Chapitre quatre

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n'oubliez pas le vote qui fait chaud au coeur


Au théâtre

Je cherche les meilleures façons de se remettre d'une rupture. Parce que c'est comme ça que je le vis. Je viens de perdre des personnes que je considérais comme des membres de ma famille et je n'ai personne d'autre pour me consoler. La première chose à faire est de cesser d'idéaliser ces personnes. Je me  force donc à faire une liste de leurs défauts. Mais ça ne me correspond pas, mon père m'a appris à voir le positif chez les gens et à ne parler que du bien qu'il y a chez eux. Je passe donc à la deuxième étape, bien dormir. Vous pouvez être tentés de repenser à cette personne et de vous coucher tard. Imposez-vous sévèrement un bon rythme de sommeil sinon les autres domaines de votre vie en pâtiront. Pourquoi ne pas lire un livre une heure avant l'heure de dormir ? J'emprunte donc pour la première fois un livre en français qui ne concerne pas la grammaire d'une autre langue, à la bibliothèque. La dernière étape consiste à ne pas chercher à avoir des nouvelles des personnes en question. Je préviens donc ma mère que je ne parle plus à Sultan. Elle réagit bien.

─ Les gens grandissent et changent, je comprends.

Rien de plus, rien de moins. Je retourne dans ma chambre et fais une liste des points positifs à ma vie depuis que je n'ai plus d'amis. Mes notes se sont améliorées. Je passe moins de temps sur les réseaux sociaux. J'ai obtenu la certification Cambridge, C1. Je me suis amélioré en espagnol. Ma mère a trouvé un meilleur travail. Je passe plus de temps avec mon père. Voilà. C'est très bien. Juillet commence avec une nouvelle passion, le roller. J'en achète d'occasion et je vais partout avec. Au skateparc, au super-marché, au city. L'endroit où je préfère en faire, c'est à la rue Rivoli. Il y a des professionnels et ils me conseillent toujours, bien que j'en fasse juste pour m'amuser et profiter du soleil.  Je réalise que les conseils recherchés sur Google pour me remettre d'une rupture fonctionnent lorsque je vois Sultan et Inès entrer dans la station de métro Louvres-Rivoli. Ils sont de dos mais je les reconnaitrais entre mille. Sultan et sa démarche assurée, Inès et ses longs cheveux bouclés. Je laisse une distance afin qu'ils ne me voient pas, les observe rire ensemble et prends le métro suivant. Rien. Pas un pincement au coeur. Juste une légère joie de voir qu'ils sont tout les deux heureux. J'ai oublié les moments où je tapais Sultan parce qu'il finissait ses phrases par « ma future femme » ou encore ceux où on se disputait pour le nom de nos enfants. Je ne lui ai jamais dit clairement ce que je ressentais, mais il le savait car en quinze ans d'amitié il y avait eu quelques moments où j'avais baissé ma garde. Je tapote mon cou et mes ongles rencontrent la topaze, cadeau qu'il m'a offert peu après ses quinze ans. 

« ─ C'est ton anniversaire et c'est toi qui m'offre un cadeau ? » lui ai-je demandé pendant qu'il l'attachait.

Je ne l'ai jamais enlevé. Cette pierre est si proche et pourtant ce souvenir vient de si loin. La veille de la rentrée, le stress est total. Je tourne en rond dans notre petit appartement et je fais du rangement inutile. Je sors une tasse, j'ai besoin d'un thé. Je suis incapable de l'avaler, il se refroidit sur la table basse de notre salon et je me lève pour le chauffer. Le schéma se répète trois avant que ma mère en ait marre de me place une boîte en plastique pour glaces contenant du kifto. 

─ Au lieu de t'agiter partout comme un moustique, dépose ça chez Seada. Elle ne se sent vraiment pas bien depuis quelques jours.

J'attrape la boîte, mets mes chaussures et dévale quelques escaliers. Je toque trois coups mais personne ne répond. Un autre, la porte s'ouvre sur tante Seada. 

─ Comment va ma fille ?

Elle me laisse entrer et je la vois boiter tout en se tenant le ventre.

─ Bien et toi i'nat ?

UdaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant