La porte

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Une porte se dresse au milieu de nulle part. 

Tout au fond de la forêt, là où nul homme n'ose s'aventurer. 

Là où la nature chante.

Là où les arbres retiennent la lumière avant qu'elle ne touche le sol, pour conserver un secret connu d'eux seuls.

Dans ce coin de forêt, une porte attend. 

Un encadrement ouvragé, un bois lisse. Il n'est pas des arbres qui l'entourent. Les arbres n'accepteraient jamais un frère emprisonné auprès d'eux. 

Non, ce bois n'est pas de cette forêt, ce bois n'est pas d'ici. Il n'est pas de ce monde.

Cette porte attend, seule, dans un silence bruissant. 

Elle ne bouge pas. Elle est fermée. Aucun mur ne la soutient. 

Elle est étrangère à ce monde, étrangère à cette vie sauvage, isolée et baignant dans le seul rayon de soleil que les arbres ont laissé filtrer, peut-être seulement pour elle. 

La porte est calme.

Elle reste souvent comme ça. Elle reste longtemps comme ça. 

Et soudain, elle s'entrouvre doucement.

Une autre lumière, différente, apparaît peu à peu. Ce n'est pas le vert de la mousse et des arbres, le tapis d'aiguille ou le brun profond des troncs. 

C'est une plage, une falaise. Des vagues qui s'agitent, qui s'écrasent sur les rochers. La mousse qu'elles laissent est comme de la dentelle sur la surface bleu gris. C'est la dentelle de l'écume. 

Une odeur salée s'engouffre dans la forêt. 

Une silhouette se faufile. 

La porte se ferme. Puis disparaît. 

Peu à peu, les branches des arbres se meuvent. Bientôt, le rayon de lumière s'estompe puis s'évanouit. 

La forêt a récupéré son secret. 

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