- Bah alors ? On ne prend plus la fuite ?
Cette voix si angoissante me sors de la paralysie dont la situation actuelle m'avait mise. Mon regard passa lentement sur chacun des hommes me bloquant la route, leur visage portant un même sourire vicieux, avant de s'arrêter sur celui qui jusque là était le seul à avoir parlé. Il avait un air fatigué, était mal rasé et ce qui me frappa le plus, c'était ses yeux. Rougis, par la fatigue ou je ne sais quelle substance, ils lançaient un regard qui me faisait frissonner de terreur. Car je n'y décèle ni humanité, ni aucune autre émotion que l'envie. De quoi ? Non pas de ce que je pourrais posséder dans mon sac mais bien de moi en tant que femme. Et cette réalité est ce qui me terrifie le plus car je me sens impuissante.
Soudain, je me ressaisis. Ce n'est pas du tout mon genre d'abandonner comme ça. En un clignement d'œil, mon expression faciale change du tout au tout, montrant une grande indifférence à la situation. Je jubile légèrement à l'intérieur de moi en voyant ce sale type perdre un peu contenance avant de se reprendre devant ses deux sbires. Je le fixe sans sourciller. Tentons quelque chose.
- Excusez moi messieurs mais je suis pressé. On m'attends pour un rendez vous avec un client dont on doit préparer le jugement.
Ma théorie ? Leur parler sans les agresser et bien leur faire comprendre que je suis lié à la justice et que, par conséquent, je saurais quoi faire si jamais il m'arrivait quelque chose. Supposition n*1 : ils comprennent qu'ils risquent la prison et détalent sans demander leur reste ; Supposition n*2 : ils s'en fichent complètement et là, je suis mal.
Il y'a un léger moment de flottement où les deux loubards se regardent, un air un peu paniqué. J'ai comme l'impression que ma première hypothèse se vérifie. Ils tentent un regard vers leur boss et ce dernier lâche probablement le rire le plus machiavélique que j'ai pu entendre de ma vie. Lui, je le sens vraiment mal, il compte pas me laisser partir comme ça.- Oh mais t'en fais pas « ma chérie », on va vite s'occuper de toi.
Il inclina légèrement la tête et ses deux hommes de mains s'approchèrent dangereusement de moi.
Tandis que je reculais lentement, je sentis la surface froide du mur, ce qui ne me laissa plus le choix que de faire face, en espérant que quelqu'un passe par là et me sorte de cette situation.En voyant le premier s'approcher, une dose d'adrénaline traversa mon corps et mon sang ne fit qu'un tour. Sans réfléchir, je balança mon poings vers son visage et, au moment de l'impact, j'entendis un « CRAC ». Ce dernier recula en tenant son nez et en beuglant :
-Cette sal**e m'a pété le nez put**n
Je saisis ma chance de m'enfuir pendant qu'il se plaint et m'élance vers le bout de cette ruelle infâme.
-Rattrape la, abruti ! Lance le boss à son autre sbire.
-Pas si vite messieurs. Dit alors une voix masculine, posément à l'entrée de la ruelle.
Je me retourna légèrement pour voir qui était ce mystérieux interlocuteur. Je le repère aisément et le reconnais tout de suite. Ce sweat-shirt gris, c'est bien le même homme que celui que j'ai bousculé plus tôt. Il se tient là, une main derrière sa nuque, l'autre dans sa poche et sa capuche cache toujours ses cheveux et une partie de son visage. La seule chose que l'on peut voir, c'est un sourire, carnassier.- Tu avais raison, il y a bien des petites frappes dans ce quartier. Dit il en jetant un regard par dessus son épaule.
Une autre silhouette s'avança, bien plus imposante que « sweat-shirt gris ». Le nouvel arrivant ne dit rien et fixe durement le boss de mes harceleurs. Il a la mâchoire serrée et a l'air très en colère.- Qu'est ce que vous regardez, y a rien avoir ! Vous feriez mieux de dégager si vous voulez pas vous faire casser la gueule. Menaça le boss en désignant le sbire à qui j'ai donné un coup.
Ce dernier se craqua les phalanges, un air supérieur sur son visage, malgré le sang sur son visage.- Je vous conseille de laisser la demoiselle tranquille et de vous préparer à vous faire éclater.
La menace de « sweat-shirt gris » fit voir rouge aux deux sbires et ces derniers s'élancèrent vers lui et son camarade. Je profita de cette occasion pour filer en douce, je ne tiens pas à voir la suite. En entendant les bruits du combat, il m'était facile de déduire que mes deux sauveurs s'en sortaient à merveille. Mais mon soulagement fut de courte durée. Je sentis une main s'agripper à mon poignet, me forçant à me retourner. Je croisa à nouveau les yeux enragés du boss.-J'en ai pas encore fini avec toi, poupée. Dit il en sortant un couteau et en me menaçant avec.
Je tenta de me libérer la main mais sa prise se resserra davantage. Mon téléphone tomba de ma poche mais je n'y fais pas attention. Je paniqua en voyant la lame argentée s'approcher de mon visage, lentement. Soudain, un poings vient frapper son visage, sa main me lâcha et on me tira loin de lui. Je me tourna vers celui qui m'avait aidé et, alors que je m'attendais à croiser des yeux durs et froids, je plongea mon regard dans des yeux noisettes inquiets et attentifs.
Il s'agit du deuxième sauveur, sa carrure imposante et musclée contraste avec son visage calme. Ses cheveux noirs, accrochés à la va vite, tombent sur ses épaules et une mèche barre son visage.- T'es pas blessé hein ? Dit il en me regardant droit dans les yeux.
-Non... Non, ça va.C'est tout ce que j'arrive à dire.
- Bien alors vas t'en, on s'occupe d'eux. Dit il froidement en me tournant le dos pour se battre.Je me mit alors à courir et alors que je sortis enfin de cette ruelle, je le remercia intérieurement de m'avoir secouru.
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Prêter serment
RomansTout... Tout dans cette ville me rappelle que tu n'y est plus. Lorsque je croise le regard de ceux qui étaient les tiens, je n'y trouve que de la pitié mélangée à un peu de tristesse. Ça me paraît irréel. Si seulement ce jour là, je n'avais pas chan...