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Au beau milieu de la nuit, je suis réveillée par une vive douleur pelvienne. Oh non non, c'est pas possible je peux pas avoir mes règles maintenant ? J'ai au moins quatre jours avant le début de mon prochain cycle compte tenu des données de mon calendrier.

Pour couronner le tout, je sens que du liquide coule lentement sur mon entrejambe. Merde ! Tout, mais pas ça ! Je soulève la couette prudemment et sors petit à petit du lit pour ne pas réveiller Dallan. J'attrape mon téléphone sur sa table de chevet et active la lampe torche pour vérifier l'état du drap. Mince, il y a une tache de sang de la taille d'un calot sur son drap ! C'est pas vrai pourquoi il a fallu que ça m'arrive maintenant ? Ce n'est pas possible d'être aussi poisseuse ?

Bon Mahuna, ressaisis-toi, on a plusieurs solutions qui s'offrent à nous.

Faire comme si de rien était et se rendormir.

Non, je ne peux pas faire ça. Plus j'attends, plus la tache sera difficile à retirer. Ce n'est pas hygiénique et pas juste pour Dallan.

Réveiller Dallan et lui faire croire que je suis en train de me transformer en vampire ?

Ça n'a aucun sens et c'est impossible.

Essayer discrètement de te débarrasser de la tache toi-même.

J'opte pour la dernière idée et file en catimini à la salle de bain chercher du papier mouillé et un peu de savon.

En revenant je vérifie le sommeil de mon hôte en priant de toutes mes forces pour qu'il soit plus lourd que le mien. J'écarte la couverture et me met à frotter la tache moyennement fort pour éviter de faire du bruit. Malgré la vigueur croissante que j'applique à la faire disparaître, rien n'y fait.

— Mahuna ? Qu'est-ce... tu fous quoi ? Dans un élan de panique, je m'immobilise dès que j'entends le son sa voix pratiquement endormie.

— Euh rien... t'inquiètes, tu peux te rendormir ! Il se retourne pour récupérer et enfiler ses lunettes et pose ses yeux sur ce qu'éclaire mon flash.

— C'est quoi ça ?

— Euh...

— T'as tes règles ? Si je pensais ressentir de la honte il y a quelques instants, ce n'est rien comparé à ce me provoque, ces mots sortants de sa bouche.

— Oui, mais je te jure que je ne l'ai pas fait exprès j'étais pas censée les avoir avant mercredi et je n'ai jamais plus de deux jours d'avance je ne comprends pas ce qu'il s'est passé et t'inquiètes, je suis en train de nettoyer. Sans prendre de pause, je déverse mon discours à toute allure, tandis qu'il se lève tranquillement et me dépasse pour rejoindre l'interrupteur, puis son armoire. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il fait, jusqu'à qu'il en sorte un ensemble de jogging noir et me le tende.

— Tiens. Tu peux aller te changer dans la salle de bain, tu trouveras ce qu'il te faut dans le tiroir à gauche du lavabo, celui où il y a écrit "maman". Si t'as besoin j'ai des médocs dans ma table de chevet. T'as des sous-vêtements de rechange ?

— Euh oui...

Je suis subjuguée par son flegme. Comment se fait-il que je sois plus nerveuse que lui ? C'est impossible qu'il y soit habitué, il n'y a pratiquement que des hommes autour de lui et Liah est bien trop jeune pour avoir déjà été confronté à ce genre de situation ?

— Alors vas-y, je vais m'occuper du lit.

— Non, c'est pas à toi de le faire, c'est ma faute.

— Écoute Coco, soit on reste là à perdre du précieux temps de sommeil en se disputant, soit pour une fois, tu me fais confiance et tu arrêtes de t'entêter.

— Je suis vraiment désolée...

— Ce n'est la faute de personne et c'est pas grave. Tu vas t'occuper de toi et moi du lit, okay ?

— T'es sûr que je peux pas t'aid...

— Roh la la mais c'est pas vrai, dégage ! rit-il en faussant un mouvement de coup de pied.

Je finis par capituler et prends le nécessaire dans mon sac avant de le laisser dans la chambre.

C'est drôle j'aurais mis ma main à couper que Dallan réagirait autrement s'il avait dû être confronté à cette situation. Du genre "Ah c'est dégueu" ou "Oh non, il a fallu que tu deviennes une femme dans mon lit". À l'inverse, il s'est montré très compréhensif et patient, des qualités que je lui découvre étrangement attirantes. Mon père a raison quand il disait "On ne mesure pas la valeur de quelqu'un à taper du poing, mais à propager le bien autour d'elle" Dallan me fait beaucoup de bien.

Je finis mes affaires et roule en boule les vêtements usagés, prend deux comprimés de paracétamol, retourne à sa chambre. Il n'y est pas et je constate que le drap que j'ai sali non plus. Il a retiré toute la parure de lit et l'a remplacé avec une nouvelle en moins de deux. Combien de temps ai-je passé dans la salle de bain ? Je n'ose pas m'asseoir sur son lit et choisis plutôt le bord de la chaise de son bureau.

— Pourquoi tu ne t'es pas recouché ? me demande Dallan en rentrant dans son sanctuaire avec une petite bouillotte dans les mains.

— Rien... Je t'attendais... Tu as froid ?

— Non, j'ai lu quelque part, que la chaleur pouvait réduire l'intensité de la douleur des menstruations. À moins que ce soit bidon et que je vienne de me ridiculiser en essayant de t'impressionner ?

Il a essayé de m'impressionner ?

— Non, c'est vrai, merci.

— On devrait se recoucher. Liah se lève tôt et elle n'en a rien à cirer si on manque de sommeil ou pas. Les seules choses qui la maintiennent de bonne humeur sont ses dessins animés qui commencent bien trop tôt et les sucreries.

Nous nous replongeons dans les draps et il me passe la bouillotte.

— Et j'ai des protège-matelas en plastique. Donc tu n'as pas à avoir peur de tacher quoique ce soit. Je n'y avais pas fait attention avant mais maintenant qu'il le dit, j'entends le frottement sec de la matière.

Comment fait-il ? Comment fait-il pour être aussi prévenant ? Et surtout, comment ai-je fait pour ne pas le remarquer plus tôt ?

Head & Heart : 1. Géante Bleue 💙 (OEUVRE PROTEGEE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant