12. Pas de retour en arrière

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Ce chapitre est assez long et il contient des spoilers importants pour les livres ! @Osami7 j'ai emprunté ton idée de contes de la Grand-mère édentée comme clin d'oeil à l'univers partagé. J'espère que c'est ok :))


Il avait commencé à neiger pendant la soirée. Le sol était désormais recouvert d'une couche de poudreuse blanche. Louis marchait, seul, les yeux perdus dans le vide, mais le pas déterminé. Dans l'une de ses mains, le miroir d'oubli brillait à la pâle lumière de la lune.

Il arriva à l'entrée brumeuse du labyrinthe des Bannis. Et pendant un moment, il hésita: il tourna la tête pour vérifier qu'il était bien seul. Mais en réalité, il aurait aimé que quelqu'un vienne l'arrêter. Julius, qui était si pragmatique, ou Robin qui lui aurait fait savoir qu'il faisait une connerie phénoménale. Armance l'aurait giflé sans hésiter.

Il secoua la tête pour faire disparaître ces pensées. Il faisait cela pour eux. Pour le royaume entier. Et puis il avait fait une promesse à Aubéline: pas de retour en arrière. Il s'accrocha à cette phrase pour se donner du courage.

Il attendit dans le froid mordant pendant un moment. Enfin, il entendit les pas rapides et le souffle court d'un jeune garçon. Louis se fondit dans l'ombre du labyrinthe. Eloi surgit de derrière une haie. Son arbre doré sans branches éclairait faiblement son visage et ses yeux verts qui fusaient, inquiets, d'un côté à l'autre des hauts murs de ronce.

"Camille ? le jeune garçon appela. Tu es là ? J'ai reçu ta lettre.

— Par ici" dit Louis juste assez fort pour que le Prétendant l'entende.

Le visage du garçon se peignit de soulagement avant d'être illuminé par l'éclair argenté que projeta le miroir d'oubli que le pré-Elitien avait levé vers lui. Il se frotta les yeux puis, confus, observa l'ombre qui se détachait de la haie de ronces.

"Louis Serra ? demanda-t-il, encore ébloui par l'éclair. Où est Camille ? Que s'est-il passé ?

— Camille n'est pas ici. C'est moi qui t'ai demandé de venir."

Eloi se dandina d'un pied à l'autre, visiblement mal à l'aise.

"C'est à cause d'Armance ? Je lui ai promis de ne rien dire de ce que j'ai vu la dernière fois au château, pas besoin de...

— Ce n'est pas Armance qui m'envoie non plus.

— Alors c'est mon épreuve ? Son ton devenait de plus en plus aiguë. Je sais que cambrioler le bureau du directeur était une très mauvaise idée, mais...

— Eloi, calme toi." l'interrompit Louis.

La détresse croissante du Prétendant rendait le pré-Elitien nerveux. Et c'était un sentiment qu'il ne pouvait pas se permettre. Il serra sa poigne sur la manche du miroir d'oubli pour rester présent dans le moment, se concentrer sur sa forme, jusqu'à ce que les reliefs tranchants de l'objet lui blessent la paume.

"J'ai un service à te demander."

                        *

Aubéline Bois-de-Rose, quel est ton premier souhait ?

Les mots de brume inquisiteurs flottaient sur la surface lisse. Une lueur verte dansait dans le fond du miroir. Aubéline tenait sa main blessée, les gouttes de sang produisaient un léger ploc quand elles atterrissaient au sol.

Elle prit quelques grandes inspirations pour reprendre ses esprits. La douleur l'aidait à se concentrer. La peur aussi s'était calmée. Aubéline se sentait étrangement sûre d'elle. Elle n'avait pas pris le temps de bien réfléchir à ce qu'elle souhaitait voir. Mais ça lui vint facilement, comme une évidence. Elle fit un pas vers la glace et dit:

Le chant des Chrysanthèmes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant