Le renouveau

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NICK.

Noël 2005.

Notre appartement n'est plus qu'illuminations... Guirlandes électriques bleues, rouges, dorées aux murs du salon, sur la fausse cheminée et bien sûr, sur le sapin....

—Tu as soif ?

Je tends à Alex, assis sur le canapé, un mug de chocolat chaud. Il sourit. Retour aux vieilles habitudes : depuis le début de l'hiver, on en boit dix bols par jour.

Cette année, j'ai choisi délibérément de vivre Noël uniquement à deux. Hors de question que je retourne à Angers, et Alex ne s'est pas encore décidé à affronter les conséquences de la mort d'Emma, ni même à reprendre le cours de sa vie.

Il passe ses journées à noircir les pages d'un carnet épais et à regarder la télévision. De temps en temps, nous enfilons nos manteaux pour aller nous promener sous la neige qui tombe sur Paris depuis une semaine.

Il n'a pas répondu aux messages désolés de ses relations, ni donné suite aux sollicitations des associations qui se sont montées dans les mois d'après l'accident, ni aux quelques appels de journalistes qui avaient obtenu son numéro on ne sait trop comment.

C'est moi qui l'ai convaincu d'écrire au moins une fois à ses parents pour dire qu'il était en vie. Depuis, son téléphone reste silencieux.

—C'est bientôt notre anniversaire, tu sais ?

Il lève un sourcil.

—Notre anniversaire ?

Je m'assois à côté de lui.

—En janvier, ça fera deux ans qu'on se connaît. Tu te souviens ? L'audience où tu m'avais sauvé la mise ?

Son sourire se fait plus franc.

—Bien sûr que je me souviens ! Tu m'avais impressionné, ce jour-là....

J'avale une gorgée de chocolat chaud pour étouffer mon émotion.

—Mais tu avais trop peur, je murmure.

Depuis l'été, on n'a jamais reparlé de cette partie-là du passé d'Alex.

Alex baisse la tête et marmonne :

—Tu aurais eu toutes les raisons de me détester, quand je suis revenu.

J'ai un élan :

—Te détester ? Bien sûr que non...

Je me retiens de lui dire qu'il y avait bien plus important, mais j'ajoute :

—Je comprends que c'était une erreur, que tu t'es laissé entraîner et surtout que tu avais besoin de vivre quelque chose d'intense....

Et, comme il fixe en silence les guirlandes illuminées du salon, je poursuis :

—Je ne vais pas te juger, ni me mettre en colère. Il est passé, ce stade-là.

—Et toi ? demande Alex. Qu'est-ce qui t'est arrivé, à cette période-là ?

-Toi d'abord.

—Je suis parti à Londres.

Je lève le sourcil. J'ignorais qu'il avait vécu à l'étranger, mais je ne l'interromps pas.

Et bientôt, il tire de son sac un paquet de petite taille que j'ouvre avec plaisir. C'est un recueil de poèmes de Rimbaud.

—C'est mon idole du moment, confie Alex.

Je le considère avec attendrissement.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 10 ⏰

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Un coup de pied dans la fourmilièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant