Chapitre 1 - Partie 1

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— Vous avez trouvé tout ce qu'il vous fallait ?

— Euh, oui.

Je baissai les yeux, incapable de le regarder en face. Le bip du scan faisait écho aux battements frénétiques de mon cœur. J'avais chaud. Beaucoup trop chaud d'un coup.

— Avez-vous la carte du magasin ?

— Hm oui. Quelque part.

Et j'avais un problème. Un gros problème, autre que la tachycardie qui me pilonnait la poitrine ou l'hyperthermie de mon corps. Quelque chose que je ne pouvais, en aucun cas, contrôler. Si tant est que j'aurais voulu, un jour, même ici, le contrôler.

— Là, dis-je en la tendant.

En regardant mon paquet posé à côté de la caisse. Il la scanna à son tour et dans un élan de courage, j'osai relever la tête. Ce fut sans aucun doute une erreur. Celle qui me perdit pour de bon, qui réduisit à néant la moindre envie de me contrôler.

— Tenez, déclara-t-il avec le sourire.

Un sourire qui me fit me cacher dans le col de mon vieux pull dépouillé. Je récupérai ma carte fidélité quand il m'annonça le montant et sortis ma carte bancaire. Je payai, de plus en plus étourdi, et le saluai à peine pour m'enfuir de la boutique. Je virai rapidement à gauche, pour ne plus être dans le champ de vision des caisses de la boutique et saisis mon téléphone portable. Je cherchai dans mes contacts récents et portai l'appareil à mon oreille. La messagerie me répondit. Je réessayai de nouveau, en passant par une application que j'utilisai beaucoup plus que lui, et de nouveau, personne ne décrocha. Un soupir m'échappa, le cœur encore battant. Un coup d'œil autour de moi m'informa que Noah n'était nulle part. Nous devions pourtant nous rejoindre et je lui avais envoyé dans quelle boutique j'étais, mais apparemment, on ne s'était pas compris. Je levai le nez pour regarder une dernière fois l'enseigne et partis pour de bon.

***

— C'est une mauvaise idée.

Ce n'était pas la première fois qu'il me le disait. En fait, Noah devait être réglé sur « disque rayé » parce que depuis qu'il était arrivé au « Studio » et que je lui avais expliqué mon cas, il ne cessait de le répéter. A croire que je ne parlais pas la même langue que lui et qu'il devait insister.

J'ignorai son soupir, les yeux rivés sur l'écran de mon ordinateur. J'avais encore pas mal de lignes à coder mais j'avais aussi un autre problème qui allait rapidement me bloquer.

— Tu as réussi à contacter la designeuse ? demandai-je après une énième ligne entrée.

De nouveau, Noah soupira. J'entendis sa chaise se plaindre quand il se laissa tomber dessus et je devinai qu'il la fit tourner plusieurs fois sur elle-même. Je détestais quand il faisait ça : ce genre de chaise valait cher et ce n'était pas un manège.

— Tu changes de conversation, Ad.

Peut-être bien. Mais la réponse m'était essentielle. Je lâchai la console des yeux pour me retourner et enlevai mes lunettes de mon nez. Elles ne me servaient que sur les écrans.

— J'ai besoin d'un designer pour mon projet d'étude et tu m'as assuré que tu connaissais quelqu'un. Est-ce qu'elle est fiable au moins ?

— Bien sûr ! Qu'est-ce que tu crois ? C'est juste qu'elle a aussi beaucoup de choses à faire.

Ce n'était pas pour m'arranger. J'avais un projet ambitieux mais qui me plaisait. J'avais les compétences pour le mener à bien, du moins, sur la partie codage. Le problème était que je devais collaborer avec un designer graphique pour imager mon application. Et je n'avais toujours pas de designer graphique alors qu'il ne restait que quelques mois pour tout faire.

Par-Delà les ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant