Chapitre 5 : Riley

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Je n'en revenais toujours pas de l'audace de Cole. Il n'avait pas eu de mauvaises intentions d'après Christina, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui lui était passé par la tête pour se dire que cela était une bonne idée.

Un soir de beuverie interdit, je n'avais pas pu contenir plus longtemps le souvenir de Roxie et avait raconté toute l'histoire. Hilare, il m'avait d'abord traité de fou en compatissant pour la pauvre jeune femme. Puis, il avait compris que les émotions qu'elle m'inspirait n'étaient pas jouées, ni feint. Il avait vu mon sérieux concernant la jeune médecin. Je l'avais dans la peau mais me refusais ce bonheur, si bonheur il pouvait y avoir... Lorsqu'il comprit cela, il m'avait alors traité de lâche, plus concerner par la conversation. Je n'avais pas cherché à le contrer. Je l'étais. Il m'avait proposé de m'aider à reprendre contact avec elle mais j'avais refusé, à l'époque. Je n'avais pas été au meilleur de ma forme et je lui avais promis de ne pas l'oublier et la garder à l'esprit jusqu'à l'échéance de ma thérapie. Il avait été trop tôt. Cependant, je n'avais plus cette excuse pour moi, à présent. Aussi, je ne pouvais que faire face à ma lâcheté. Cette femme m'avait donné trois mois de sa vie pour me sortir de la merde dans laquelle je m'étais mise. Elle s'était entièrement consacrée à mon bien-être et mes soins, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je n'étais même pas sûr d'affirmer l'avoir remercié pour son dévouement. Je me rappelais de l'avoir fait pour Stephen et Gilbert mais pas à elle. Tout ce que j'avais fait, était de jouer au mâle alpha en plantant une graine, que j'avais espérée, voire germer, le temps de mon absence, pour qu'elle ne m'oublie pas. Je n'étais qu'un abruti !

Je fixais le morceau de papier que Christina m'avait donné, devant le nightclub, avec le numéro de téléphone du gars qui semblait pister ma jolie psychiatre. Je ne parvenais pas à détourner les yeux de celui-ci. Il était tentant de se laisser aller à composer ce numéro et collecter les informations que le type avait trouvées mais je craignais ces informations. Je n'étais, peut-être, pas prêt à faire face à ce genre de nouvelle. Qu'en dirait Roxie ? Qu'en dirait Karigan ? Qu'en pensais-je ?

Je pris le papier entre mes mains, les pensées tourmenter. Je restais ainsi un long moment, passant par des phases où l'envie de l'appeler était plus forte, ou par l'envie de balancer mon téléphone portable contre un mur. J'en avais assez. Je froissais le papier dans mon poing serré et le jeter à travers la pièce. Celui-ci s'échoua au milieu du salon, trop léger pour accomplir la tâche que j'aurais aimé qu'il accomplisse. J'en avais marre de tergiverser tout seul. Cela ne servait à rien. Cela était toujours la même chose. Les mêmes sempiternelles pensées. Roxie avait été une force lorsque j'avais dû me battre pour m'en sortir. À présent, elle était ma plus grande faiblesse. Elle me hantait et je n'avais pas le courage de revenir vers elle. Je ne savais même pas si elle pensait toujours à moi. C'était une femme extrêmement occupée. Sa vie n'avait rien de tranquille. Elle vivait à cent à l'heure dans l'unique but d'aider son prochain. Elle voyait énormément de monde, quotidiennement. Il ne lui serait pas difficile de passer à autre chose. Cependant, ce n'était pas son oubli qui m'effrayait. Je ne voulais surtout pas m'infliger la vision de l'homme qui, potentiellement, avoir la chance de vivre à ses côtés. Pourtant, je lui avais fait une promesse et, en quelque sorte, ne l'avais pas tenu en ne reprenant pas contact avec elle. Si elle avait longtemps pensé à moi, elle aurait eu une raison de passer à autre chose en ne me voyant pas revenir à elle, au bout de année de probatoire.

Je me faisais horreur à chaque fois que je pensais à elle. Cela expliquait mon acharnement à ne pas me focaliser sur le sujet et occulter ce problème. Néanmoins, cela ne me lâcherait jamais. Je le savais. Tant que je n'aurais pas la certitude qu'il n'y aurait rien à espérer de nous... de Roxie et moi, je ne pourrais pas passer à autre chose. Parfois, je me demandais si cela n'était pas une certaine peur de m'engager auprès d'elle. Il était vrai que je ne me sentais pas forcément à la hauteur de la jeune femme. Cela était impossible, après tout. Elle était parfaite. Personne ne lui arrivait à la cheville.

Je me pris la tête entre les mains avant de me lever pour arpenter mon salon puis décidais de quitter mon appartement.

