Chapitre 15

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Tokyo était détruite. Plus aucune fenêtre, plus aucune porte, aucun bâtiment entier. Les rues étaient désertes et les fléaux pullulaient. Malgré tout, quelques personnes continuaient à rôder. Elles n'avaient nulle part où aller. C'étaient majoritairement des enfants dont les parents étaient soit partis en catastrophe, terrifiés par les monstres, soit mystérieusement assassinés. Ces enfants survivaient en se nourrissant dans les magasins abandonnés. Heureusement, une bouteille d'eau ne périme pas, certains aliments se conservaient longtemps. On était en ville, il était impossible de faire de la cueillette ou de la chasse, à moins de vouloir manger du rat. En effet, puisqu'il n'y avait plus personne pour les empêcher de proliférer, il se multipliaient, pillaient les appartements, les cafés, les restaurants, les supermarchés, il n'était pas rare pour ceux qui étaient encore présents à Tokyo d'en croiser. On croisait plus de rats que de fléaux.

Le jour où Yuzuko est arrivée dans la capitale du Japon, elle était étonnée. Cette ville, qui à l'origine était très peuplée, très animée était devenue vide, morte, et triste. Elle ne s'y attendait pas vraiment, elle espérait pouvoir se fondre dans la masse de gens et d'énergies différentes. Elle soupira. Sa planque venait de perdre quelques points, mais elle était toujours bien, car personne ne penserait la chercher ici. La ville allait l'accueillir pendant un bout de temps, que les affaires se tassent, que plus personne ne la recherche. Elle était fatiguée, après être arrivée en train à Saitama (je vous jure que cette ville existe), elle avait marché jusqu'à Shinjuku, ce qui représentait plus de vingt kilomètres en cinq heures, tout en éliminant les fléaux sur son chemin. Certains ne se cachaient pas et l'attaquaient dès qu'ils la voyaient.

Elle marcha encore un peu, jusqu'à trouver un petit supermarché. Vraiment petit, mais il ne semblait pas avoir été trop pillé par les survivants. Elle y entra, et prit de quoi manger pendant quelques jours. Elle en ressortit avec un sac plein de plusieurs canettes de soda, différents gâteaux. Elle avait hésité à prendre des nouilles instantanées ; elle ne savait pas s'il y avait toujours de l'électricité dans les bâtiments. Elle avait haussé les épaules et les avait quand même prises, elle s'était dit qu'elle n'avait rien à perdre. Yuzuko était ensuite entrée dans un bâtiment abandonné, un peu au hasard, puis elle avait posé ses affaires et s'était enfin détendue depuis le début de la journée. Elle souffla et se permit de relâcher légèrement son énergie, la restreindre était un exercice fatiguant pour elle.

La maison dans laquelle elle était entrée était encore relativement propre. Le sol était couvert de poussière, quelques vitres étaient cassées, mais le reste semblait bien avoir tenu. Elle était très simple, les couleurs assez restreintes, les gens qui étaient partis devaient avoir pris leur temps, et devaient espérer récupérer leur habitation. Yuzuko trouva une unique chambre, il devait finalement n'y avoir qu'une personne qui avait vécu ici. Il y avait aussi une cuisine simple, une salle de bains, et un salon. Le chauffage ne semblait pas marcher, mais il y avait de l'électricité et de l'eau, certes froide, mais de l'eau tout de même. Il y avait une bibliothèque, la personne à qui appartenait cet appartement avait visiblement de bons goûts littéraires. La rouge trouva plusieurs couvertures. Elle en aurait besoin pour passer l'hiver.

Maintenant qu'elle avait trouvé un lieu où passer les prochains mois, elle devait se préparer à les passer. Il n'y avait pas de cheminée dans la maison, Yuzuko allait devoir trouver un autre moyen de se réchauffer. Il était hors de question pour elle de mettre un chauffage d'appoint, cela consommait beaucoup d'électricité, et elle ne savait pas si elle pouvait se permettre d'en abuser. Elle préférait se priver de ce chauffage, plutôt que devoir se priver d'une bouilloire et par conséquent de nourriture chaude. En quelques jours, elle commençait à se forger une routine, se lever, manger, isoler au moins la chambre. Il lui arrivait de sortir pour chasser les fléaux, quand elle les sentait trop près de sa maison. Elle ne se sentait pas seule au final, elle sentait la présence de tout ce qu'il y avait dans la ville, les survivants, les rats, les fléaux, les oiseaux... Elle avait peut-être l'air morte, mais la ville continuait d'abriter de nombreuses vies.

Ne me fuis plus ( Toge x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant