Chapitre.3

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Le bal venait à peine de commencer qu'on la contraignait déjà à subir les railleries de certains. Ayant pris place à côté de Lady Chapmann et la comtesse d'Ederlay, sur un des fauteuils de la salle, Gemma essayait de cacher tant bien que mal sa frustration. Elle n'arrivait pas à détacher son regard du coin où se trouvaient son époux et Lady Baldwyn. Rien que de voir cette main gantée posée sur l'avant-bras d'Alan, cela l'irritait profondément.

— Et dire que lorsque j'avais eu le malheur d'avoir ce même comportement, son regard méprisant s'était posé sur moi...se murmura-t-elle à elle-même en serrant des dents.

Lydia réagit à ses paroles.

— Ne fais pas une fixette sur le passé, tu étais déjà au courant que le marquis ne t'apprécie pas autant qu'elle.

— Lydia ! tonna la douce voix de Lady Chapmann à leurs côtés. Excuse-toi auprès de la marquise pour ta maladresse.

Gênée, la comtesse se retrouva à bredouiller des excuses à l'adresse de son amie.

— A l'avenir, mesure tes paroles Lydia. Merci, lui recommanda Gemma en plissant légèrement ses yeux, mécontente.

— Je sais mais...cela m'agace de te voir ainsi, répondit la comtesse en affichant un regard tristement abattu sur son visage en porcelaine.

— Mais ça ne te donne pas le droit de dire tout ce que tu penses à haute voix, reprit Joleen.

— Je le sais. Et je me suis excusée !

— Cela suffit ! gronda la voix coléreuse de la marquise qui n'avait pas le cœur à entendre leur chamaillerie.

Elle connaissait suffisamment Lydia pour savoir qu'elle n'avait jamais appris et n'apprendrait jamais à mesurer ses paroles. Et concernant Joleen, elle était tellement attristée par son sort qu'elle ne supportait pas que leur discussion s'attarde sur sa relation avec le marquis. Elle évitait même de parler de sa propre amourette.

— Souhaites-tu que nous nous retirions dans un des boudoirs ? demanda Lady Chapmann en prenant l'une de ses mains.

Gemma se dégagea brusquement d'elle en fronçant davantage des sourcils.

— Voudriez-vous cesser de me regarder avec ces airs accablés sur vos visages ? En effet, cette situation me déplait autant qu'à vous mais je ne veux surtout pas que mes propres amies me prennent en pitié.

Lydia et Joleen se raclèrent la gorge en échangeant un regard.

— Je ne vais pas fuir le bal et encore moins me morfondre. Il fallait que j'accuse le coup je ne m'attendais seulement pas le faire aussi tôt dans la soirée, continua la marquise en finissant par se lever.

— Lord Melbourn est le suivant sur ta liste, n'est-ce pas ? s'enquit Lydia en baissant son regard sur son livret.

Gemma le prit immédiatement afin de vérifier ses dires. En le feuilletant, elle finit par s'arrêter sur une petite page et lut à haute voix :

— Non, c'est Lord Lenster.

En levant ses yeux, la marquise commença par le chercher autour d'elle puis son regard se développa plus loin dans la gigantesque pièce. Bien sûr, s'il ne réclamait pas sa danse avant que la mélodie ne commence à jouer, elle le rayerait de sa liste.

— Ma Lady, puis-je avoir l'honneur de vous inviter à danser ?

Gemma tourna sa tête. Elle fut tellement surprise de le voir devant elle que la jeune femme hoqueta et se retrouva face à lui, les deux mains devant sa bouche. N'était-ce pas...l'homme qu'elle avait malencontreusement heurté au théâtre de Drury Lane ?

Clé de mon CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant