Une note de fantaisie

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Témoignage recceuilli en décembre dernier auprès d'un ami :

" ça fait vraiment mal de savoir que ta propre famille ne t'accepte pas"

"j'ai pensé plusieurs fois à faire une bêtise évidement"

"maintenant j'ai réussi à surmonter tout ça, mais ce n'était pas gagné d'avance"

Une note de Fantaisie :

J'écoute mon mp3 en attendant le train. Ce train qui m’emmènera loin de ma ville natale, loin de mes problèmes. Ce véhicule me conduira vers un avenir nouveau, un futur qui, dans ma tête, reste brumeux. Je ne sais pas où je vais mais c'était ça ou le suicide.

Je ne pense pas avoir fait le bon choix, loin de là. Me supprimer aurait été plus simple. J'ai tenu à regrouper des objets qui me sont chers avant de partir, dont ma guitare. Ma beauté, ma chance, tout mon espoir est concentré dans cet objet qui me suit partout depuis mes douze ans. Elle au moins, ne me quittera jamais, pas comme les autres...

Tout le monde m'a abandonné, mes amis, même les meilleurs et ma famille. Pourquoi ? C'est tout simple. J'ai fait une bourde, le genre qu'on ne peut pas réparer à moins de pouvoir se métamorphoser. Je me concentre sur les quelques accords qui composent ma chanson préférée, puis je regarde autour de moi. J'aperçois une grand-mère et un petit chien, une famille, des gens seuls, des couples, des amis qui sourient. Les amis. C'est important, ils me manquent tous énormément, mes anciens amis, ma famille aussi me manque mais moins. Ils m'ont tous fermé leurs cœurs. Il faut dire que je ne suis sans doute pas leur idéal, surtout maintenant. Je ne suis pas comme le reste de ma famille, je ne croie pas en leur Dieu, ni en leurs valeurs. Dans ma « famille » j'étais l’intrus, ma pièce que l'on arrive pas à placer dans le puzzle. Ma mère m'appelait leur « note de fantaisie ». Mes amis ont réagit moins brusquement, petit à petit ils ont trouvé des raisons pour arrêter de me côtoyer. Ils on commencé par me poser des lapins, ils avaient « trop de devoirs » ou bien ils « allaient chez leurs grands parents », tous les week-ends et à la moindre de mes invitations. Bien sur j'ai fini par arrêter d'y croire, mais c'était trop tard. Je pensais qu'ils comprendraient, qu'ils m'épauleraient. J'ai eu tort. Point. Tort de leur faire confiance, de les avoir excusés. Je ne cessais de me ressasser le même dicton : l'espoir fait vivre. Pas dans mon cas. L'espoir ma plutôt aidé à ne pas sombrer plus vite. Une fois que j'ai su, j'ai eu l'impression de me prendre un éclair en plein front. Je n'ai pas réussi à encaisser. Tant de choses en même temps... C'était trop dur de rentrer chez moi tous les soirs, de sentir des regards hostiles se poser sur moi quoi que je fasse. Mon seul moment de répit, c'était le nuit. Quand tout le monde avait fermé les yeux. J'ai commencé à en profiter, à sortir, à traîner avec ma guitare sur le dos. Souvent je m'arrêtais pour jouer à la lumière de la lune. Je contemplais le ciel en habit de diamants, je me sentais bien.

Jusqu'à ce que mon père se rende compte de mes escapades, il a changé toutes les serrures de la maison et bloqué toutes les fenêtres. J'étais piégé. Cependant j'avais toujours mes cahiers de dessin, alors je dessinais des anges aux formes propres à me faire rougir, j'écrivais mes sentiments, mes ressentis, même ceux que je n'aurais jamais osé dire à qui que ce soit. Ils ont fini par découvrir cette autre source de plaisir, ils me l'ont retirée. Alors j'ai continué à m'exprimer par ma musique. Ils m'ont pris ma guitare, ma musique, mon espoir. S'en a été trop, mes nerfs ont lâché. J'ai fait mes bagages. Avec un pince j'ai brisé tous les cadenas qui retenaient mes affaires, ma guitare, ma musique, j'ai libéré mes rêves. J'ai toute ma vie dans un sac, qui gît à mes pieds. Tout ce qui compte encore pour moi est là. Le train arrive. Je mets mon sac sur mon dos, je fais quelques pas. Jusqu'au bord du quai. Aujourd'hui je m'en vais. Parce que je suis gay. Je suis la « note de fantaisie » qui entache le paysage que voudraient contempler les autres. J'ai fait une seule bourde, j'aime les garçons. Le train se rapproche, je fais un pas. J'avais raison. Me supprimer fut facile.

TeenWhere stories live. Discover now