Chapitre 1

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1 an et douze jours auparavant. 20 Août.

Nos rires résonnent dans notre voiture familiale. Le rire cristallin de ma mère se joint à nous, face aux pitreries de ma petite sœur tandis que mon père nous lance un regard amusé avant de se concentrer à nouveau sur la route. C'est notre dernier voyage tous ensemble, alors pour ce dernier trip, les règles sont allégées.

J'essuie rageusement mes larmes du revers de la main, sans ce foutue accident, je ne serais pas seule à faire cette foutue route jusqu'à Rosewood. Ma famille m'aurait déposée avant de reprendre leurs road trip, mais ça c'était avant que je foute tout en l'aire encore une fois. Ils ne me font plus confiance, ils ont préféré m'abandonner au lieu de comprendre. En l'espace de quelques mois, un sombre ouragan avait frappé de nouveau notre famille, et j'en était la cause. Comme toujours.

J'avais tracé les six heures de route d'une traite, pourtant je devais prendre une pause à la prochaine station service, ma voiture était presque à sec et ma vessie presque pleine. Puis mon besoin de caféine était trop pressant. Une fois à l'arrêt à la station service, je me dirige dans les wc pour soulager ma vessie, puis je me dirige vers la caisse.

ー Le plein et un grand café, s'il vous plaît.

Le vendeur hoche la tête, me sert, je passe ma carte et sort, une fois à mon véhicule, j'insère la pompe dans mon réservoir et attend, consultant mon téléphone, un message.

"Aria : Chiffre ?

6.

Je t'attends chez toi, tu arrives bientôt ?

Oui, j'en ai pour une petite heure environ."

Le claquement du pistolet m'informe que le plein est mis, je le remet à sa place initiale et sans perdre de temps, je remonte dans ma voiture et reprend la route, en prenant une vitesse moins régulière, j'espère arriver en temps et en heure chez moi, en grappillant de précieuse minutes sur le temps restant.

Par instinct, je mord les extrémités de mon pouce, tentant de ne pas me laisser envahir par ces mauvais souvenirs, je ne dois plus y penser, jamais, tout ça c'est derrière moi maintenant. Je dois aller de l'avant.

"Pauvre ingrate, tu me fais honte."

Je réprime un violent haut-le-cœur, non, pas maintenant. Mon pied enfonce la pédale d'accéleration. Je ne dois pas craquer maintenant. Je savais que mon anxiété me menacer comme l'ombre de la faux, mais je devais garder la tête hors de l'eau. Parce que maintenant je n'avais plus le choix.

"Tu aurais dû crever cet nuit-là"

Un frisson de terreur m'enveloppe, vite penser à autre chose, des chats, ces mignions des chats, le miens Nox m'attend à l'appart, Nox, noir comme la nuit, c'est mignon ça, non? Nox viendra se blottir contre moi et je me sentirais mieux.

Une larme salée coule le long de ma joue, non, Nox ne viendra pas, elle ne me réconforterait pas, Nox ne m'attends pas non plus. Nox n'est pas à Rosewood, seule son souvenir y est. Je coince ma lèvre inférieure entre mes dents, refoulant un sanglot. Je dois plus y penser, je l'ai méritée après tout. Je fixe du coin de l'œil le pendentif suspendu à mon rétroviseur, le frôle du bout des doigts, inspire profondément et reprend ma concentration sur la route.

Je lance maladroitement ma playlist essayant de distraire mon cerveau cabossé, les premières notes de Devil Doesn't Bargain résonnent et je me déconnecte complètement, mon cerveau ne marchant que pour me maintenir sur la route.

Il faisait nuit noir lorsque je pénètra à l'interieur de ma maison d'enfance, il n'y avait pas le moindre bruit, ils devaient sans doute dormir. Chose qui arrangeait mes petites affaires. Lentement à pas de souris, je gravis les escaliers jusqu'à l'étage pour arriver à ma chambre. Mais c'était sans compter sur leurs présence d'esprit, qui avait voulue fouiller ce soir-là ma chambre, en mon absence. Mon espace privée était saccagé, dans l'obscurité j'aperçois la masse d'un corps frêle sur mon lit, ma mère. Puis du coin de l'œil une masse plus baraquée, mon père. Ensemble dans ma chambre.

一 Ce n'est plus possible Héra.

Difficilement je déglutie, qu'avais-je fais ? Lentement je récapitule les évènements de la journée, je n'avais pas fait grand chose a part être partie voir le dernier volet des Annimaux fantastiques, je fronçais à présent les sourcils lorsque je découvrit la petite boite noir ouverte, petite boite qui était habituellement sous une des lattes du plancher, cacher à l'abris de tous. Et elle était ouverte.

一 Tu n'es qu'une pauvre ingrate.

Ma tête se tourna sur le côté lorsque l'imposante main de mon père m'assène une gifle magistrale, l'impact résonna, je me mords les lèvres afin de réprimer mes sanglots. Si il m'avait asséné un tel coup, c'est que je l'avais méritée, j'avais encore foirée.

D'une main tremblante, j'extirpe une cigarette de mon paquet, je la coince entre mes lèvres et aspire une profonde bouffée lorsqu'elle est allumée. Je gardais encore l'hématome de ce soir-là, ça remontait à trois jours. Trois jours durant lesquels mes parents ne se sont pas gêné de me rappeler à quel point j'étais pathétique, ingrate et bien sûre idiote. Trois longs jours à me reprocher encore et encore cet accident, qui m'avait coûté bien plus que des plumes, il m'avait coûté ma liberté. Mes parents m'avaient bien fait comprendre que chaque factures que l'hôpital envoyait devait être payée de ma poche, ainsi que tout ce concerne ces dépenses. Je m'étais retrouvée à enchaîner des dettes pour cet accident, alors que j'étais l'une des victimes moi aussi, mais pas selon mes parents. Je reprends les cours à l'université dans une semaine pour ma seconde année en littérature et déjà une chape de plomb m'alourdit le corps et le coeur, je devais aussi trouver un travail.

C'est avec un soupir de soulagement que j'accueille la devanture grisâtre de ma résidence, enfin chez moi. Je me gare rapidement, lâche ma cigarette puis me saisit de mes bagages dans mon coffre. Sans perdre de temps, je presse le bouton de l'ascenseur avec une soudaine impatience. Les portes à peine ouvertes, je m'y engouffre avec mes valises et presse le bouton du deuxième étage.

Lorsque mon étage se dessine sous mes yeux, je m'avance en direction de mon appartement, avec un nouveau soupir de soulagement, je pénètre dans mon petit logement, je n'ai pas le temps de poser mon sac à main, que les bras de ma meilleure amie m'enveloppe dans une chaleur bienveillante. Je lui rends doucement son étreinte, enfin rassurée de la retrouver après ces longs jours.

Nous avons jamais été très proche avant, l'accident nous a cependant rapprochée et notre entrée dans la même université d'avantage. Depuis nous nous lâchons plus. A dire vraie, elle est la seule à ne pas m'avoir lâché, la seule qui encore aujourd'hui veut bien croire ma version de cette nuit-là. La seule qui connaît mon plus sombre secret. La dure vérité. Et qui malgré tout, est encore là à s'assurer que je sois encore vivante et que je prenne un minimum soin de moi.

Sans perdre de temps, nous nous installons pour prendre notre repas, sans demi-mesure je lui raconte chaque événement, même si elle en savait déjà partiellement. Elle en fait de même, elle avait rejoint sa sœur aînée à Miami pour quelques jours et de ce que je compris elle avait pus profiter de ce temps pour se ressourcer en famille. Aria avait perdu toute sa famille appart sa sœur, dans un crash aérien, les deux jeunes filles étant malade ne s'était pas jointes au voyage et avait échappé au drame qui les frappa alors qu'Aria n'avait que 12 ans. Lisa, était sa dernière famille, son dernier rempart face au monde.

一 Tu comptes me dire ce qui est arrivée à ta joue ou je vais devoir le deviner ? 

A vif.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant