Le premier jour des soldes (3e)

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Bonjour/soir(/nuit ?) ! Cette rédaction est un peu spéciale parce que c'était la première que je faisais vraiment sur table, et aussi parce que c'était celle du premier brevet blanc (dans le collège où j'étais, ils en font deux). On parlait de la société de consommation dans le sujet, alors pour les rédactions, on pouvais soit dire si, selon nous, la consommation conduisait au bonheur, soit raconter le premier jour des soldes.

Honnêtement, quand j'ai vu ça, j'ai un peu paniqué (euphémisme du siècle), parce que j'ai pas du tout l'habitude de faire les magasins, encore moins pendant les soldes. J'ai failli choisir le sujet de réflexion, mais, problème, j'avais aucun argument potable, puisque, encore une fois, j'ai pas l'habitude de consommer...

Donc je suis partie sur le sujet d'imagination laborieusement (et au moins 15 minutes après tout le monde), et finalement l'inspiration est venue au fur et à mesure que j'écrivais.

Ce matin-là

Ce matin-là, je m'étais réveillée, comme tous les autres matins auparavant. Pour moi, C'était un matin ordinaire. Pour le autres, c'était un matin extraordinaire. Je m'étais habillée, j'avais attrapé mes affaires. Ma mère et moi étions montées dans la voiture pour aller à mon cours d'équitation. Je n'y avais pas prêté la moindre attention alors, mais il était beaucoup plus tôt que lorsqu'elle m'emmenait d'habitude.

Avant que je ne me rende compte de ce qu'il m'arrivait, elle me traînait dans ce magasin de vêtements. La petite boutique était bondée. Sur de nombreux vêtements, des étiquettes aux couleurs vives annonçaient des réductions. La clientèle se jetait sur chaque morceau de tissus qui comportait l'un de ces papiers colorés. On aurait pu leur en proposer une réduction de 1%, ces fauves auraient acheté cette hideuse cravate jaune à pois verts et à rayures violettes. Ma génitrice avait attrapé une robe par-ci, un pantalon par-là. Elle me traîna dans une cabine d'essayage inoccupée. La séance de torture, pardon, d'essayages, pouvait commencer.

N'ayant apparemment pas mon mot à dire, je mettais les vêtements qu'on me tendait. Dès que je sortais de la cabine pour lui présenter le résultat, ma tortionnaire donnait son avis, lançait un "Adjugé !" s'il était positif, et me renvoyait changer d'accoutrement. Vers la moitié de la pile, ma mère se trouva une camarade pour commenter ma mise. Ainsi, elles pouvaient se raconter les derniers potins, tout en remarquant que, je cite, "Le vert te va bien, ma chérie !". Qu'est-ce que j'en ai à faire, moi, de la couleur qui ma va bien ?

Je m'égare, reprenons.

Lorsque cette interminable pile de tissus de toutes les couleurs possibles et imaginables fut enfin achevée, ma mère alla à la caisse pour payer le montant demandé pour tout ce qui avait reçu un "Adjugé !".

Nous sortions enfin de la boutique infernale lorsque je croisai une amie, traînée par sa mère à l'intérieur. Nos regards se croisèrent, et furent accompagnées d'un hochement de tête : nous étions dans la même situation, et il fallait se soutenir entre victimes de cette envie irrépressible qu'ont les génitrices de nous faire crouler sous les vêtements.

Alors que nous partions enfin en direction du centre équestre, un troupeau, une masse grouillante se pressait à l'entrée des magasins. Sur les vitrines, des affiches tapageuses indiquaient toutes le même mot, en gros, en gras et en italique,

"SOLDES".

Ce matin-là, c'était le premier jour des soldes.

Ce matin-là, j'aurais aimé ne pas y être mêlée.

Ce matin-là, j'ai passé une heure dans une cabine d'essayages.

C'était ce matin-là.

Surplus (ou manque) d'imaginationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant