𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒

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Minghao


Un. Deux. Trois. Quatre. Je répète ces chiffres inlassablement à chaque pas, chaque mouvement, scrutant ma silhouette qui reflète dans le mur-miroir. Mes muscles bandés par les deux heures de danse que je me suis offert ce soir, après mon rendez-vous mercurien. J'avais besoin de danser, d'extérioriser la créativité qu'à fait naître Deiji, et son thé à la pâquerette et au citron.

Ma chorégraphie pourrait narrer l'histoire de cette simple fleur, qui éclot dans un champ de citronnier, mais je sentais que j'avais besoin de raconter Deiji, la fleur qu'elle représente, la façon dont elle s'épanouit dans mon regard.

Aucune mélodie ne retentit dans la grande salle de danse, seulement mes pas lourds, impactant le sol, glissant sur le parquet. Ma respiration qui déraille de penser à elle, de la laisser dévorer mon esprit de son sourire solaire, de ses yeux rieurs, de sa voix claire, bienveillante, apaisante. De son bonne nuit, Minghao.

Mon cœur tambourine férocement contre les os de ma cage thoracique, tellement qu'il pourrait la briser. C'est douloureux, et pourtant si bon : danser Deiji. Je me dessine ses mains douces, ses doigts fins dans les miens. C'est euphorisant d'être capable de sentir son toucher, seulement en ayant dessiné ses paumes, une fois : le troisième mercredi. Parce que le vernis jaune moutarde qui brillait sur ses ongles a attiré toute mon attention ce jour-là. Il accompagnait son aura radiante, et brisait l'obscurité de sa tenue, toujours noire.

Une berceuse au piano envahit délicatement mon crâne, des notes se peignent dans mon imagination, alors que mes bras ne cessent de se promener dans les airs, mes pirouettes légères mais intenses de toutes les émotions que je ressens.


Soudain, brutalement, je m'arrête. Debout face aux miroirs, mon visage abaissé, mon regard est sur mes pieds abîmés de l'acharnement que je leur inflige depuis quelques heures. Mon torse s'élève et s'abaisse sauvagement. Ma sueur marque mes tempes, glissant dans mon cou, jusque dans mes clavicules.

Je dois demander à Jihoon de donner vie à cette mélodie, dans ma tête, je me dis intérieurement, à bout de souffle, avant de soulever mes iris sur mon reflet. Ma transpiration perle le long de mes bras, mes cheveux collent à mon front, mes jambes flagellent de l'effort que je leur ai demandé, mais un sourire étire mes lèvres. Je m'observe un instant, ce rictus niais habillant mes traits. Doucement, je ris, secouant la tête. Quel pouvoir possèdes-tu sur moi, Deiji ?

Je sursaute lorsque la porte du studio s'ouvre sur Mingyu, son long manteau noir, ses cheveux ondulés tombant sur son regard chocolat. Je savais que je te trouverais ici. J'acquiesce, tentant de réprimer les sentiments qui dessinent mon sourire. Il sait toujours où je suis, peu importe l'endroit.

Mon amitié avec Mingyu m'est précieuse, comme celle qui me lie avec les onze autres membres. Mais lui, c'est fusionnel, comme deux frères. Comment ne pas se sentir proche de lui, alors qu'il est l'être, dans cet univers, qui détient le plus d'amour pour autrui. Pas seulement son entourage : Mingyu aime tout le monde. S'il pouvait éradiquer la souffrance, il le ferait. Il s'efface pour les autres, refrénant ses sentiments, afin de protéger ceux de ses proches. Il est un homme foncièrement bon.

Ensemble, nous partageons notre amour pour l'art. Malgré son mètre quatre-vingt sept, et sa carrure taillée, Mingyu n'est que douceur et délicatesse, bien que maladroit. Il est curieux, intéressé et intéressant. Même si je le taquine de beaucoup parler, j'aime l'écouter, parce qu'il est fascinant de détenir tant de passion dans chaque mot qu'il prononce, son regard toujours illuminé de mille feux.

𝘙𝘖𝘔𝘈𝘕 - 𝐒𝐌𝐈𝐋𝐄 𝐅𝐋𝐎𝐖𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant