Tu dois avoir du succès

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NICK

Paris, 12 avril 2004

Les semaines s'écoulent, vite, très vite. Le rythme du cabinet m'épuise. J'avais choisi de travailler dans des petites structures pour préserver ma qualité de vie mais je me retrouve trop souvent devant des dossiers de droit de la construction le samedi soir, pendant que Pauline se prélasse devant Star Academy.

—Je n'en peux plus, je me plains un dimanche matin, en avalant une gorgée de chocolat chaud.

J'ai des douleurs dans la nuque, je passe mon temps à bâiller. Et je ne sais même pas qui a été nominé, hier.

—C'est sûr que c'est le pire, commente Pauline, philosophe, en plongeant sa cuillère dans le pot de Nutella. Je comprends ta détresse.

—Alex ne flanche pas, lui, je soupire. Même quand Etienne lui jette à la figure ses dernières conclusions !

—C'est à ce point ? compatit ma meilleure amie.

J'opine.

—Il est resté très calme. Puis il a répondu que dorénavant, il ferait d'autant plus attention.

Je fais une petite moue.

—J'admire. J'admire profondément.

—C'est la pratique du saut en parachute ? Au fait, est-ce que ça a changé quelque chose à ta vie, à toi ? interroge Pauline.

—On vit tellement d'émotions en 50 secondes qu'elles ouvrent de nouvelles perspectives, je réponds, pensif. Mais je suis devenu plus exigeant, aussi ; je voudrais que chaque minute soit aussi intense.

—C'est peut-être ça, le problème d'Alex .....

Trois jours plus tard

Encore une fois, j'ai quitté le bureau bien après la nuit tombée, et Alex a insisté pour rester avec moi. Entre les audiences et les réunions, je n'ai le temps de rien pendant les heures ouvrables, et c'est ensuite que je deviens efficace.

—Enfin libres .... ! je souris alors que nous quittons le bâtiment.

Alex resserre son manteau contre lui. Le printemps a certes rendu l'air plus doux mais à presque 22 heures, la fraîcheur s'est abattue sur Paris.

—Tu veux mon écharpe ? je demande doucement en le voyant frissonner.

—Non, merci, ça va, il répond avec un grand sourire. Tu dois avoir aussi froid que moi, de toute façon.

Nous déambulons le long de la rue des Francs Bourgeois, dépassons le Musée Carnavalet, l'Église Saint Antoine. Autour de nous, Paris a revêtu son costume du soir, plus festive et plus détendue que dans la journée. Les couples quittent les brasseries, les restaurants, s'attardent un peu sous les arbres de la place des Vosges devant laquelle nous arrivons.

—Tu viens dormir chez moi ? demande Alex. Il est un peu tard pour sortir de Paris, non ?

—Avec plaisir, tu vis où ?

Alex loue une chambre de bonne dans le 10ème arrondissement, au sixième étage d'un immeuble haussmannien.

—Tu vas voir, c'est minuscule, rigole-t-il quand on quitte la station Bonne Nouvelle. On se marche sur les pieds.

Effectivement, c'est sous les toits, je peux à peine me redresser, mais je suis content d'être là. L'ambiance est chaleureuse et la décoration agréable, avec ses lambris en bois et ses lampes de couleur.

—C'est ma sœur Emma qui m'a aidé à emménager, précise Alex quand je lui en fais le compliment.

Il me fait asseoir, concocte à la va-vite un plat de spaghettis, pendant que je m'intéresse davantage à cette fameuse Emma qui semble tant compter pour lui.

Un coup de pied dans la fourmilièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant