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À l'extérieur, Viola et Ousmane terminaient leur partie de ping-pong, devant India, Demi et Adrian qui les observaient en lançant des encouragements.

— T'aurais pas dû lui pardonner aussi facilement, râlait Viola.

— Elle a raison : c'est un imbécile qui recommencera dès qu'il trouvera la prochaine connerie à faire, assura Ousmane.

— Peut-être était-il sincère, dit à son tour India dans une tentative de temporisation.

Le jeune homme avait paru honnête en effet, et avait été si insistant qu'Adrian avait finalement accepté, de mauvaise grâce tout de même, de faire table rase de l'incident. Il avait même concédé à échanger leurs numéros de téléphone, preuve de sa bonne volonté. Adrian ne lui en tenait de toute façon pas rigueur : il avait bien étudié la dynamique de son groupe et avait remarqué que Freddy, le plus jeune d'entre eux, était également le plus influençable et une vraie tête brulée. La combinaison idéale pour que ses « amis » obtiennent de lui qu'il fasse le sale boulot.


Dans la salle commune, le groupe prit place sur les canapés à proximité des amies d'India. Celles-ci étaient en pleine conversation, tentant de s'accorder sur les tenues qu'elles porteraient pour la fête d'anniversaire de Colleen. Adrian scruta la salle des yeux et aperçut finalement Swann dans un coin de la pièce, penché sur son téléphone. Lorsque ce dernier jouait à ses jeux vidéo, il refusait systématiquement de se joindre à la petite troupe, aussi Adrian ne tenta pas de l'interpeller.

— India ! l'apostropha Colleen dès que cette dernière prit place. Toi, tu devrais mettre ta robe bleue aux motifs Vichy !

Demi étouffa un rire :

— La robe « pique-nique » ?

— Elle lui va super bien ! assura Colleen.

— Oui, si tu veux mettre en avant son côté prude.

— Dis donc ! s'insurgea India, les sourcils froncés à l'adresse de sa sœur.

Colleen, telle une lionne qui défend son petit, assura fermement :

— Elle est parfaite comme elle est. Tout le monde n'a pas besoin de jouer les rebelles pour se faire remarquer.

Demi grinça silencieusement des dents et, vexée, croisa les bras sur sa poitrine avant de détourner le regard.

— Bon, et vous ?

Colleen s'adressait à présent au reste de la bande.

— Vous porterez quoi ?

Ousmane, Viola et Adrian haussèrent les épaules tandis que Demi, boudeuse, s'appliqua à ignorer la question. C'est à cet instant que le téléphone du jeune homme vibra dans sa poche et, alors qu'il baissait les yeux pour sortir l'appareil de son pantalon, il put entendre ceux de ses amis sonner à leurs tours. La pièce entière fut alors envahie de tintements et de vibrations. Suivant le geste de tous les jeunes présents, Adrian ouvrit le message qui comportait un cliché miniature en pièce jointe. Il eut à peine le temps de distinguer l'image qui s'affichait que des rires et des hoquets de surprise s'élevaient déjà autour de lui. Immédiatement, il comprit pourquoi : un numéro inconnu venait de lui envoyer une photo qui dévoilait presque entièrement un jeune homme nu dans sa douche. Le portrait était pris du dessus et Adrian n'eut aucun mal à reconnaitre la salle de bain du centre... ainsi que la personne photographiée. Lorsqu'il redressa la tête, il put remarquer que tous les visages étaient déjà tournés vers le garçon en question. Swann fixait son téléphone dans la même position que quelques instants auparavant et Adrian aurait pu croire que ce dernier jouait toujours à son jeu s'il n'avait eu les joues aussi écarlates. Le temps semblait s'être arrêté : les respirations étaient figées, attendant que Swann réagisse. Ou bien étaient-ils, comme Adrian, si choqués qu'ils se trouvaient eux aussi dans un état cataleptique. Soudain, le fracas d'une chaise qui tombait au sol fit sursauter l'ensemble des jeunes et Swann fusa hors de la pièce. Secoué par la surprise, Adrian sortit de sa léthargie et s'élança à la poursuite du jeune homme.

PARMI EUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant