Quelles étaient les chances pour que Harry Potter se retrouve enfermé dans un placard à balais en compagnie de Drago Malfoy de son plein gré ? Nulles. Totalement nulles. Vous lui auriez demandé il y a 5 ans, il y 5 mois, ou même il y a 5 minutes, le Sauveur du monde sorcier vous aurait envoyé à Sainte Mangouste dans la minute. Et c'était toujours le cas. C'est bien pour cette raison que ce n'était pas en train d'arriver, et que Harry ne planifiait nullement que cela ne se produise.
Certes la fin de la guerre entraînant des procès à répétition et permettant la reconstruction lente de chacun avait rendus leurs rapports plus cordiaux, ce qui n'est pas peu dire, mais de là à complètement effacer le passé pour subitement devenir les meilleurs amis du monde, il y avait un grand pas. Et Harry si n'avait jamais été très souple, le Quidditch l'avait rendu raide comme un balai.
Pourtant, l'idée ne cessait de lui revenir en tête.La première fois qu'il y avait pensé, c'était par la faute d'une Hermione ayant un peu trop bu de whisky pur feu, et qui déblatérait des idioties sans queues ni têtes pendant que son ami s'efforçait de la faire asseoir afin qu'elle puisse boire de l'eau et se calmer. Il faut dire qu'une Hermione bourrée n'est pas de tout repos. Elle avait la fâcheuse envie de tout contrôler (encore plus que d'habitude), et s'entêtait à vouloir découvrir à qui Harry pensait quand il avait le regard dans le vide. Elle s'était mis dans la tête qu'il s'agissait de l'heureux.se élu.e du cœur de l'élu et ne supportait pas de rester dans l'ignorance que son identité. Au point où Harry en était venu à sérieusement considérer l'option d'inventer quelqu'un, juste pour la satisfaire.
En effet, il n'y avait point d'élu.e de son cœur. Il pensait à sa vie, à son utilité et remettait tout ce qu'il savait en question. Il avait été utilisé, humilié, son nom avait été bafoué, puis on l'avait félicité, remercié et vénéré alors qu'il ne cherchait que l'invisibilité.
Toujours est-il qu'Hermione, dans ses déblatérations, laissa échapper qu'il pouvait tout aussi bien de s'enfermer dans un placard avec Malfoy, elle ne le saurait jamais parce qu'Harry ne lui disait jamais rien qui touchait à sa vie sentimentale, sauf quand il avait besoin d'aide pour quitter Ginny, et que si c'était ça l'amitié et bien ça lui allait parfaitement, qu'elle se débrouillerait à l'espionner pour savoir qui il voyait en cachette. Malgré le léger paradoxe des paroles de son amie, Harry avait reçu le message et prenait dorénavant sa cape d'invisibilité avec pour chacun de ses déplacements. Il n'avait pas besoin qu'Hermione le harcèle de questions sur ses « occupations louches », merci bien. Rita Skeeter remplissait déjà le rôle à la perfection. Cette conversation s'était déroulée peu de temps avant la rentrée scolaire de leur huitième année.
La deuxième fois qu'Harry avait pensé à s'enfermer avec son ex-pire ennemi avait été lors de ladite rentrée, lorsqu'il vit Malfoy pour la première fois depuis son procès, soit plus d'un an auparavant.
Après une journée un peu particulière début mai, Minerva McGonagall avait immédiatement été nommée directrice de Poudlard. Sa première tâche avait été de reconstruire le bâtiment, avec l'aide des professeurs restants des employés du ministère compétents et des volontaires. Harry n'y avait pas pris part.
Même s'il aurait aimé aider, il y avait là trop de souvenirs douloureux.
Il s'était vu offrir une place en tant qu'Auror, par Robards, le chef du bureau, mais avait refusé, préférant l'obtenir pour ses compétences et non pour son nom. De toute façon, Harry n'était plus certain de vouloir être Auror. Parfois, il n'aspirait qu'à une vie paisible, sans combats, où il pourrait profiter pleinement de chaque journée. Il envisageait d'essayer d'apprendre véritablement les potions. Peut-être qu'en changeant de professeur, l'apprentissage se ferait plus facile. C'était aussi une manière de rendre hommage à Severus Rogue, une dernière fois.
