Une histoire qu'on lit dans une vieille revue, qui traine sur le coin d'une table à l'heure où plus personne n'ère nulle part. Qui s'ouvre sur une page quelconque et libère une odeur de renfermé, d'ancien, de passé. Le papier est un peu jauni à cause du temps, l'encre bave à certains endroits, les couleurs disparaissent comme les films en noire et blanc.
Noir sur blanc, sans contraste, sans saveur, sans personnalité. J'étais à ce moment, la tache noire sur le papier froissé. Celle qu'on remarque, celle qu'on lit et qu'on essaye de comprendre. L'incrédulité que je puis lire dans le regard de la première personne qui apparut dans mon champ de vision.
Lunette en demi-lune, costume bordeaux avec des touches dorées et bleues décolorées. Ce n'est pas un humain, c'est une autre chose.
La créature se penche une nouvelle fois vers moi et marmonne quelques paroles à une dame que je peux à peine percevoir, tellement que ma vision est troublée et encore trop faible à contrôler.
- Elle est réveillée, remettez la perfusion en marche, il ne faut pas la perdre une seconde fois.
Je ferme les yeux, essaye de me concentrer, mais plus j'essaie, plus je m'égare. Des images tournent et, mettre de l'ordre s'avère être surhumain. Je sens un masque en plastique décoloré se poser sur ma bouche et de l'air entrer dans mes poumons.
J'en suis sure, je respire enfin, je suis vivante.
Je parvins à faire bouger mes doigts, ouvrir les yeux et distinguer une lumière aveuglante qui les brulent. La femme s'approche de moi, blonde en tenue blanche, un rouge à lèvre très pigmenté qui relève son teint pâle, presque aussi blanc que son tailleur.
- Tu dois te reposer ma chérie, il est encore trop tôt.
L'air qui s'infiltre dans mes poumons devient lourd, m'apaise, me fait disparaitre. Le noir m'envahit encore une fois, me retrouve comme on revoit une vieille connaissance à l'intersection de deux ruelles. Ça s'est un peu présenté comme ça, au final. Nous, ensemble, contre le temps. Contre au final nous-même, nous seuls.
*
J'ai eu l'impression en me réveillant de ne pas avoir dormis depuis des lustres, ma tête me lance toujours des horribles ondes, mais l'habitude joue également en ma faveur et je parvins à me redresser pour essayer de comprendre où je suis. C'est comme être plonger dans un autre univers, un monde à part du notre, puis curieusement, je me sens bien.
Oui pour la première fois de ma vie, je me sens réellement bien, à ma place, chez moi.
- Vous êtes réveillée mademoiselle ?
Une voix m'enlève à mes pensées, mes réflexions, une voix trop familière pour être remise en question.
- C'est vous...
- Comment s'est passé votre voyage ?
Je délire alors, c'est impossible que ce soit réel. Il ne peut pas exister, il ne peut pas être devant moi, je ne peux pas être ici.
- Qu'est-ce que je fais là ?! Ce n'est pas possible je rêve n'est-ce pas ? C'est juste un rêve rien de plus...
- J'ai bien peur que non, numéro 7.
Mon sang ne fit qu'un tour, et j'éprouva une soudaine envie de me lever et de partir le retrouver, je ne sais ou, je ne sais quand. Avant tout j'avais besoin d'explications avant de vraiment croire que je suis timbrée. Quoi qu'il ne me faille pas explicitement ce genre de situation pour le croire, mais ce n'est qu'une parenthèse bien entendu...
- Comment ai-je fait pour me retrouver ici Pogo ? Vous, tout ça, lui...n'étiez sensé exister que dans cet imaginaire vous savez...ces bonnes histoires de super héros qu'on raconte aux enfants pour les endormir.
- Il faut donc croire que votre pouvoir a fonctionné Jayne : voyager à travers les réalités.
Il marqua une pause, s'avance et s'assoie en se retenant à sa canne, sur une chaise près du lit médicale dans lequel je me trouve. De plus près, il parait nettement plus vieux, ridés autours des yeux et de la bouche, étrangement humain, ce qui est plutôt déstabilisant à examiner.
- Monsieur Hargreeves a toujours consacré une grande partie de son temps à l'exploitation de votre pouvoir et de vos capacités. Selon lui, vous êtes dotée d'un des pouvoirs les plus complexes, et les plus fascinants jamais encore connu à ce jour. Numéro 5 ne vous suit pas de loin, comme vous le savez, le voyage dans l'espace et le temps requièrent une grande technique et métrise. En revanche, votre pouvoir va au-delà de ces frontières, en remettant en doute les paradoxes inimaginables dans lesquels nous nous épanouissons au fur et à mesure de notre existence.
Blanc.
- Il aura fallu du temps, Jayne, pour que vous arriviez à un tel résultat, une telle réussite. Vous avez enfin dépassée les lois de notre physique, de notre quantique encore à ce jour irréfutable.
- J'ai l'impression de l'entendre parler...quand vous me dites tout ça.
- Votre père et moi étions très proche...il serait fier de vous.
Je lui souris timidement. Tout me revint en une fraction de seconde, comme si je venais de quitter ce monde la veille, encore trop rude et trop incertain.
- Donc tous ces flashs, ces souvenirs que je ressasse en boucle, ils sont...
- Réels oui. Du moins dans cette réalité, la votre numéro sept.
Je me frotte les yeux et réfléchis pendant un moment puis le remercie simplement. Je remercie Pogo et l'univers (ou peu importe qui) de m'avoir ramené à la maison.
Mais au milieu de ces milles questions qui me taraudaient l'esprit, une seule me vint à la bouche, une seule me préoccupait réellement.
- Où est Cinq ?
- Numéro 5 nous est revenu il y a quelques jours, vous visitant chaque soir, une fois ses affaires personnelles réglées...Si vous le souhaitez je peux vous mettre à disposition votre perfusion pour ainsi vous déplacer plus librement.
Ma réponse fut rapide, sans hésitations. Car il était là, enfin là près de moi, j'allais pouvoir m'assurer de ce qui était vrai ou non. Savoir si pendant tout ce temps je perdais la boule...probablement en y réfléchissant.
L'histoire est loin d'être finie après tout... pas vrai ?
( 957 mots )
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Noir sur Blanc - Fanfiction Cinq Hargreeves
FanficL'interdiction de rêver. S'évader d'un monde qui intimement n'est pas le miens. Aussi longtemps que je le pourrai, j'attendrai que tu réapparaisses, au milieu d'autres fantaisies abstraites. Car ça a souvent été notre jeu, à nous. Et j'aime toujours...