chapitre 6

319 17 3
                                    


Cela fait maintenant une semaine que je travaille avec Owen, et honnêtement, j'avais beaucoup trop appréhendé sa venue au café alors que tout c'est finalement bien passé. Aucune remarque déplacée, aucun sous-entendu. Bien évidemment, on ne parle pas de notre passé commun mais je crois que c'est mieux comme ça sinon je risque de culpabiliser et de le pardonner. Je m'habitue à la présence de mon ancien meilleur ami. C'est bizarre d'échanger des banalités au travail alors qu'il connaît tous mes secrets et qu'il était le centre de mon monde. Mais c'est ainsi, alors nous faisons comme si de rien n'était.

Nous avons toujours fonctionné de la façon suivante :

- Après s'être confié l'un à l'autre, faire comme si de rien n'était ;

- Après s'être embrassé, faire comme si de rien n'était ;

- Avant qu'il parte, faire comme si de rien n'était ;

- Et enfin, après son départ, j'ai fait comme si de rien n'était ; comme si mon soleil n'avait pas arrêté de briller...

Nous sommes dimanche matin, Eden est toujours endormie alors que nous avons quelque chose de prévu aujourd'hui. Je la laisse tout de même dormir, elle attend impatiemment le week-end depuis que ses cours deviennent de plus en plus difficiles.

Je me dirige donc dans la cuisine et décide de faire des pancakes. J'en fais très souvent alors à force je connais la recette par cœur.

Je m'attelle à la préparation, cassant les œufs, versant la farine, mélangeant l'arôme de vanille, et une fois que ma pâte est bien lisse, je sors une poêle du placard et je la met sur le feu. Puis, louche par louche je verse la pâte sur la poêle graissée, laissant cuire les pancakes quelques minutes de chaque coté. L'odeur du petit déjeuner embaume tout l'appartement. Une odeur de sucre avec une légère touche de vanille.

La vanille : son odeur, l'odeur d'Owen. Lorsque nous étions adolescent, il sentait déjà cette odeur si particulière et rassurante mais aujourd'hui son odeur se rapporte à quelque chose de plus masculin, de plus protecteur, possessif mais toujours avec cette touche de vanille envoûtante.

Alors que je retourne le dernier pancake, Eden sort de sa chambre vêtue de son pyjama. Un ensemble en soie noir, c'est un cadeau de sa grand-mère.

Elle s'étire, baille avant d'annoncer :

- C'est le meilleur des réveils !

- T'a le droit de dire que je suis la meilleure coloc au monde, répliquai-je

- Mouais ça j'en doute, mais en tout cas, tu fais les meilleures petits déjeuners !

Nous nous installons sur le comptoir de la cuisine pour déguster les pancakes. Il est 9h 30 et aujourd'hui, nous avons prévu une journée shopping pour se vider la tête. Elle pour décompresser de ses cours, et moi de mon travail. Ça me fait toujours un pincement au cœur de me dire que je n'ai pas fait de grandes études comme la plupart des jeunes.

Je n'ai jamais su quoi faire de ma vie après avoir obtenu mon British A-level. J'ai été perdue assez facilement alors pendant un an, j'ai fait une licence de psychologie, mais j'ai arrêté car ça ne me correspondait pas et je n'était pas heureuse.

En plus, sans Owen, je n'avais plus de repères et avec ça : sans mon père. Et oui Harry Coleman est parti vivre en Irlande à mes 13 ans, me laissant seul avec ma mère. Je passais certaines des vacances chez lui mais pas grand chose de plus. Je ne l'ai pas revu depuis deux ans. Je ne le déteste pas mais ce n'est pas le meilleur père du monde. Son départ cumulé à celui d'Owen quelques années plus tard ont causé un vide, un gouffre sans fond dans ma poitrine.

Always himOù les histoires vivent. Découvrez maintenant