Lorsque Kingsley Shaklebolt, nommé Ministre de la Magie pour assurer l'intérim avant de nouvelles élections, avait annoncé le début des procès visant à désigner un nécessaire coupable, Harry en avait profité pour exiger que l'on remette la légion d'honneur à son ancien professeur et protecteur. Il s'était aussi battu pour redorer le nom de son parrain, aidé par les anciens membres de l'Ordre du Phoenix.
Puis, il s'était terré chez lui, ne pouvant supporter ni les regards d'admirateurs trop poussés, ni les rencontres avec la Gazette du Sorcier à chaque coin de rue. Il n'était ressorti qu'au milieu de l'été, à l'occasion du procès de la famille Malfoy au grand complet. Il avait longuement réfléchi au sort de sa Némésis et, avec l'aide inconditionnelle d'Hermione, il était parvenu à préparer une défense fiable et réfléchie pour Drago et sa mère.
Le cas de Lucius était plus épineux. Harry ne pouvait concevoir de le défendre, pas alors qu'il avait tenté de le tuer – sans compter son rôle dans l'ouverture de la Chambre des Secrets – mais ne souhaitait pas non plus la séparation de la famille. Il ne connaissait que trop bien la douleur d'être orphelin et ne voulait pas l'infliger à Malfoy. C'est pourquoi, il avait préféré laisser le choix au Magenmagot. S'il n'avait pas toujours été très juste du temps où Dumbledore le présidait, Harry avait toute confiance en Amélia Bones pour faire régner l'équité.
Et effet, la peine du patriarche avait été réduite grâce à l'impact de sa femme et de son fils dans le dénouement de la guerre. Lucius était consigné à résidence jusqu'à nouvel ordre et devait être accompagné d'un Auror pour tous ses déplacements. On avait aussi installé un traçage sur sa magie et sa baguette, mais il n'en était pas privé pour autant. Narcissa avait été exemptée de toute punition mais passait tout de même le plus clair de son temps au Manoir. Drago, quant à lui, s'était vu dans l'obligation de finir ses études à Poudlard sitôt que l'école serait reconstruite et sa magie avait été tracée jusqu'à la rentrée scolaire.
Pendant près d'un an, l'école avait été reconstruite, mur par mur, pierre par pierre. Certes la magie rendait le tout plus rapide mais le professeur McGonagall voulait s'assurer que tout était parfait avant d'ouvrir de nouveau les portes de l'ancestral château. Quand ce fut enfin possible, il y avait beaucoup plus d'élèves que d'ordinaire puisque deux générations de premières années faisaient leur entrée dans le monde magique et que les anciens septièmes années revenaient, pour les volontaires tout du moins.
C'est donc lors de la rentrée qu'Harry avait revu Malfoy pour la première fois depuis son jugement. Il fallait se l'avouer, Harry ne s'attendait pas à grand-chose. Il se doutait qu'avec la guerre Drago aurait changé, comme eux tous, mais ne s'était pas projeté plus que cela. Pourtant, en revoyant son rival de toujours, il avait eu un choc.
Les deux garçons s'étaient croisés dans le Poudlard Express, chacun cherchant un compartiment de libre. Ils étaient seuls, dans ce long couloir vide. Ils s'étaient fixés un long moment, ne sachant comment agir, avant que Malfoy ne le gratifie d'un hochement de tête accompagné d'un « Potter » et ne poursuivre son chemin. Son homologue l'avait regardé partir, hébété.
Si physiquement le jeune homme blond n'était pas tellement différent, il dégageait quelque chose de beaucoup plus sombre qu'avant. À son air aristocratique et son masque de glace s'ajoutait une lueur indéfinissable au fond de ses yeux, à la fois éteinte et moqueuse, je m'enfoutiste mais prêtant intérêt à tout ce qui l'entoure.
Après avoir retrouvé Hermione dans leur compartiment, il repensa à ce qu'elle lui avait dit quelques jours plus tôt. Dire que son ami l'avait plutôt pris comme une suggestion ne serait pas mentir. À défaut d'avoir un placard sous la main, une cabine aurait fait l'affaire.
Harry ne savait pas précisément ce qui avait changé, cependant les faits était indéniables, Drago Malfoy était devenu encore plus attirant.
Mais c'était trop tard. Malfoy était reparti de son côté, et lui du sien.
Jusqu'à leur prochaine rencontre.
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Say My Name
FanfictionAprès leur retour à Poudlard, Hermione et Harry se voient confrontés à la nouvelle lubie du professeur McGonnagall : rapprocher les maisons. Forcés de passer du temps avec nul autre que Drago Malfoy, qui cédera le premier ?