Like him (2022)

9.

J'ouvre les yeux et un sentiment bizarre s'installe en moi. Les draps noirs réchauffés par la chaleur de mon corps me font gémir.

Sur une chaise, devant l'armoire en chêne, toutes mes affaires sont posées.

Je n'ai aucun souvenir de la nuit dernière.

Quel jour sommes-nous ? Et d'abord, où suis-je ?

Je me lève brusquement et la lumière extérieure m'aveugle. Je crois que je suis dans la chambre de Grayson.

Je ne suis plus vêtue que d'un t-shirt et de ma culotte.

Il m'a déshabillé ?

Je sors du lit et je vais mettre mon pantalon, laissant le t-shirt que je porte.

Après ça, je m'assieds sur le matelas et j'observe cette chambre.

Qu'est-ce que c'est grand. Je n'avais jamais remarqué.

Je suis tentée de regarder plus en détails. Tout est exactement comme la dernière fois, excepté cette chaise, celle sur laquelle il était assis, dans le coin de la pièce pendant qu'il me... me regardait dormir ?

Je saisis mon téléphone sur la table de nuit et je constate que j'ai des tonnes de notifications et messages.

Solène -------) Hello ! Évite de broyer du noir, si besoin, appelle-moi !

Téo -------) Salut ! Je m'inquiète un peu, tu vas bien ?

Mon Maître -------) Descends quand tu es réveillée, je n'ai pas envie de t'attendre.

Ces messages sont très mignons sauf que... attends quoi ?

« Mon Maître » ?

Je saisis le clavier de mon téléphone et je relis au moins deux fois le message avant de me décider à répondre.

Moi -------) Qui est-ce ?

Une réponse apparaît presque instantanément.

Mon Maître -------) Pas très perspicace, demoiselle. Tu es chez qui, là ?

J'éclate de rire et j'ouvre la porte.

Je descends les escaliers étroits et j'arrive dans une grande pièce de vie. Tout est somptueux, si je ne le voyais pas de mes propres yeux, je n'aurais jamais cru que c'était sa maison.

J'arrive dans la cuisine, Grayson est attablé. Quand j'entre dans la pièce, il ne lève même pas les yeux pour me saluer. Je me racle bruyamment la gorge en essayant d'attirer son attention.

-Tout va bien ? Je demande en espérant une réponse.

-Je pensais avoir été clair, Esmée, lance-t-il sur un ton froid, tais-toi.

Esmée.

C'est la première fois qu'il m'appelle par mon prénom depuis notre rencontre.

Grayson pose son téléphone sur la table et me dévisage pendant de nombreuses secondes.

-Alors, commence Grayson, dis-moi tout, pourquoi tu as bu, hier soir ?

Je fronce les sourcils, il est vrai que j'ai mal à la tête, mais il ne me semble pas avoir bu, la nuit dernière.

Je vois ses traits se durcir, il paraît impatient d'avoir ma réponse.

Sans que je comprenne pourquoi, les mots paraissent incapables de sortir de ma bouche.

Je sursaute quand il tape des poings sur la table et que les assiettes font un bruit sourd.

-Tu voulais que je te parle alors, putain, réponds-moi !

-Je n'en sais rien, j'essaye d'articuler, je n'ai aucun souvenir de la nuit dernière.

-Et tu vas me faire croire que toi, Esmée Tahia, un jeudi soir en plein mois de novembre, va dans les bars et se prend une cuite toute seule ? Ricane-t-il.

-Novembre ? Je demande, incrédule.

-Ouais, on est en novembre, se moque-t-il. Tu es vraiment une lumière, toi.

Génial, encore une fois, je passe pour une idiote.

-Donc, reprend-il, Esmée, quel est le problème ?

-On est le dix, n'est-ce pas ?

-Ça ne répond pas à ma question ça, putain !

-Réponds à la mienne d'abord, nous sommes le dix, n'est-ce pas ?

-Effectivement.

-C'est bien ce que je pensais, je me lamente.

-Quel est le problème ?

-Mon copain est porté disparu, ça faisait deux ans, hier...

-Et alors ?

-Pardon ? J'articule difficilement, je crois que je commence à manquer d'air.

-Ainsi, si je ne me trompe, tu as bu pour un mec ? C'est pathétique.

-Ce mec, c'est l'amour de ma vie.

-L'amour n'existe pas, c'est une utopie.

Je crois que ce sont les mots les plus absurdes que je n'ai jamais entendu de ma vie. Sérieusement, il pense vraiment ce qu'il dit ?

-Tu ne sais pas de quoi tu parles. Je réponds froidement avant de marquer une pause tandis qu'il prend son verre entre ses mains. Tu ne sais pas ce qu'il y avait entre lui et moi. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi formidable.

Je sursaute alors que son verre explose entre ses mains, celles-ci commencent à devenir rouges et cisaillées.

-Ton admiration envers ce type est flippante.

-Correction, tu es flippant.

-Je vis juste dans le monde réel, les grandes histoires d'amour, c'est seulement dans les films.

-Écoute, je ne vais pas débattre de ça avec toi.

-Eh bien, tu devrais. Il n'est en rien difficile de faire du mal à une personne qui croit en l'amour.

-Je ne comprends pas où tu veux en venir.

Je me lève et il fait de même.

Il avance de quelques pas dans ma direction et je recule.

Je tiens à laisser une distance entre ce type et moi. Hélas, sans que j'aie le temps de faire quoi que ce soit, il réduit la distance à néant, m'attrape le bras et me serre contre lui.

Il colle sa bouche contre mon oreille et je sens son souffle taper contre celle-ci avant qu'il se mette à murmurer.

-Tu comprendras bien assez tôt.

-C'est une menace ? Je murmure à mon tour.

-Non, une promesse.

Puis, il me lâche, part dans une pièce et s'enferme à l'intérieur.