Je me réveille dans une chambre vide. Duncan et moi n'avons pas dormi dans la même pièce, mais je ne m'en plains pas. La chambre est si grande, deux fois plus que la mienne qui était déjà spacieuse. Tandis que je dors dans la chambre conjugale, lui est resté dans sa chambre initiale d'avant mariage. Je n'ai pas demandé à vivre ici avec un mari, mais je refuse de vivre comme ça pour toujours. J'aimerais au moins qu'on s'entende bien. Je n'ai pas besoin de son amour, de pique nique au bord de l'eau ou de rapport charnel, juste de son amitié, au moins. Je me suis préparée vite ce matin : pas de pluie sur les fenêtres, pas de grasse matinée, et pas de Margaret. Juste moi. Je ne veux pas être immature, je ferai un pas vers lui aujourd'hui, j'aimerais lui préparer quelque chose. Dans les mariages arrangés, de nos jours, une fiche de renseignement sur l'autre nous est donnée. Ça a l'air ridicule et ça l'est mais rare sont les gens qui se marient d'amour aujourd'hui : la plupart ne s'entendent pas alors c'est le moins qu'on puisse faire. Je lui ai préparé son plat préféré, enfin d'après ce qu'il a écrit. Je déteste jouer les épouses modèles à cuisiner sagement pour un mari qui ne pose pas le regard sur moi, mais j'ai promis à mes parents que je ne ferai pas la difficile. Je lui apporte son repas jusque sa chambre, mais arrivée à l'entrée je reste plantée devant la porte comme une plante verte. Il parle à quelqu'un, mais la porte fermée rend la conversation indistincte. La curiosité boue en moi et je meurs d'envie d'écouter, même si l'option raisonnable serait de repasser plus tard. Si quelqu'un, ou lui même me surprenait à écouter à sa porte, cela suffirait à briser complètement notre union déjà fragile. Après de longues minutes, je me décide enfin à tourner les talons mais il suffit que j'entende mon nom pour coller directement l'oreille à la porte. Il a l'air de se disputer avec quelqu'un mais garde tout de même un ton très calme.
- Je n'ai jamais choisi de me marier. La fille à l'air d'une effrontée capricieuse. Je n'ai aucun devoir envers elle tu ne peux pas me forcer à lui donner mon attention, les services secrets prennent assez de mon temps, ce mariage ça m'est tombé dessus à moi aussi.
J'ai soudainement envie de casser le plat et de lui trancher la gorge avec l'un des morceaux.
- Monsieur, elle est devenue votre épouse. Vous ne pouvez pas faire porter l'héritier à une vulgaire maîtresse, l'enfant serait un bâtard.
- Et bien qu'il en soit ainsi ! Rétorque-t-il. Je préfère que mon héritier soit un bâtard, à quoi bon.
J'entends des pas se rapprocher dangereusement de la porte et je m'éloigne rapidement dans le couloir, s'en suit la porte qui s'ouvre aussitôt. Mon cœur bat à tout rompre et je marche rapidement, alors que quelqu'un m'agrippe le poignet et m'arrête d'un coup sec dans ma course, faisant tomber le plat dans un fracas.
- On ne t'a pas appris que c'était mal poli d'écouter aux portes ?
Il fait signe à une domestique de nettoyer la nourriture maintenant éparpillée sur le sol et me traîne rapidement à l'intérieur de sa chambre. Dans quoi me suis-je embarquée ?
Il referme la porte, nous mettant à l'abris des yeux et des oreilles qui traînent.- je t'ai posé une question.
Il est calme, tout le temps. Ça me fait froid dans le dos. Il me regarde droit dans les yeux et il est près, trop près. Pas comme dans les beaux romans que je lisais au palais, cette fois ça n'a rien de romantique.
- Je venais apporter quelque chose, expliqué-je. Mais j'ai entendu mon nom, j'avais le droit d'écouter. Je soutiens son regard et il s'approche encore plus.
- Je ne veux pas que tu traînes dans les couloirs, encore moins pour m'espionner. Le fait que tu sois devenue mon épouse ne te donne pas tous les droits.
La douleur commence à me lancer et je me rend compte qu'il n'a toujours pas lâché mon poignet depuis. Je me mord l'intérieur de la joue pour ne pas y penser et je ne me décroche pas de son regard.
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Atlantis
Teen FictionJ'aimerais pouvoir réapprécier la beauté des fleurs. J'aimerais remonter le temps, au temps où la mer et les rivières n'étaient pas rares, au temps où les enfants jouaient dehors. Au temps où je ne serai pas forcée de me marier. Le futur et l'évolut...