Chapitre 14

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Pines river, mercredi 18 août 2021
21h, cellule 20

Swann a été euphorique toute la journée. Il se sent différent, plus mature, même si c'est stupide à dire. Faire l'amour change un homme. Il glousse à cette pensée. La veille, il a fait l'amour avec quelqu'un, avec son âme-soeur. Ça lui procure un sourire constant, qui refuse de quitter son visage. Il est tout simplement bien. Son âme est calme, apaisée, bien qu'il soit toujours prisonnier.

Peut-être qu'il a développé un syndrome de Stockholm envers Spencer, même s'il ne s'agit pas de son geôlier. Il reste la seule personne que Swann voit et avec qui, il a un contact. Ça et aussi parce que l'humain est sa Destinée. Où est passé l'elfe qui refusait de s'attacher à son âme-soeur ? Celui qui voulait refouler le lien, l'ignorer ? À qui il voudrait faire croire qu'hier, il s'en fichait de Spencer et que c'était purement sexuel ? Ce n'est pas crédible. Il se rend compte qu'il n'a pas la force nécessaire pour lutter contre l'attraction du lien.

En fait, il a retourné sa veste et changé complètement d'avis. Il veut profiter de chaque instant, chaque occasion passée avec Spencer. Céder à cet aspect du lien n'est pas de la faiblesse. Et puis, il a trop aimé faire l'amour pour y renoncer maintenant. Son corps s'échauffe en se remémorant leur étreinte. Un frisson le traverse des pieds à la tête. Son estomac fait des pirouettes dans son ventre. L'excitation pour quelqu'un est un sentiment incroyable, qui donne des ailes, grignote son épiderme, picore sa peau comme des aiguilles et met Swann dans un état de béatitude absolue.

En parlant du loup, la porte de sa cellule s'ouvre, en même temps que le néon s'éclaire. Spencer pénètre dans la pièce, un plateau entre les mains.

- Salut, lance ce dernier en marchant.

- Sa... Salut, répond Swann dont les pommettes se colorent.

Automatiquement, voir l'homme ravive les souvenirs de la veille. Par Pan, il a couché avec cet homme magnifique, touché ce corps puissant, l'a embrassé. Son âme-soeur est aussi sexy habillé que nu. Le sourire de Swann s'agrandit.

- Tu as l'air de bonne humeur aujourd'hui, remarque Spencer.

- Comment ne pas l'être, rétorque-t-il, en jouant avec ses doigts, presque timide.

Le noiraud glousse discrètement, la tête baissée, lui aussi troublé. Ils ne vont pas faire les vierges effarouchées, pas après s'être procuré du plaisir, s'être dévoré la bouche et avoir gémi sans retenue. Swann détourne la conversation vers ce qu'a apporté Spencer. Ce dernier lui tend un plateau rempli de desserts. Heureux au possible, l'elfe récupère les victuailles et s'assoit.

- Les médecins ou les gardiens ne vont pas trouver ça bizarre que tu remontes que des aliments sucrés ?, s'inquiète-t-il.

- Ils n'étaient pas là ce soir, lui apprend l'humain en le rejoignant sur le sol. Il n'y avait personne au réfectoire.

- Où étaient-ils ?

- Aucune idée. Sûrement dans leur labo. Harrison m'a dit que Cunningham était côté pédiatrie.

Swann souffle par le nez, de façon sarcastique. C'est un grand terme pour désigner un lieu où ils séquestrent des enfants. Ces pauvres gamins ne pourront jamais avoir une vie normale, pas après avoir vécu une atrocité pareille. Même avec le meilleur suivi psychologique au monde, ils garderont des séquelles durant toute leur existence. Ils devront gérer l'abandon de leurs familles, puis l'enfermement, les différentes expériences subies. En songeant à ses enfants, le brun à le coeur brisé.

Les Rescapés de Salem - Tome 4: Le chasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant