Chapitre 12 : Roxie

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Je pensais d'abord halluciner puis j'avais détourné le regard pour voir si Stephen voyait la même chose que moi et celui-ci m'avait confirmé qu'il était bien là par une phrase dont je ne me serais jamais attendu. Ainsi donc, Riley était l'ami en question. Celui pour qui Stephen avait annoncé ne plus être autant disponible pour les prochains jours. Que faisait-il ici ?

Je me repris en battant des paupières, sûre, à présent, de ne pas être victime d'une perte massive d'esprit. Je me forçais à étirer mes lèvres dans un sourire poli alors qu'un raz-de-marée s'agitait en moi. Je le regardais de haut en bas, surprise par les changements qu'il avait opérés sur son physique. Il avait repris du poids, ce qui était une excellente chose. Cela démontrait bien qu'il n'avait pas replongé. De nouveaux tatouages avaient fait leur apparition. De là où je me tenais, je ne pouvais que détecter ceux de son cou. Auparavant, il n'en avait qu'un seul, à cet endroit-là. À présent, il ne restait plus aucune place de libre pour un nouveau tatouage. Sa peau vierge n'était plus visible. Il n'avait plus du tout cet aspect négligé, non plus. Vêtu d'un jean noir et d'un tee-shirt de la même couleur, il semblait s'être trouvé dans ces tons obscurs. Par le passé, il m'avait troublé par son magnétisme. À cet instant, cela était son aura sombre qui était le plus prenant. Il me fixait avec tant d'intensité que je devais lutter pour ne pas baisser les yeux.

- Je vois que ta nouvelle vie t'apporte beaucoup, Riley, finis-je par parler lorsque je recouvris la voix.

Il fit un nouveau pas en avant.

- C'est vrai. Du moins, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il le manquait quelque chose pour combler ce nouveau quotidien.

Sa voix morne, de l'époque, avait laissé place à l'assurance qu'il affichait fièrement. Je ne m'attendais plus à le revoir après ces mois sans avoir de ses nouvelles. J'avais mis longtemps à m'avouer, à moi-même, que j'attendais cette date butoir jusqu'à comprendre qu'il ne reviendrait pas. Cela avait difficile. Il m'avait fallu digérer le fait qu'inconsciemment, je l'avais attendu, puis le fait que cela était en vain. Pourtant, il se trouvait, bel et bien, devant moi, à me fixer aussi férocement que le jour de son départ. Elijah revint à ma mémoire. Je me raclai la gorge et me concentrer sur cet homme qui, lui, était une présence fiable et stable... bien plus rassurante que l'homme ténébreux qui se trouvait face à moi.

- Ça fait plaisir de te revoir comme ça. J'espère que tu as pu trouver ce dont tu avais besoin dans le Nevada, dis-je en faisant fi de sa dernière phrase, sachant précisément où il voulait en venir.

Je me remis au travail tout en poursuivant, préférant me contenter d'une conversation bateau.

- Tu es de passage pour un court séjour ?

- Je resterais le temps qu'il faudra, laissa-t-il planer en se rapprochant de plus en plus, dans mon dos, qui se crispait à ses mots.

Autant dire que Riley était un homme déterminer. Il me l'avait prouvé par le passé. Cela n'annonçait rien de bon. Dire que cela n'éveillait pas les sursauts dans ma poitrine, serait mentir, mais je choisissais de ne pas y prêter attention. Je ne relevais pas mais me tournais brutalement dans sa direction lorsqu'il apposa ses deux mains sur mes épaules.

- Très bien ! Nous avons besoin d'une conversation sérieuse, toi et moi, mais pas ici. Je suis occupée. Ma patiente a besoin de moi, pour le moment. De plus, je n'ai aucunement l'intention d'exposer ma vie privée devant elle. Alors garde tes distances en attendant, exigeais-je.

Il leva les deux mains en l'air, avec un sourire en coin, et recula de trois pas, me laissant l'espace nécessaire pour respirer autre chose que son odeur enivrante. Lorsque je lui tournais, à nouveau, le dos, j'entendis un petit ricanement léger parvenir à mes oreilles. Je le fusillais du regard avant de tenter de me concentrer sur Firley. Celle-ci avait suivi la scène en essayant de contrôler les douleurs qui secouait son corps.

- Les calmants vous aident suffisamment à supporter la douleur ?

Elle hocha la tête en déviant le regard sur l'homme derrière moi. Ses yeux naviguaient entre lui et moi avant d'abandonner ses interrogations. Il était hors de question qu'elle se permette à s'immiscer dans ma vie privée, aussi je ne l'encourageais pas dans ce sens. Je tirais la chaise près du lit et m'installais à ses côtés avant de me tourner, une dernière fois, vers Riley.

- Tu peux nous laisser ?

Il acquiesça lentement, sans jamais me lâcher du regard.

- Je vais t'attendre en compagnie de Steph, m'informa-t-il, à mon grand dam.

J'attendis qu'il atteigne l'autre bout de la salle pour donner à Firley toute l'attention dont elle avait besoin.

- Comment vous sentez-vous ? Vous êtes confortablement installée ?

- Oui mais je ne suis pas sûre d'être suffisamment forte pour y arriver, docteur Adams, s'inquiéta-t-elle.

- Je serais confiante pour nous deux, alors. Faites-moi confiance. Je vais vous sortir de là et vous pourrez retrouver Jody dans les meilleures conditions.

- Ça fait très mal. J'ai envie d'une dose, plus que n'importe quoi, gémissait-elle en grimaçant de douleur.

- Je comprends, soufflais-je, détestant ces moments d'un sevrage. La souffrance ne sera pas toujours là, madame Firley. Vous allez aller de mieux en mieux. Je vous le promets ! Laissez-nous faire et vous en serez guéri.

- Où est Jody ? Pleura-t-elle. Je veux voir ma fille.

- Je n'ai pas de nouvelle d'elle mais je vous promets, également, de me renseigner et de vous donner de ses nouvelles régulièrement. Pensez fort à elle ! Cela vous permettra d'obtenir la force de résister plus facilement.

Elle se tortilla difficilement pour zieuter en direction des deux hommes qui discutait silencieusement.

- C'est un ancien patient à vous ? Il en est passé par là ? Chercha-t-elle à savoir.

- Je suis désolée, madame Firley, mais je ne suis pas autorisé à discuter de cela avec vous. Le secret médical s'applique en toutes circonstances.

- Ce qui se passe ici, n'est pas autorisé, n'est-ce pas ? Vous risquez votre boulot en agissant ici ?

- En effet...

- Pourtant, vous continuez à vous accrocher à ce secret médical.

- Seuls, mes patients sont importants ici. Vous, compris.

- De toute manière, vous avez répondu à ma question sans le vouloir...

Elle essaya, de nouveau, de regarder les deux hommes.

- Il semble ne pas être addict. Il semble seulement être tourmenté. Vous l'avez sorti de cette merde..., comprit-elle, me prouvant qu'elle avait des capacités d'analyse profonde. Je vous fais confiance pour me sauver et sauver ma fille, déclara-t-elle, après quelques secondes.

Je détournais le regard sur Riley et découvris que celui-ci m'observait invariablement, de loin. Sa présence semblait avoir convaincu Firley de cesser de lutter. Sa présence avait eu bon d'être pratique. Cependant, la chose dans ma poitrine n'était pas de cet avis.

Il y avait sept mois et vingt huit jours, j'avais regretté de ne pas le trouver à la porte de mon cabinet, de ma maison, ou même de l'annexe. À présent, je regrettais qu'il se soit décidé, mettant à mal, le peu de quiétude que j'avais pu construire...

j'aurais dû, dès l'avoir vu dans cette salle, exiger son départ... Pourtant, les yeux plongés dans les siens, je sus que je n'en serais jamais capable... 

A spicy reconquest~Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant