La nuit tombait tout juste sur la colline des rois lorsque le coursier d'Erebor franchit le mur d'enceinte d'Edoras.
La garde de nuit venait de relever Hamá et ses troupes, mais voyant arriver des étrangers, le capitaine de la garde royale vint à leur rencontre. Leurs armes leur furent réquisitionnées et leur cheval mené aux étables.
Il était tard. Le soleil rivalisait encore avec la lune, se partageant le ciel, mais perdait peu à peu du terrain.
Le roi s'apprêtait à passer à table et fut mécontent d'apprendre qu'il devrait recevoir des visiteurs. Faisant bon gré mal gré, il consentit à leur accorder un entretien à la condition qu'il fût bref.
La route avait été longue et les deux voyageurs n'attendaient qu'une chose avec hâte, pouvoir enfin se coucher dans un vrai lit. Cela aurait pu se faire, si l'air dans les halles de Meduseld n'avait pas été si asphyxiant.
Tout le monde les dévisageait. Allant de la servante dans le coin de la pièce faisant mine de regarder ailleurs, aux soldats montant la garde devant les portes jusqu'à l'homme assis aux pieds du trône. Murmures et chuchotements les enveloppèrent, les guidant pas à pas vers le roi.
Ce que Tharia ne savait sans doute pas, c'est que cela faisait bien des lunes que le Rohan n'avait plus reçu d'émissaires, pas depuis le cavalier noir.
Le dernier visiteur avait été un vieil homme à la longue barbe blanche et au regard fou. Il resta à peine le temps de voler l'un des plus beaux pur-sang du seigneur de la Marche, avant de s'enfuir avec hâte dans l'ouest. Le roi Théoden était entré dans une telle fureur qu'il avait voulu envoyer ses Eored à sa poursuite.
Cela n'empêcha cependant pas Fenrir de s'adresser au roi des halles dorées avec une désinvolture polie par les années et attisée par l'obstination des nains. Il prit la parole d'une voix forte et assurée, bombant le torse et croisant les bras.
_J'ignorais que la maison du roi Théoden n'accordait plus aucune audience. Voilà bien longtemps que les messagers d'autres contrées ne sont plus venus ici. On raconte que le roi n'est plus que l'ombre de lui-même et que l'or de Meduseld n'a jamais été aussi terne.
L'homme aux pieds du trône ouvrit la bouche, s'apprêtant à défendre l'honneur de son suzerain mais ce dernier l'en empêcha d'un geste de la main.
_Je n'ai que faire des racontars. Parlez sans détour nain, pourquoi êtes vous là ?
La jeune femme posa une main sur l'épaule de son gardien avant d'avancer d'un pas, inspirant profondément. Elle s'était préparée à ce moment durant ces trois derniers mois, elle avait été envoyée au Rohan pour cette raison et pourtant, elle ne pouvait étouffer la nervosité qui grandissait en elle. Essuyant discrètement ses mains sur sa tunique, elle rassembla toute l'assurance qu'elle pouvait manifester et commença.
_Mon nom est Tharia, et j'ai été envoyée par mon seigneur Fíli d'Erebor dans l'espoir de conclure un accord commercial avec le grand royaume du Rohan.
_Votre bon roi doit donc savoir que le Rohan ne commerce que peu avec le monde extérieur, quelle est votre offre ?
_Le royaume d'Erebor est, comme vous le savez sûrement, situé au Nord-Est de ce monde. Là-haut, le froid et les dragons ont anéanti le peu d'herbe fraîche que nous possédions. Chaque année, nos frêles poneys meurent de ces conditions. Nous espérions donc pouvoir obtenir quelques-uns des robustes chevaux du Rohan contre un bien de votre choix. Un échange en quelque sorte, votre prix sera le nôtre.
_Rien au fond de votre sinistre montagne ne saurait égaler la valeur de mes pur-sang.
L'ombre assise auprès du vieux roi se redressa et humecta ses lèvres. Il intervint alors, corrigeant son souverain d'une voix qui glaça Tharia jusqu'au sang.
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Into the Horselords' land
Fanfiction"Des prés et de l'herbe à perte de vue, pas une montagne découpant le ciel; le bleu de ce dernier et le camaïeu de vert de la terre paraissaient se mêler. Du moins c'est ce qui semblait se passer aux yeux non-initiés de Tharia." Et si le prince Kili...