Mois 8 / Semaine 1

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Les journées défilent lentement alors que nous dérivons en haute-mer, réfléchissant au meilleur moyen de conduire la reine en lieu sûr. Jusqu'ici, nous n'avons eu aucun signe du pirate français ou de quelqu'un de son équipage et on croise les doigts pour que cela perdure. Si nous n'avons toujours rien à la fin de la semaine, Cléo considère qu'ils ont abandonné toute envie de se battre pour la reine et que nous sommes libres de partir. Il s'agirait d'un code pirate dont je n'avais jamais entendu parler mais que, finalement, j'admire pour ces valeurs.

Notre invité d'honneur s'habitue plutôt bien à la vie à bord de l'Athéna. Si au début elle errait sans but sur le pont, cherchant à comprendre comment se déroule notre quotidien, maintenant, tout va mieux. Elle n'hésite pas à venir goûter nos plats pour s'amuser à améliorer nos recettes. En dehors des services, elle se joint à nos différentes parties de cartes et débat avec nous sur l'avenir. Si elle tient à garder sa supériorité et sa prestance de monarque, il lui arrive parfois de laisser tomber le masque pour ne devenir qu'une simple femme, dont la compagnie est très agréable.

En cet instant, je suis allongée sur le lit de Cléo, bien installée entre ses jambes alors que mon dos est calé contre sa poitrine. Ses mains tracent des cercles imaginaires sur mon ventre alors que les miennes caressent son bras. Les jumeaux s'agitent dans mon ventre pour venir au contact de la rousse, geste qui la fait sourire à chaque fois.

"Je sais que tu ne te sens pas à l'aise mais sache que je te trouve magnifique avec ton ventre arrondi. Je t'aime chaque jour un peu plus."

Je souris en entendant ces paroles qui me semblent plus sincères que tous les compliments que peuvent me faire les autres membres de l'équipage ou même la reine. Savoir qu'il vient de celle que j'aime me permet de reprendre un tout petit peu confiance en moi, juste assez pour que je profite un peu de ma grossesse, un conseil de Sacha que j'essaie de suivre.

"Moi aussi Cléo. Je t'aime tellement que parfois, je me demande comment je pourrais gérer tout cela si je ne t'avais pas. Je pense que j'aurais tenté de mettre fin à mes jours parce que...

-Je refuse de t'entendre dire de telles infamies. Je tiens trop à toi pour te laisser te dénigrer ainsi. Je suis sûre que malgré la surprise, tu serais restée forte et tu aurais élevé ces enfants avec brio. Je ne suis qu'une roue de secours à ton carrosse.

-Sachez capitaine que si moi, je n'ai pas le droit de me dévaloriser, alors vous non plus. Vous tenez ce bateau avec une main de maître et je vous admire plus que tout. Vous serez une super maman et j'ai hâte de te voir avec un de ces krakens. Tu imagines la famille que nous formerons ? Un pirate légendaire et inégalable, deux petits monstres à la fois mignons mais tellement épuisants...

-Et une sirène plus que magnifique."

Là-dessus, ses lèvres viennent retrouver les miennes dans un baiser passionné. Son corps déjà collé contre le mien commence à nous chauffer. Son bassin ondule contre mon bas dos et je sens le désir en moi. Il y a si longtemps que nous n'avons pas pu profiter d'un moment d'intimité toutes les deux et je commence à me sentir frustrée.

Avec l'arrivée de la monarque à bord, nous ne voulions pas déranger Sacha et Jen dans leur confort à cause de la petite et nous avons été dormir avec Cléo dans ma cabine, devant partager nos nuits avec Tony sur la couchette au-dessus de nos têtes. Finalement, lors du dîner, la souveraine est venue nous voir pour nous demander de rejoindre la cabine que nous lui avions laissée. Elle est trop altruiste pour nous laisser dans cette situation. Il faut dire que la couchette n'est pas très grande et que nous avions du mal à dormir ensemble. Mon ventre gêne au milieu mais m'est douloureux si je me tourne vers le vide. Notre invité de luxe a donc rejoint l'arrière de la cuisine pour la nuit, dans une joie non dissimulée.

Eaux troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant