire un effort plus important ? Après quelques minutes d'hésitations supplémentaires, le jeune compositeur décida que c'était bien suffisant. D'habitude il serait sorti avec un sweet-shirt et un jogging gris informe, se fichant bien du regard des autres. Mais bizarrement il se préoccupait de son regard à lui. Et cette pensée suffisait à rendre ses joues rouges et ses mains tremblantes.

Il attrapa finalement une veste en jean au manches en sweet-shirt, cadeau de Jeonghan qui aimait bien mixer des vêtements, enfila son œil de tigre autour de son cou, accrocha des clous discrets sur ses oreilles, saisit son portefeuille, ses clés et ses écouteurs et sortit. Il ouvrit Google Maps et entra l'adresse du café que lui avait envoyé le tigre, avant de s'y diriger d'un pas tranquille au rythme des basses déversées par ses écouteurs.

Un petit chat au pelage roux était venu lui apporter un étrange étui quelques jours auparavant. Alors que Jihoon travaillait activement à se persuader que tous les évènements précédents n'avaient jamais existés, le petit bout de papier qu'il en avait extrait le stoppa dans sa quête de vie normale. D'une écriture raffinée et stylisée, le Tigre l'invitait dans un café deux jours plus tard. Après avoir remis toute sa vie en question, hésitant même à appeler ses amis qui ne savaient rien de tout cela, il décida d'accepter.

Certes, il restait septique face à ce supposé « Dieu », mais une partie de lui trouvait cela plutôt logique au final. Et Jihoon se sentait de toute façon, redevable envers ce Tigre l'ayant sauvé de bien des situations. Cette histoire de faveurs ajoutait encore à la balance de son côté, car le jeune homme avait donné sa parole de respecter les faveurs et aurait détesté se trahir par lâcheté.

Toutes ces raisons expliquaient son pas faussement assuré dans les rues de Séoul en ce mercredi après-midi.

Il arriva finalement devant la devanture chaleureuse d'un café de rue. D'apparence cossue, le bois clair et les grande baies vitrés dévoilant de larges banquettes rouges confortables lui plaisaient bien. Restait juste à ce que l'endroit soit suffisamment calme pour ses pauvres oreilles, devenues très sensibles au bruit à force d'avoir en permanence un casque vissé dessus. Le Tigre avait très bien choisi l'endroit. Peut-être connaissait-il ses goûts ? Jihoon secoua la tête à cette idée, les joues rouges. Impossible. Et même si c'était le cas, ce serait beaucoup trop étrange.

Son entrée fut signalée par un petit carillon vibrant doucement. Un serveur derrière le comptoir lui offrit un sourire de bienvenue que Jihoon ne lui rendit pas, trop occupé à chercher son rendez-vous autour des nombreuses tables rondes de l'établissement. Il détailla les groupes d'amis et les quelques couples, avant de sentir son pendentif chauffer face à un homme, de dos, portant un sweat à capuche gris lui couvrant la tête. Incertains, le compositeur s'avança lentement, alors que l'œil de Tigre brulait agréablement contre la peau de son cou. Enfin, il se retrouva devant lui.

Lui.

Le Tigre lui offrit un sourire doux, baissant sa capuche pour dévoiler ses cheveux blonds, presque blancs. Jihoon resta paralysé. Le regard pétillant de mille feux lui retournait l'estomac et les lèvres rosés étirées en un honnête sourire faisait apparaitre des pensées... étrange dans son cerveau.

-Assieds-toi, je t'en prie, retentit sa voix profonde, le sortant de sa rêverie.

-Je... oui, merci, rougit Jihoon.

Il se laissa tomber sur sa chaise, toujours obnubilé par le physique irréel de son vis-à-vis. Sa peau blanche et ses cheveux clairs contrastait à merveille avec ses yeux charbons pétillant et ses lèvres charnues. Son bonheur de se tenir ici avec Jihoon transparaissait par chaque pore de sa peau, laissant une impression tendre à ce dernier qui finit par sourire timidement, un peu gêné.