7 novembre 2022, Sao Paulo
Esteban's pov
23:38Je salue James et lui souhaite une bonne nuit avant de me diriger vers le garage. La course s'est terminée il y a quelques heures mais je dois aller chercher mes affaires suite au débrief avec les ingénieurs. J'ai hâte de me poser à l'hôtel et de souffler un bon coup.
Il reste encore une course, à Abou Dhabi, et la saison 2022 sera finie. Je suis content de cette année. On s'est battu du mieux qu'on a pu.
Du changement va apparaître en 2023 avec le départ de Fernando et l'arrivée de Pierre. Je ne sais pas trop comment aborder tout ça mais je suis content, pour tout ce que ça représente pour la France, pour l'équipe, et pour les supporters. J'essaye de ne pas être égoiste sur ce coup.
Parce que la vérité c'est que ça me fait mal au coeur d'imaginer Alpine et mon quotidien sans Fernando.
On s'est rapproché au cours de nos deux ans en tant que coéquipiers. Je ne saurai pas expliquer comment mais c'est arrivé. On a couché ensemble à plusieurs reprises et on est plus ou moins en couple, enfin je crois. On a jamais vraiment eu une discussion à ce sujet là. Je suis juste heureux avec lui, alors j'ai décidé de ne pas en demander plus pour le moment. La situation me convient, et ça lui convient aussi. Enfin, ça en a l'air.
Les lumières sont encore allumées quand j'entre dans le garage. Quelqu'un doit encore être en train de bosser parce que j'entend les outils s'entrechoquer. Je n'y prête pas plus attention et me dirige vers ma partie de l'installation.
Je me stoppe dans ma mission de récupérer mes affaires lorsque j'entend la voix de Nando. Il doit parler au téléphone parce que j'entend pas de réponse. Je m'approche de sa partie du garage pour aller le voir. Je ne sais pas si on va se revoir durant la semaine donc je veux en profiter pour proprement lui dire au revoir au cas-où.
Lorsque je pousse doucement la porte de sa salle d'entraînement je le découvre, dos à la porte, assit sur sa table de massage. Il est au téléphone, comme je l'avais deviné. Il parle en anglais donc je ne sais pas qui est au bout du fil. Je profite du fait qu'il ne m'ait pas vu pour m'approcher et aller l'embrasser dans le cou.
«Vivement que je sois plus dans cette équipe. Je compte les jours.»
Je reste stoique, extrêmement surpris ce que je viens d'entendre. Son rire est la seule chose qui brise le silence de la pièce. Je croyais que Fernando adorait Alpine. Alors qu'en fait, il compte les jours avant son départ ? Il a l'air si excité à l'idée de partir. Je croyais qu'on était en train de construire quelque chose alors que lui attend juste de se casser ? L'air commence à me manquer. Faut que je sorte d'ici, et vite.
Je fais demi-tour et me tape le genou dans la table dans la précipitation. J'entend mon coéquipier appeler mon nom, surpris. Je ne répond rien et vais chercher mes affaires avant de partir. Je refuse de lui adresser la parole. J'en ai assez entendu pour aujourd'hui.
En moins de quarante minutes je suis de retour à l'hôtel, dans ma chambre. Je suis directement parti sous la douche. J'avais besoin de me rafraîchir les idées.
Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi Fernando a dit ça. Je décide de ne plus penser à cet idiot et coupe l'eau qui me coule dessus depuis plus de cinq minutes. J'ai besoin de repos. Et de ne plus penser à tout ça.
J'enfile un short et vais me coucher. Je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration.
Un coup à la porte interrompt ce moment de détente. Je souffle, sachant déjà qui est la cause de ce coup. Je me lève, énervé, et m'approche de la porte pour qu'il m'entende.