Cole se plaignait régulièrement de mon zèle sur mes retards. Il allait être surpris de me trouver au salon, en avance, pour une fois. Je ne supportais plus de rester seul, enfermer entre mes quatre murs. J'avais besoin de prendre l'air et certains de nos clients n'étaient pas ravis d'avoir des rendez-vous aussi éloigner. J'allais les contacter afin de leur proposer un créneau dès mon arrivée. Cela m'aiderait à sortir du merdier dans lequel m'avait plongé la décision de Cole. Je savais que cela était une nouvelle fuite mais comment pouvais-je gérer cela ?

Même Karigan ne pouvait pas m'aider dans cette histoire, car il n'était pas au courant de l'attachement que j'entretenais pour Roxie. Je ne lui en avais jamais parler et il ne se doutait pas, un seul instant, de ce qui pouvait se passer entre sa collègue et moi. Je craignais, en lui parlant, qu'il ne s'en prenne à la jeune femme. Elle n'y était pour rien. Elle n'avait fait que son travail. Elle n'avait pas à payer pour mon obsession. Je m'entendais bien avec mon psychiatre. Cela m'emmerderait prodigieusement de devoir me disputer avec lui pour cela. Aussi, j'avais gardé le silence sur cette partie de l'histoire.

Je m'arrêtais prendre un café à emporter avant de me rendre au salon. Lorsque je l'atteignis, je commençais ma tâche. J'appelais chaque client qui avait cherché à faire avancer leur rendez-vous lors de leur prise de contact. Il était six heures du matin. J'en réveillais certain qui m'envoyait me faire foutre, à raison, d'autres qui déclinaient l'offre car ils s'apprêtaient à partir au travail. Jusqu'à tomber sur Lynn, une cliente régulière, et amie. Elle fut étonnée de mon appel mais accepta immédiatement, me demandant de patienter une petite demi-heure, le temps pour elle de se préparer puis passer au café pour se commander un café. Je lui répondis qu'il n'y avait pas de problème car il me fallait un certain temps pour préparer la salle et les éléments dont j'aurais besoin. Elle raccrocha et je me mis au travail. Cependant, cela ne m'aidait pas. Les choses étaient trop vives, trop concrètes. Chez moi, au sol, m'attendait un petit morceau de papier qui pouvait m'apporter certaines réponses qui me tourmentaient. Cette idée était trop présente dans mon esprit, presque insupportable.

Alors que je désinfectais le siège dans lequel Lynn allait s'installait pour les prochaines heures, mon téléphone portable vibra dans la poche arrière de mon jean. Surpris, je l'attrapais, étonné de recevoir un appel aussi tôt. Ma surprise s'accroissait lorsque je vis le nom qui s'affichait sur l'écran. Je décrochais.

- Qu'est-ce que tu fous au salon aussi tôt, putain ? Râla Cole.

- Je n'arrive pas à croire que Lynn t'ait appelé.

- Elle se demande pourquoi un connard la réveille pour lui proposer de la tatouer à six heures trente du matin.

- Elle avait besoin de toi pour me traiter de connard ? M'amusais-je de sa mauvaise humeur.

- Va te faire foutre ! Elle est ravie que tu l'ait fait. Elle est contente de ne pas attendre, finalement, mais, merde, Riley ! Qu'est-ce qui te prend ?

- J'avais envie de bosser. Tu devrais en être content, Boss.

- D'accord, tu as décidé d'être un parfait enfoiré, ce matin.

Je retrouvais un peu de sérieux et arrêtais de me payer sa tête.

- C'est de ta faute. Tu m'as pourri le crâne avec tes histoires. Tu n'as pas idée de ce que tu as provoqué, connard !

- Je n'ai pas fait ça pour te faire du mal, Riley, soupira-t-il.

- Je sais mais les conséquences sont les mêmes. Tu sais ce que j'ai pu apprendre d'elle, à l'époque ?

- Je dois sortir les violons ?

- Abruti ! Elle m'a appris à aller à mon rythme. Elle ne cessait de me répéter qu'il fallait apprendre à marcher avant de vouloir courir. Tu me forces à courir alors que je ne suis pas encore suffisamment stable sur mes deux jambes, Cole.

- Tu sais parfaitement marcher, Riley. Tu peux même courir, maintenant. C'est ta peur qui t'empêche de le faire, et moi, je suis là pour te mettre un bon coup de pied au cul pour te faire ouvrir les yeux parce que, mon pote, si tu ne te réveilles pas vite, tout ce que tu rêves d'avoir va te passer sous le nez et tu n'auras que les yeux pour pleurer. Je veux t'éviter d'en arriver là, même si pour ça, il faut que tu morfles un peu. Arrête de faire ta flipette et bouges-toi pour récupérer ta petite meuf... des nanas comme elle, d'après tes dires, ça ne reste pas seule, longtemps..., me remémora-t-il, puis ajouta avant de raccrocher, appel Anderson, Riley !

A spicy reconquest~Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant