L'ILE ROUGE | T1

08. Divine Cleo

Motel, Manhattan
9am

𝙹𝚒𝚖

Merde, il manquait plus que ça.

Mes yeux remontèrent de ses jambes nues à sa poitrine généreuse enfermée dans mon tshirt favori des Falcons d'Atlanta. Lorsque j'atteignis enfin son visage, je ne pouvais plus reculer en arrière. J'étais foutu...

— Ben alors JJ ? Tu dis plus bonjour à ton ex préférée ?

Elle se tenait sur l'encadrement de la porte avec ce putain de regard qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de ressortir à tous va. C'était toujours la même chose entre nous deux. On se quittait pour mieux se retrouver. Une sorte de rituel qui durait depuis déjà cinq ans. Une mauvaise habitude dira-t-on ; c'était toujours le mal qui prenait du temps à s'effacer.

— Cleo ! Chéri ! Si tu savais à quel point tu m'avais manqué ! Dis-je en souriant en coin, toujours ma cigarette coincée entre mes lèvres.

Elle ricana alors que ses pommettes couleur miel s'imprégnaient des premiers rayons du soleil. Une chose était sûre, cette nana ne fanera jamais. C'était peut-être ça qui me rongeait le plus à chaque fois que l'on se recroisait ; songer à l'idée qu'elle continuait de vivre sans que je ne sois une partie intégrante de son existence. Je l'aurais mieux vécu si elle en avait bavé. Mais Cleo restait Cleo et elle ne m'aurait jamais laissé jouir un seul instant de la voir en position de faiblesse.

— Je te trouve un peu pâle, Miller serait-ce le fait d'être loin de moi qui te rend tout triste, mon minet ?

— Oh...tu ne peux pas savoir à quel point.

Quand elle venait me voir en petite tenue, je savais qu'elle me préparait toujours quelque chose de croustillant. Alors j'en profitai en devinant ce qu'elle me réservait cette fois de pire. Avec Cleo il fallait s'attendre à tous, question vengeance elle aimait sortir le grand jeu.

— Alors je commence par quoi ? Elle s'arrêta face à moi de sorte à ancrer ses deux grosses billes d'un noir vibrant dans les miennes. J'aimais quand elle faisait ça ; personne ne le faisait aussi bien qu'elle.

Réussir à apprivoiser chacun de mes sens.

— Donne-moi ce que t'as de plus dingue, j'aime quand tu réussis à me mettre sur les nerfs...

Un sourire satisfait délia sa bouche rosé. Ici, à quelques centimètres de moi, ses cheveux volumineux prirent une couleur ambrée à la lumière du jour. C'était un spectacle qui ne cessait de m'émerveiller. Quand sa touffe entourait royalement son visage de barbie, tout semblait à chaque fois surréaliste. Elle devenait divine. Une déesse au cœur terriblement démoniaque. Cette nana était décidément imprévisible, sauf pour moi.

Cleo grimaça en levant les yeux au ciel, l'air de vouloir chercher les mots idéals pour entamer son récit. Je me fis violence pour ne pas céder à la tentation de son parfum envoûtant. La rose : la fleur la plus cruelle qu'on aurait pu créer sur cette terre.

— Mmh, voyons voir, commença-t-elle en s'éloignant finalement de moi pour attraper sa robe noire en satin sur le sol.

Ainsi que son string accrochée au téléviseur. Des questions concernant la soirée d’hier –qui devait être des plus mouvementée– me revenaient, mais je me ravisai quand elle poursuivit :