Les Rescapés de Salem - Tome 4: Le chasseur

Chapitre 27

Salem, mercredi 1 septembre 2021
3h, chambre du motel

La poitrine de Swann se soulève à un rythme effréné, il est dégoulinant de transpiration et ses paupières sont si lourdes de fatigue, qu'elles se ferment toutes seules. Pourtant, il lutte contre le sommeil. Il est collé au flan de Spencer et sa tête repose sur le biceps de ce dernier. Il plane, comme s'il venait de prendre une dose puissante d'aphrodisiaque. Son sang pulse dans ses temps et ses oreilles, au point de lui donner mal au crâne. Il est essoufflé, ses battements de coeur résonnent dans tout son corps. Des billes blanches dansent devant ses yeux. Il a atteint l'extase suprême.

Les doigts de Spencer caressent son épaule, avec douceur. La tendresse de ces gestes, apaise Swann et lui fait fermer les yeux, un sourire béat sur les lèvres.

- Je ne pensais pas qu'on vivrait ça à nouveau, toi et moi, confesse le noiraud, ce qui casse le calme ambiant. J'étais persuadé de retourner en taule et de ne plus te voir pendant des années.

- Moi, j'y croyais, affirme-t-il d'une voix éraillée. Il ne pouvait pas en être autrement. Pan a exaucé mes prières.

- Je devrais le remercier, avec la juge Sanders. Faudra que tu m'expliques comment faire, je n'ai jamais prié.

Le sourire de l'elfe s'agrandit. La proposition de Spencer est anodine, sûrement balancer comme une plaisanterie à ne pas prendre au sérieux, mais elle comble Swann de bonheur. Parce que son âme-soeur s'intéresse à ses croyances. Pour les elfes, c'est très intime de partager une prière. Il n'y a aucune chance que son père les laisse se recueillir auprès de l'arbre de vie de son clan. Même seul, il n'aura plus l'occasion de s'y rendre. Il songera plus tard aux conséquences de cette privation sur son état physique et psychologique, car il y en aura.

La pression de ses dernières heures, ses derniers jours, redescend d'un seul coup. Sans pouvoir vraiment l'expliquer, ses yeux se remplissent de larmes. Émotionnellement, il est épuisé. Il sent Spencer bouger, puis le noiraud le surplombe, le visage inquiet.

- Qu'est-ce qui se passe ?, lui demande-t-il. Ça va pas ?

- Si si, pardon. Je... peut-être un phénomène de chute d'hormones post-orgasme.

Spencer ouvre la bouche, mais le referme sans exprimer ce qu'il voulait dire. À la place, il a une mine contrite, presque désolée. Elle disparaît rapidement pour laisser place à un rictus rassurant, tandis que ses doigts se décalent sur la pommette de Swann. L'elfe ravale ses larmes, il n'a aucune raison de pleurer, au contraire, il a tout pour être heureux. Comme pour lui prouver, Spencer l'embrasse avec délicatesse. Le baisser détend totalement Swann, relâche ses membres, enlève le poids sur ses épaules. Il finit par soupirer de bien-être.

Son âme-soeur exerce déjà un certain pouvoir sur sa conscience. Spencer continue ses caresses pendant de longues secondes, sur tout son visage. C'est apaisant et cela chasse complètement ses pensées noires et son trouble, surgis de nulle part.

- Je préfère quand tu es heureux, murmure le noiraud. Tes jolis traits ne sont pas faits pour être soucieux.

- La semaine a été longue et éprouvante, se justifie le brun.

- Et je t'ai empêché de te reposer. Pardon.

- J'étais consentent pour tout, alors tu n'as pas à t'excuser.

- Mais je suis responsable de ton stress, remarque Spencer.

Swann penche la tête sur le côté. Il aimerait contredire l'ancien chasseur, mais ce serait un mensonge.  Il ne dort plus depuis la libération de l'hôpital. L'angoisse et la peur, le consumaient à petit feu. Tout est allé si vite, mais était si long en même temps. Sans ses amis, il se serait écroulé dès les premières heures. C'est vrai qu'il se sent submergé, accablé par le soulagement. Il a envie de se réfugier dans les bras de Spencer et ne plus jamais en sortir.