Chapitre 8 - Partie 1

100 16 6
                                    

Les vacances de Noël étaient là, et avec elles, une montagne de révisions. Si je rentrai chez mes parents pour quelques jours, je passai le reste du temps au « Studio », à réviser, généralement avec Noah. C'était ainsi pour la troisième année déjà.

Ce que je ne comprenais pas en revanche, c'était la présence de Nathan alors que nous ne travaillions même pas sur « Sweet Love ».

— Explique-moi pourquoi tu es là alors qu'on est le premier lundi des vacances ?

— T'es sourd ou quoi ? C'est l'endroit le plus tranquille que je connaisse pour bosser, répéta-t-il, le stylet de sa tablette en main, à gribouiller je ne sais quoi.

— La bibliothèque universitaire reste ouverte pendant les vacances, sauf les jours fériés.

— J'aime pas la BU.

Je plissai les yeux, prenant place sur mon fauteuil et m'occupai d'allumer ma tour et mes écrans alors que monsieur, son casque de musique à moitié mis, ruminait pour je sais quelle raison.

— Et chez toi ? repris-je sans lâcher l'affaire.

— T'en as d'autres des questions ? Ça dérange pas Noah que je sois là et je fais pas de bruit.

Mais moi ça me dérangeait.

Je n'osai pas répondre si ouvertement à sa provocation, car s'en était bien une. Pour une raison qui m'échappait, Nathan était d'une humeur massacrante. En soi, il semblait concentré et plutôt silencieux. Et même s'il prenait de la place sur mon bureau, j'en avais assez pour travailler.

Le véritable problème était sa présence en elle-même. Après ce qui s'était passé vendredi dernier, à la suite du vernissage, j'avais du mal à le regarder sans y repenser.

Et quelle soirée !

Nous avions dîné en tête à tête dans un restaurant dans lequel je n'aurais jamais osé entrer seul, ni même accompagné d'ailleurs. Nathan avait insisté et en plus, il m'avait invité. Enfin... il avait invité Annabelle, il ne savait donc pas qu'il avait, à côté de lui, la personne qu'il avait qualifié de « petite-amie ». Ce n'était, certes, pas lui qui l'avait directement fait mais il n'avait pas démenti les propos de son frère.

En y repensait, la fin du vernissage avait été un peu désastreuse. Je me rendais compte que j'avais passé plus de temps en compagnie d'Eric que de Nathan, et comme si le hasard n'en avait pas assez de moi, il avait fallu que ce soit précisément son frère, aîné je supposai. La probabilité était si infime que s'en était d'un ridicule comique. J'avais bien essayé d'éclaircir la situation dans la voiture, lorsque nous roulions vers le restaurant, mais Nathan s'était aussitôt refermé comme une huître. J'avais abandonné l'idée d'en savoir plus à ce sujet puisqu'il semblait sensible. Ce qui nous avait permis de passer un excellent dîné d'ailleurs. Rien que de repenser au romantisme de ce dernier, j'avais envie de rougir.

Il m'avait traité comme une princesse, avait fait bien attention à ne rien commandé des choses que je n'aimais pas ou que je ne mangeais pas, m'avait consulté pour tout choix dont il n'était pas sûr, et avait tout fait pour me mettre à l'aise, jusqu'à demander une table un peu isolé pour ne pas que je sois embarrassé. Toutes ces petites attentions m'avaient fait chaud au cœur. Mais ce qui me gênait le plus à le savoir tout de suite à côté de moi alors que seulement deux jours nous séparaient de cet incident, c'était la fin de la soirée, quand il m'avait raccompagné chez moi.

Son baiser avait été doux, précautionneux, même si j'avais pu distinguer un quelque chose de possessif. J'avais été surpris et avais à peine répondu. Ce à quoi Nathan m'avait demandé si ça me convenait. J'avais bêtement ri, gêné, avant d'acquiescer.

Par-Delà les ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant