chapitre 4

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Je vous ai épargné les recherches acharnées qui ont consumé mon sommeil toute la nuit, ne me laissant qu'une heure de repos où je n'ai bien sûr pas réussi à dormir, à cause de ce que je venais de découvrir. Les chiffres étaient bel et bien dans l'article, me menant à une adresse enfouie en bas de page écrite en tout petit : 243 rue Terrace Lane. J'ai quitté le manoir tôt ce matin espérant attirer moins de regard que ma dernière escapade en ville. J'aurais pu prendre une calèche mais je ne veux que personne soit au courant de mes déplacements, si je suis amenée à tuer le duc ça serait stupide de ma part de laisser qui que ce soit savoir ce que je fait.
Marcher autant ne me relaxe pas, comme certains disent. Je ne fais que penser aux morts qui augmentent à cause de ce gouvernement privilégiant les riches. Les gens meurent de la radioactivité et n'ont même pas le droit d'être entendus sous peine d'être menacé de mort par les leaders. Ce système n'est fait que de failles, et plus le temps passe, plus je me rend compte que mon combat ne sera pas seulement pour la liberté des femmes, dont moi, mais aussi pour ces pauvres personnes. Je me rend compte que je ne veux pas seulement tuer Duncan, mais aussi tous les autres leaders qui ont ces idéaux. J'espère que cela ne fait pas de moi quelqu'un de mauvais. Disons que je suis plus comme Robin des Bois, avec des procédures différentes.

Après presque une heure à tourner en rond dans une partie éloignée de la ville principale, j'ai l'impression que des milliers de fourmis me remonte le long des jambes et la sueur colle mes cheveux à ma nuque. J'ai bel et bien fini par trouver le 243 rue Terrace Lane, mais ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Je reste plantée devant le vieux bar pendant de longues minutes, me disant que ce n'était peut-être qu'une mauvaise blague. Mais avant que je puisse prendre une décision, deux hommes se dressent devant moi, souriants, l'air d'avoir bu plus qu'il n'en faut pour l'heure qu'il est.

- Que puis-je faire pour vous ? Demandé-je en cachant mon inquiétude.
Les deux hommes se mirent à rire et l'un d'eux se décide enfin à me répondre :
- On n'a pas l'habitude de voir de belles femmes comme vous par ici, dit-il d'un ton enjôleur, plaçant son index sous mon menton. Je fais un mouvement de recul et un bras inconnu vient s'enrouler autour de mes épaules.

- Vous voilà très chère, excusez moi de mon retard. Je vous ai cherché partout. Sourit-il.
L'homme fait deux têtes de plus que moi et sa voix me paraît familière, en relevant la tête vers lui je reconnais enfin Lysandre, mon instituteur, habillé totalement différemment qu'il l'était la dernière fois. Les deux hommes le regardent les yeux ronds, comme s'ils avaient peur de parler. Lysandre reprit, un sourire aux lèvres :
- pardonnez-leurs, ils ne sont pas méchant. Je vous escorterai aujourd'hui. Par où commencer ?

Je suis confuse, je ne suis pas encore sûre si c'est lui qui m'a fait venir ici ou si ce n'est qu'un hasard. Alors je ne tarde pas à entrer dans le sujet.
- c'était vous ? le mot dans mes affaires.
Il pousse un petit rire.
- Quoi ? Vous n'avez pas aimé ?
Le feu me monte aux joues et je le pousse d'un coup de coude.
- La partie où vous avez fouillé dans mes sous-vêtements ? Je n'ai pas aimé, non.
Son sourire ne le quitte pas et il continue de marcher, me guidant dans la rue comme s'il la connaissait comme sa poche. Je reprit :
- Qu'est-ce que c'est que tout ça ? Je ne comprends pas.
Il s'arrête de marcher pour se mettre devant moi.
- Tout ça ? C'est vague comme question. Que voulez vous savoir, précisément ?
- C'est quoi cette tenue ? Et comment saviez vous pour le journal dans mon armoire ? Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Il n'y a que des ivrognes ici.
Il rigole encore. Je ne sais pas si cet homme est charmant ou agaçant.
- Ça en fait un paquet de questions. Je vous sens tendue, détendez vous. Je veux juste vous emmener au bar, discuter. Pour ce qui en est de ma tenue.. disons que les apparences sont trompeuses.
Je hausse les épaules.
- Vous avez l'air d'un voleur.
- Peut-être que j'en suis un., Rétorque-t'il, son stupide sourire toujours collé au visage.
Il ne me laisse pas le temps de répondre et se précipite dans un des nombreux bars alignés, me faisant signe de le suivre. En entrant, la chaleur se fait directement plus pesante qu'à l'extérieur. Une odeur d'alcool occupe toute la pièce et les hommes ne ressemblent pas à ceux que j'ai vu plus tôt. Disons qu'ils sont plus.. beaux. Enfin, mieux habillés. Ils sont presque tous en noir, avec de long manteaux. Ils disent tous bonjour à Lysandre en l'appelant par son prénom, jusqu'à ce qu'il arrive au barman qui le salue d'une accolade en l'appelant cette fois par son nom de famille, Crawford. Je fronce les sourcils et tourne directement la tête vers lui.
Il fait signe à son ami qu'il sera de retour et m'emmène dans une salle à l'arrière du bar, fermant la porte derrière lui, taisant le brouhaha. Je le suis en trainant le pas, pensant toujours à ce que j'ai entendu.
Il me fait m'asseoir sur une chaise et s'éloigne pour se verser un verre de Scotch.

Les minutes passent et je décide de ne pas perdre de temps :
- Crawford ?
Il sourit dans son verre et le finit avant de me répondre.
- Duncan est mon frère.
J'explose de rire, ne sachant même pas pourquoi, Je n'arrive pas à le contrôler.
Il se contente de m'observer rire avec un sourire en coin, retirant son long manteau de cuir noir, dévoilant tous les tatouages couvrant ses bras que je n'avais pas vu le jour de notre entretien.
- Vous ne me croyez pas ?
Je reprends mon souffle, la main sur ma poitrine.
- Si, si si. Enfin non. Je veux dire que si vous étiez son frère, vous passeriez votre temps dans des endroits plus propres que ce vieux bar. Vous aideriez la dynastie ou je ne sais quoi.
Il sourit en posant son manteau sur la table et s'assied sur une chaise en face de moi.
- Disons que je suis le vilain petit canard.
Mon expression devient plus sérieuse.
- Comment ça ?
Pour une fois, il ne sourit plus, il est neutre. Il se penche légèrement et tire ma chaise vers lui par les pattes. Il reste penché vers moi en appuyant ses mains de chaque côté.
- Mon père a préféré le plus jeune. Duncan est un lâche, il a peur. Je suis le seul qui me bat pour mes idéaux, voilà pourquoi. Il marque une pause avant de reprendre., Je sais que tu essaies de t'enfuir, que tu ne l'aimes pas.

Je ne sais pas quoi répondre, les mots sont comme bloqués au fond de ma gorge. Je ne comprends pas vraiment qui il est, et lorsque j'y pense trop, me tenir si près de lui est effrayant. Il y a peu, la dernière fois que je l'ai vu, il était élégant, on aurait dit un prince. Aujourd'hui il se comporte comme une autre personne.
- Tu penses trop, Athena. Beaucoup trop..

- pourquoi m'avez vous emmené ici ? Lui répondit-je sèchement.

Il sourit et dégage une mèche de mon visage, la mettant derrière mon oreille.
- je mène quelque chose de grand. De bien plus grand que ce que tu penses. Je veux que tu en fasses partie. Je ne suis peut-être pas le gentil instituteur qui te faisait tant sourire mais je sais que tu pourrais apprendre à m'apprécier. Mh ?

- peut-être.

Il continue à me fixer comme si ma réponse ne lui convenait pas.

- Tu es plus belle quand tu souris.

Avant que je ne puisse répondre, il me propose déjà de passer la nuit ici et c'est en l'entendant que je remarque que le soleil se couche déjà. Duncan ne sera pas là ce soir, alors j'accepte.

Le temps à l'air de passer plus vite que d'habitude : je prends une douche, me change et me brosse les cheveux, et tout cela m'a pris une heure qui m'a parue 20 minutes. Le bar se vide, rendant la chambre dans laquelle nous sommes moins bruyante.

Lysandre s'est également changé, il ne porte qu'un jogging, il paraît moins sérieux comme ça. Mais depuis notre dernière conversation il y a quelques heures, il a été silencieux jusqu'à maintenant. Je brise alors le silence :

- Est-ce que vos tatouages ont une signification ?

Il lève la tête pour me regarder, ses cheveux encore mouillés.

- lequel ? Questionne-t-il, neutre.

Je souris et décide de le questionner sur le premier que j'ai remarqué, le premier jour, en pointant les dagues sur son avant-bras.
Il me répond d'un ton sec, sans hésitation :

- Une dague correspond à un meurtre.

Un meurtre ?

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⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

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