Chapitre 38

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Salem, samedi 11 septembre 2021
8h, chambre du motel

Enfuit dans les limbes du sommeil, Spencer a le réflexe de resserrer sa prise autour du corps de Swan. Le parfum de fleurs s'infiltre dans ses narines, gonfle ses poumons de bien-être. Il pousse un soupir d'extase. C'est vraiment agréable de se réveiller avec un homme entre les bras. Son homme.

La fraîcheur sous ses doigts lui fait ouvrir les yeux. L'épiderme de l'elfe est gelé, alors qu'habituellement, sa peau est brûlante. Il tire la couverture sur eux et emmitoufle Swann à l'intérieur. Ce n'est pas normal. Son âme-soeur est de plus en plus épuisé, des cernes sont logées sous ses paupières depuis des jours et elles ne semblent pas prêtes de partir. Ses gestes sont lents, il a du mal à marcher, comme s'il ne parvenait plus à supporter son propre poids. Poids qui baisse à vu d'oeil. Il y a quelque chose qui ne va pas chez l'elfe, mais Spencer est incapable de savoir quoi.

Il a honte de dire qu'il n'a pas assez étudié l'espèce de son âme-soeur, non pas qu'à l'époque de sa formation, il savait qu'il serait - était ? -, lié à un elfe. Sa mère saurait le mal qui ronge Swann, mais il n'a pas été assez courageux pour lui avouer qu'il a un compagnon et la nature de celui-ci.

Il a trop attendu et aujourd'hui, il a besoin d'aide. Vers qui se tourner ? Alistair et Sidney, dont son pouvoir aurait été d'une grande aide, ne sont pas disponibles. Ils sont chez les parents du loup-garou à plusieurs centaines de kilomètres de Salem. L'idée ne lui plaît pas et elle plaira encore moins aux deux concernés, mais le seul capable de les aider, c'est Donovan.

Spencer a cette sensation, au fond de son coeur, que son âme-soeur est en train de mourir. Il ne laissera pas faire ça. Il refuse de perdre l'elfe. Rien que de songe à... non impossible. Cette pensée grignote son estomac de façon désagréable, lui crée un noeud au fond de la gorge et lui fait mal à la poitrine, comme s'il venait de recevoir un coup de poignard. Il a cette inquiétude depuis des jours, qui ne part pas.

Le silence du matin est dérangeant. La respiration de Swann est anormalement faible, elle a une connotation douloureuse, donne l'impression que l'elfe cherche son souffle et que c'est un exercice laborieux. Non, Spencer ne peut pas rester une minute de plus à regarder son compagnon souffrir sans rien faire. Il a besoin de conseils avisés.

Swann ne réagit pas, lorsque Spencer s'écarte. Au moment où il tend les bras vers la table de nuit, afin de récupérer son téléphone, il entend des bruits de pas devant leur porte de chambre. Sur le qui-vive, il tend l'oreille tout en prenant son arme dans le tiroir. Il perçoit deux types de pas distincts, donc il y a deux personnes.

Si c'est Mills et Olson qui ont le culot de se revenir, il leur tire une balle au milieu du front. La priorité de Spencer, c'est de protéger Swann. L'elfe est trop faible pour se défendre. Il ne s'est toujours pas réveillé et tant mieux.

Prudemment, Spencer se lève, l'arme en main. Il la pointe devant lui tout en avançant. Il mentirait s'il disait que son coeur ne bat pas la chamade d'appréhension. Il tente de rester concentré et maître de lui, en gardant un oeil sur Swann. Le protéger, coûte que coûte.

Son pistolet positionné à hauteur de son épaule, prêt à toute éventualité, il ouvre la porte de son autre main. Il écarquille les yeux, tandis que ses deux visiteurs sursautent.

- Seigneur ! Spencer Ernest Parrish es-tu en train de braquer une arme sur le visage de ta mère ?, s'écrie Michelle Parrish horrifiée, non pas d'être tenue en joue, mais de l'être par son propre enfant.

- Maman ?

C'est le seul mot que parvient à sortir Spencer tant il est abasourdi. Il observe ses parents, peinant à réaliser qu'ils sont face à lui, à Salem. Qu'est-ce qu'ils foutent ici bordel ? Il ne s'attendait absolument pas à ça.

Les Rescapés de Salem - Tome 4: Le chasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant