Chapitre 39 : Riley

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Cela faisait cinq jours que je me préparais à ces retrouvailles. Stephen m'avait beaucoup aidé aux préparatifs de son anniversaire. Nous y avions inclus, ensuite, ses amis les plus proches afin qu'ils ne se sentent pas mis de côté. Cinq jours pour tout organiser. Cela avait demandé une logistique implacable mais cela en valait le coup.

Keyron et Kathy avaient abandonné l'idée de lui organiser quoi que ce soit. Ils m'avaient raconté, en long et en large, l'état préoccupant de leur amie. Ils se faisaient beaucoup de soucis pour elle. La nouvelle de mon amnésie l'avait grandement atteinte. Cela m'avait fait mal d'apprendre cela. L'envie de laisser tomber mes plans, pour aller la retrouver, m'avait empêché de dormir toute la semaine mais je n'avais pas flanché car, si ce que disait Kathy, Keyron et Stephen étaient vrai, elle aurait un cadeau auquel elle ne s'attendait pas.

J'avais quitté le Nevada pour rejoindre Boston après une nuit passer chez mon frère. Nous avions quelques différents à régler avant que je ne me permette de partir. Il n'approuvait pas ma relation avec Roxie. Il fallait que je comprenne pourquoi il était aussi vindicatif envers elle. Il avait fallu que je le pousse dans ses retranchements pour qu'il ose enfin parler. Il m'avait avoué ne pas accepter cette relation car cela m'éloignerait de lui. Nous venions de nous retrouver et il ne voulait pas que j'organise ma vie, si loin de lui. Après des heures de discussion, il avait fini par comprendre que rien ne pourrait m'éloigner de Roxie, que même amnésique, je ressentais son manque. Je lui avais promis que je reviendrais avec elle afin qu'il puisse voir en elle, ce que, moi, j'y voyais. Il l'aimerait.

J'eus une conversation avec Hansley, également. Elle souhaitait me parler de Roxie et de ses longues attentes dans les couloirs de l'hôpital. De ses interdictions à entrée dans la chambre parce qu'elle n'était pas de la famille. Du malaise a l'annonce de mon trou de mémoire, qui l'avait hospitalisé toute une nuit. Elle avait gardé ses distances avec elle, la voyant bien entourée. Cependant, elle avait pu voir le dévouement que celle-ci avait eu envers moi. Cela m'avait réchauffé de l'intérieur. Je savais que Roxie tenait à moi mais en avoir, encore et toujours, les preuves concrètes et réelles, étaient plus que réconfortant.

Elle ne cessait jamais de veiller sur moi.

Nous avions suffisamment souffert de notre relation. Rien n'avait été facile. Nous avions dû nous battre pour obtenir ce que nous méritions. À présent, je ne laisserais plus rien se mettre en travers de notre chemin. Cela fut une promesse que je m'étais faite lors de mon trajet retour.

Ainsi, je m'étais démené pour qu'elle puisse fêter son anniversaire comme il se devait. J'avais recruté Keyron pour aller la chercher avec un mensonge. Je n'avais pas été sûr que cela fonctionne mais elle avait, de toute évidence, baissé sa garde.

Je pouvais voir les cernes violacés lui manger le visage. Son éternelle expression confiante avait quitté son magnifique visage pour laisser place à une sorte de vide. Je comprenais mieux ce que voulaient dire ses amis, lorsqu'ils me l'avaient décrite. Lire cela sur ses traits me déchirait la poitrine. Elle souffrait et cela m'était insupportable.

Après avoir crié, dans une joie mitigée par l'apparente angoisse de sa colère, tout le monde se figea dans l'attente de sa réaction. J'étais immobile dans le fond de la pièce, cacher par l'obscurité de l'éclairage tamiser de la pièce. Le but était qu'elle ne m'aperçoive pas immédiatement car j'aurais aimé la regarder. J'aurais voulu voir ce que j'avais provoqué en elle pour mieux la lui retirer. Cependant, et malgré l'anonymat de ma position, elle m'avait ciblée, comme si elle pouvait sentir ma présence parmi toute cette foule. Je ne savais pas si elle pouvait me regarder dans les yeux mais j'avais l'impression que ses yeux pouvaient me percer à jour de toutes les manières possibles et imaginables. Cela était aussi perturbant que réconfortant.

Il fallut, à ses amis, quelques secondes pour comprendre que son manque de réaction n'était pas dû à la colère, ou à la surprise. Il y eut une dizaine de regards qui se braquèrent sur moi, indiquant qu'ils avaient compris la raison de la paralysie de leur amie.

La gaieté, qui devrait régner, faisait défaut à la soirée. Personne n'osait faire le moindre commentaire, ou mouvement. Les regards naviguaient entre la reine de la soirée et moi. Aussi, je me décidais à faire un pas en avant, puis un autre, jusqu'à sortir de ma cachette et me découvrir entièrement à la jeune femme. Celle-ci fit un pas en arrière, les yeux écarquillés et troublés. Sa concentration complète sur ma personne, je l'observais alors que j'entreprenais un nouveau pas dans sa direction. J'avais l'impression d'essayer de dompter un animal sauvage, nullement prêt à se laisser approcher. Je ne craignais pas son rejet. Elle voulait exactement la même chose que moi. Elle semblait seulement perdue.

Keyron l'attrapa par les épaules lorsqu'elle faillit le percuter après un nouveau pas en arrière. Elle pivota dans un sursaut pour le zieuter. Quand elle revient à moi, le voile du trouble avait quitté ses yeux. Sa respiration s'accéléra et des larmes commencèrent à emplir ses yeux. Avait-elle cru me rêver ?

Keyron s'abaissa au niveau de son oreille et lui murmura quelques mots que je ne pus distinguer avant de se relever. Il hocha la tête dans ma direction et s'éloigna de Roxie, pour aller rejoindre sa sœur. Dans ce geste, il me la confiait. Il me confiait son bien-être, son bonheur et son avenir. J'avais l'approbation du plus rébarbatif de ses amis en mon encontre.

Je comblais le dernier écart que me séparait d'elle et me figeais devant elle. Je ne voulais pas la brusquer. Je voulais qu'elle vienne à moi lorsqu'elle serait prête. Aussi, je lui laissais le temps d'appréhender ma présence, sans la pousser. S'il lui fallait toute la nuit pour cela, je m'en accommoderais. Après tout, j'avais eu une semaine pour me préparer à la revoir. Pas elle. Alors peu importaient, les douleurs dans mon dos. Peu importait, la fatigue de mes jambes encore endolories. Je ne bougeais pas d'un pouce, la laissant me scruter de haut en bas, comme si j'étais un foutu fantôme.

Ils m'avaient averti qu'elle avait commencé à se préparer à ne plus jamais me revoir. Elle avait, très souvent, pleuré dans les bras de ses amis en répétant cela, comme une litanie.

Me retrouver parmi tous ses proches devait être un choc, en sachant cela.

Elle finit par reporter son attention sur toutes les personnes présentes dans la salle du restaurant. Elle fit attention à chacune d'entre elles, leur accordant de longues secondes d'attention avant de passer au suivant. Aucun mot, aucune expression. Rien. Elle cherchait seulement une branche à laquelle se raccrocher.

J'étais là, à quelques centimètres d'elle. Je serais toujours là lorsqu'elle aurait besoin d'une personne solide à qui s'accrocher. Néanmoins, je ne fis aucun mouvement. Elle devait s'en rendre compte par elle-même.

Son regard s'attarda un peu plus longtemps sur Stephen. Celui-ci lui offrit un sourire avant de hocher la tête lentement, comme un signe d'assentiment. Elle avait confiance en lui. Elle savait qu'il était devenu, aussi, mon ami. Toujours aussi perdue, elle se tourna, de nouveau, voir moi et me tendit sa main avec un sourire forcée.

Je fronçais les sourcils, face à cette main aux longs doigts fins et crispés. Avant même que je ne pus le décider, ma propre main se leva pour serrer la sienne. Il y eut une chose qui mourut dans le regard de la jeune femme, à cet instant. Une chose qui l'abattit instantanément.

Je compris où était mon erreur...

Sa main toujours dans la mienne, je la tirais à moi et entourais son corps de mes bras. Elle pensait avoir toujours à faire au Riley amnésique. Elle faisait attention à ne rien me dévoilé pour mon bien. Elle ne savait pas que j'avais retrouvé toute ma mémoire. L'étincelle qui venait de disparaître dans son regard était dû à son constat erroné, que je m'étais empressé de corriger.

Surprise, elle s'immobilisa et levait la tête, la mine perplexe mais je ne lui laissais pas le temps de dire quoi que ce soit et l'embrassais comme si ma vie en dépendait.

Nous avions fait face à de nombreuses épreuves, que cela soit en solitaire, ou ensemble. La souffrance avait primé dans notre relation. Je refusais de voir plus longtemps la douleur, ou la méfiance, dans ses yeux.

En ce baiser, j'exigeais la paix, et le bonheur, dans ma vie... la paix, et le bonheur, dans la sienne... et la paix, et le bonheur, de notre couple... et cette fois, pour de bon !

A spicy reconquest~Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant