« 𝐽𝑒 𝑛𝑎𝑔𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑢𝑛 𝑎𝑚𝑒𝑟 𝑜𝑐𝑒́𝑎𝑛 𝑑𝑒 𝑑𝑜𝑢𝑡𝑒
𝐽'𝑎𝑖 𝑝𝑟𝑖𝑠 𝑝𝑒𝑢𝑟 𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑑𝑜𝑢𝑙𝑒𝑢𝑟
𝑀𝑜𝑛 𝑎̂𝑚𝑒 𝑒𝑛 𝑝𝑒𝑖𝑛𝑒, 𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡𝑒́𝑒 𝑑𝑒 𝑏𝑙𝑒𝑢, 𝑚𝑖𝑠𝑒 𝑒𝑛 𝑑𝑒́𝑟𝑜𝑢𝑡𝑒𝐽'𝑎𝑖 𝑙𝑎𝑖𝑠𝑠𝑒́ 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑖 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒
𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑛'𝑒𝑛 𝑔𝑎𝑟𝑑𝑒𝑟𝑎 𝑞𝑢'𝑢𝑛 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑓𝑢𝑔𝑎𝑐𝑒
𝐽𝑒 𝑙'𝑖𝑚𝑎𝑔𝑖𝑛𝑒 𝑠𝑒𝑢𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑓𝑟𝑖𝑔𝑜𝑟𝑖𝑓𝑖𝑒́𝑒, 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡;
𝑀𝑜𝑛 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟, 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑑𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑖𝑚𝑚𝑖𝑛𝑒𝑛𝑡𝑀𝑎 𝑏𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑟𝑜𝑠𝑒́ ;
𝑆𝑦𝑛𝑜𝑛𝑦𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑖𝑏𝑒𝑟𝑡𝑒́
𝐶𝑟𝑒́𝑎𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙'𝑎𝑖𝑟,
𝑅𝑒𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒́𝑒 𝑐𝑜𝑖𝑛𝑐𝑒́ 𝑠𝑢𝑟 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒 »"𝑴𝒂 𝑩𝒆𝒍𝒍𝒆 𝑹𝒐𝒔𝒆́", poème de Kim Hongjoong
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Jisung se regarde dans le miroir de sa chambre, inspectant son reflet dans les moindres détails. Passant sur son uniforme bleu marine, presque noir, s'attardant sur les boutons dorés qui brillent sous les lumières blanches des plafonniers, inspectant ses cheveux bruns difficilement disciplinés, passant très rapidement sur ses joues pleines et ses yeux noisette.
Son cœur bat à toute vitesse dans sa poitrine. En dix-huit ans d'existence, il n'a jamais fait le mur, il n'est jamais sorti sans l'accord de ses parents. Pourtant, c'est exactement ce qu'il s'apprête à faire, alors même qu'on lui a donné le titre le plus haut accessible pour un jeune de son âge à sa cérémonie de graduation et qu'on attend de lui qu'il se comporte comme un adulte responsable.
Il pousse un long soupir et chausse ses lunettes rondes à montures dorées sur son nez. Il lisse une dernière fois son uniforme, et sort dans le couloir blanc. Ses chaussures cirées claquent à chaque pas et il maudit plus que jamais le sol en plastique dur de la cité. Il garde la tête bien haute, et sourit aux rares encore debout qui le croisent en inclinant la tête. Ses mains fourmillent et il aimerait pouvoir les cacher dans ses poches. Son uniforme en est dépourvu alors il serre simplement les poings et les dessere lorsqu'il croise quelqu'un.
Il descend une volée de marches, traverse un ou deux couloirs et c'est avec soulagement qu'il arrive enfin devant les ascenseurs. Il entre dans le premier et rencontre son reflet dans le miroir en face de la porte. Une grimace se peint sur ses lèvres et il se retourne. Les boutons de un à trente brillent d'une lumière dorée et il appuie sur le numéro vingt alors qu'une voix métallique se fait entendre dans la cabine, le faisant sursauter.
"Étage numéro six, en montée. Attention à la fermeture des portes."
Son dos s'appuie contre le miroir lorsque les portes se referment et un long soupir s'échappe de ses lèvres alors que sa tête se baisse. Le sifflement de l'ascenseur qui monte vers la surface semble se propager dans sa boîte crânienne et il se met à prier un dieu inconnu pour qu'il arrive rapidement.
Ses prières sont exaucées puisque les portes s'ouvrent dans un chuintement peu agréable et Jisung sort d'un pas chancelant de l'habitacle tandis que la même voix métallique clame leur arrivé au vingtième étage.
En face de lui se trouve un énième couloir blanc avec des énièmes leds bleus au sol, et la même lumière blanche artificielle qui lui provoque des migraines à longueur de temps. Il passe à côté d'un certain nombre de portes avant d'arriver devant celle sur laquelle est indiquée "huitième jardin". Hésitant, il contemple la poignée en silence. S'il entre, la poignée enregistrera sa présence ici. Ce n'est pas qu'il n'en a pas le droit - rien n'est officiellement interdit ici - c'est juste qu'on ne s'attendrait pas à voir Han Jisung dans un des jardins, qui plus est à une heure pareille. Si ça ne tenait qu'à lui, il serait déjà entré depuis longtemps, mais la réputation est un facteur important ici.
"Je te dirai mon nom si tu m'y rejoins."
- Et puis merde.
Il ouvre la porte et pénétre pour la première fois de sa vie dans un des cinquante jardins de la cité. La première chose qu'il remarque est bien sûr la pénombre ambiante. Lui qui s'attendait à une pièce pleine de lumière comme les couloirs est pris par surprise et il doit attendre quelques minutes que ses yeux s'habituent à la noirceur. Une fois que cela est fait, il peut s'avancer prudemment entre les innombrables étagères qui se dressent jusqu'au plafond, haut d'au moins une dizaine de mètres. Le silence qui règne autour de lui l'oppresse. Lui qui passe sa vie à fuir le bruit, voilà que son absence se met à le rendre anxieux. Ses mains tremblent alors il croise ses bras sur sa poitrine, respirant du plus profond qu'il peut en continuant de s'enfoncer dans le jardin.
Ce n'est que lorsqu'un bruit étrange retentit à quelques mètres de lui qu'il de rend compte qu'il n'a aucune idée de comment revenir à la sortie. Son sang se glace dans ses veines. Il est seul, personne ne sait qu'il n'est plus dans sa chambre, il doit rejoindre un homme dont il ne connaît même pas le nom qui lui a donné rendez-vous dans un endroit où personne ne vient jamais durant la nuit, et il est perdu.
Un juron s'échappe de ses lèvres. Comment a-t-il pu être aussi idiot ? Il s'est jeté tête baissée dans un piège, c'est sûr.
Apeuré, il recule jusqu'à ce que son dos rencontre une étagère et jette des regards circulaires autour de lui, cherchant vainement de quoi se défendre.
C'est là qu'il les entend : les pas. Quelqu'un vient. Non, deux personnes viennent, voir trois, Jisung n'est pas sûr.
Il se recroqueville contre son étagère, sa main attrapant à tâtons ce qui lui semble être un pot en plastique et l'empoign à deux mains. Il a conscience que son arme de fortune ne va pas faire grand-chose, mais à ce moment précis, son précieux cerveau dont tout le monde loue les mérites a cessé de fonctionner correctement, aveuglé par la paranoïa.
Il sent une larme couler le long de sa joue et cligne des yeux rapidement.
- Han ?
Il ne reconnaît pas cette voix. Les battements de son cœur s'accélèrent.
- Han Jisung ?
Ses jambes tremblent alors qu'il aperçoit une lumière à une ou deux rangées de la sienne.
- T'es sûr que t'as entendu quelque chose, Min ?
- La porte était ouverte, c'est forcément lui.
Si Jisung avait été un peu plus alerte, il aurait reconnu la voix de son inconnu. Tout ce qu'il entend, ce sont des gens qui le cherchent. Alors ses dents se mettent à claquer.
- Je crois qu'il y a quelqu'un au fond...
- Han ?
Jisung ne voit rien, sa vision est brouillée par les larmes, il agite vainement son pauvre pot devant lui en tentant de refréner les sanglots qui pointent au fond de sa gorge.
- C'est lui ?
- Bien sûr que c'est lui. Han ? Han Jisung ? Tu m'entends ?
- Qu'est-ce qu'il a ?
- On aurait dû l'attendre devant. Je vous l'avais dit.
- Ça va Solar. Pas la peine de te la ramener.
- Je t'emmerde Changbin.
- Mais taisez-vous tous les deux ! Jisung ? Tu veux bien lâcher ce pot ? T'es en train de te faire mal.
- Il est tout blanc.
- Ouais... Minho t'es sûr qu'il ne vaudrait pas mieux-
- Oh merde. Il s'est évanoui là ?
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La Dépressurisation Des Âmes // Minsung
FanfictionAssis à même le sol, il a la tête appuyée contre une vitre, les yeux clos et les genoux ramenés contre son torse. Il paraît si petit à côté de l'immense fenêtre donnant sur le rien. - Un écureuil sous l'eau, dit l'homme d'une voix grave. Voilà quelq...