MÉDUSA - LA VENGEANCE

Chapitre 2

Il est à peine onze heures, lorsque j'arrive dans ma loge. C'est aujourd'hui qu'a lieu l'interview de Joshua Barking pour le JT. Pour l'occasion j'ai enfilé un pantalon en coton marron ainsi qu'un gilet en maille beige où l'une des manches tombe sur mon bras laissant apparaître un bout de mon épaule. Je réajuste mes boucles blondes qui s'étalent sur ma poitrine, puis je sors mon gloss fétiche de mon sac pour en appliquer une couche généreuse sur mes lèvres. Je recule, en regardant le résultat dans le miroir. Mes yeux verts sont simplement mis en valeur par un fin trait d'eye-liner et du mascara, et je ne porte que de l'anti-cerne pour cacher ma nuit chaotique. Hors de question que je paraisse fatiguée à la télé.

Quelqu'un frappe à la porte, et lorsque j'ouvre celle-ci, je découvre Willy l'air désolé plaqué sur son visage rond. Je le laisse rentrer alors qu'il consulte sa tablette avant de porter son regard sur moi, en soupirant.

— Joshua a eu un empêchement et il ne pourra pas t'interviewer aujourd'hui. La bonne nouvelle, c'est que quelqu'un d'autre va le faire à sa place.

Je hoche la tête, légèrement déçue. Je ne laisse rien paraître, alors que Willy m'explique que celui-ci a attrapé une angine et que ce sera la directrice du JT, qui le remplacera. Une certaine Théana Perez, très gentille selon les dires de mon agent.

— Tu es prête ? me demande-t-il.

Je replace mes cheveux correctement sur mes épaules, souffle et fais le vide dans ma tête oubliant les événements d'hier soir et de ce matin. Je ne dois rien laisser paraître, je dois juste être parfaite et répondre correctement aux questions de Théana Perez.

— Oui. Allons-y.

Nous déambulons dans les couloirs bondés de techniciens, maquilleurs, coiffeurs et cadreurs. Tout le monde ici semble débordé, pressé et sur le qui-vive. Je finis par arriver devant le plateau où se dresse une grande table en verre. En face de celle-ci se tient une femme de dos, dont les cheveux bruns bougent sur ses épaules. Je ne vois pas son visage, pourtant je peux d'ores et déjà deviner que cette femme est tout simplement sublime. Je n'ai qu'à regarder sa posture parfaite, droite et à la fois élégante. Ses vêtements de marques ne viennent que sublimer sa silhouette avec une certaine grâce et ses longues jambes qui brillent sous la lueur des nombreux éclairages.

Lorsqu'elle se retourne, les mains liées élégamment, mon souffle se coupe. Ses yeux aussi noirs qu'une nuit sombre et orageuse, me fixent sans vergogne, prêts à me tuer. Son sourire factice m'est adressé alors qu'elle prononce mon nom sans jamais me lâcher du regard.

— Médina Carter, la nouvelle présentatrice du New-York Show nous fait l'honneur de répondre à nos questions dans la demi-heure star.

J'inspire un grand coup en faisant claquer mes talons sur le plateau. Je m'installe sur la chaise en velours blanc, en face de Théana Perez qui vient elle aussi de s'asseoir, toujours avec joliesse.

— Oh, lâche-t-elle. Vous êtes beaucoup plus habillée, qu'hier soir.

Mon sourire qui était jusque-là présent sur mes lèvres manque de faiblir. Sa phrase déjà peut aimable est superposée au ton de sa voix extrêmement sec. Je reste plusieurs secondes sans trouver quoi dire, puis j'ose lui faire remarquer :

— Oui. Comme vous l'avez très bien commenté tout à l'heure en présentant la météo, il fait beaucoup plus froid aujourd'hui.

Pas peu fière de moi, je jubile intérieurement alors qu'elle serre les dents, toujours en me fusillant du regard. Je peux à travers celui-ci deviner aisément sa force et sa dangerosité, mais pas que. Je ressens les mêmes sensations désagréables lorsque Polo et...—je ne connais même pas son prénom— sont dans les parages. Mon corps est en alerte, prêt à se défendre, à encaisser je ne sais quoi, sans que j'arrive à comprendre ce qu'il se passe.