« On ne sait jamais ce qu'on va trouver derrière une porte. C'est peut-être ça, la vie : pousser des portes. » Alberto Espinosa Puig.
Je n'aime pas la rentrée scolaire. Enfin, qui aime la rentrée scolaire ? Personne, ne cherchez pas loin.
C'est pas parce que c'est la reprise des cours, non, rien à voir. J'aime bien apprendre et j'adore mes professeurs. Non, le souci n'est pas là. Ce que je déteste, c'est de revoir toutes ces têtes d'hypocrites. Entendre à longueur de journée les « Han, tu m'as tellement manqué ma chérie » sortir de la bouche immonde de toutes ces menteuses, ces faux-cul hyper maquillées pour tenter vainement de se taper la moitié du lycée. Revoir la tête de tous ces moutons qui fument de l'herbe parce que c'est stylé, qui en touchent pas une en cours parce qu'être intelligent c'est devenu ringard, qui se défoncent la tête à la vodka tous les weekends pour paraître populaires. Entendre les résumés de vacances des gosses de riches à Bora-Bora qui arrivent encore à se plaindre parce qu'ils n'ont pas le dernier smartphone en vogue. Tout ça, là, je déteste, je hais. Mais cette année, c'est la dernière. Heureusement.
Pour une fois, il fait bon sur Paris. Une once de bonne humeur sur cette journée pourrie. Le lycée n'est pas loin, alors je marche, seul. A l'école aussi je sais déjà que je serai seul. Enfin, je traînerai avec des gens qui ne comptent pas spécialement pour moi, les filles et les mecs un peu mal dans leur peau, pas trop à l'aise avec le monde social. Je les aime bien, mais sans plus. Je ne suis pas le genre de mec attachant ni qui s'attache facilement.
J'ai des écouteurs branchés à mes oreilles et je rentre dans la cour du lycée en tentant d'éviter tout ceux que je déteste (inutilement, ces énergumènes sont partout). J'entrevois quelques personnes que je connais, je me dirige vers eux d'un pas lent.
- Alors, ces vacances, Rom' ?
C'est Lisa la Muette. Enfin pas si muette. Elle ne parlait qu'à moi, allez savoir pourquoi.
- Comme d'habitude, ai-je marmonné.
En résumé : je n'avais rien fait des vacances, à part rendre visite à ma grand-mère en Bretagne. Ô joie ! La sonnerie, objet de délivrance comme de punition, retentit et tous les moutons s'alignèrent gentiment pour entrer dans la bergerie. Charmante image typique de la rentrée scolaire, souvent ponctuée d'un « J'espère vraiment qu'on sera dans la même classe, ma chérie ». Répugnant, c'est le maître mot.
Cette année dans ma classe, il y a Lisa la Muette et Thomas, un mec un peu spécial qui donne l'impression qu'il n'est vraiment pas seul dans sa tête, mais qui reste super cool malgré tout. Les autres, je m'en fiche un peu. Lisa est assise à côté de moi et Thomas est tout seul. Notre professeur fait l'appel avant de commencer, et quand il arrive au nom de Roméo Delamalle, je lève docilement la main. Et au même moment, la porte s'ouvre à la volée pour laisser entrer le directeur et son air de vieux fou ainsi qu'un garçon, visiblement un nouveau, qui était en retard.
- Excusez-moi d'interrompre le début de ce cours, monsieur Dupuis, mais je vous apporte un retardataire. Va t'asseoir, gamin.
La tête baissée, le garçon s'avança jusqu'à la dernière rangée de banc, s'installant à côté de Thomas. Il s'appelait Julien Falco, le petit nouveau. Lui, je le voyais déjà bien du genre à trainer avec nous. Il était rouge de honte en arrivant en retard et n'avait pas dit un seul mot à Thomas. Je lui accorde tout de même le fait que Thomas avait l'air particulièrement spécial à première vue et que l'aborder était très difficile, mais tout de même. Un petit effort ne faisait pas de tort. Mais je ne voulais pas trop le blâmer : être nouveau en terminale, alors que tout le monde se connait déjà, c'était pas évident du tout.
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Roméo et Julien
Novela JuvenilRoméo et Julien sont amoureux. Un amour vrai, un amour pur, pas juste une amourette, non. Eux, c’est pour toujours. Mais malheureusement, leurs deux familles, en plus de se haïr mystérieusement, détestent les homosexuels. Détester… le mot est faible...