1 - Ava

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Je relis le message une troisième fois :

Alexander : Je suis désolé Ava, mais je pense qu'on devrait s'arrêter là.

Une larme floute ma vision, les mots sur l'écran de mon téléphone sont désormais à peine lisibles. Celui-ci s'est vite recouvert d'une larme, puis deux, puis trois. Je balance mon téléphone à l'autre bout de la salle de bain en poussant un cri de rage. Alexander m'a quittée. Par message. J'ai presque envie de rire.
Il faut que je me calme.

Je m'appuie de mes deux mains sur le rebord du lavabo, et j'inspire profondément. Puis, j'expire par la bouche, très fort, comme pour tenter d'en faire sortir la tristesse et la rage qui s'emparent de mon corps en ce moment même.

Quel connard.

Alexander est mon petit ami. Voilà trois ans que nous étions ensemble et il m'a quittée aujourd'hui, par message. Il a quitté mon appartement il y a à peine dix minutes à la suite d'une dispute. Je suis certaine qu'il a écrit ce message dans sa voiture.
Le sujet de notre dispute, c'était simplement le fait qu'Alexander trouve que je n'obéis pas assez. Il est devenu jaloux depuis peu, trop jaloux. Il est devenu le genre d'homme qui regarde tous les autres hommes dans chaque pièce que l'on pénètre pour vérifier que personne ne me regarde. En tout cas c'est l'impression que j'ai. Par la suite, j'aurais droit à des remontrances pour chaque yeux qui m'auront regardée.

Ce soir, nous nous rendions à un dîner d'affaires, et je suis sortie avec une robe jugée trop provocante aux yeux de mon petit ami (ou devrai-je dire mon ex). Alors, les regards de l'artiste avec lequel il discutait l'ont perturbé durant tout le dîner. Il a fini par écourter ce moment avant de rentrer avec moi.

Alexander est le genre d'homme qui déteste qu'on lui lance un « ta copine est magnifique », « tu en a de la chance ». Ce qu'il s'imagine tout de suite, c'est que cet homme est en train de me faire l'amour. Alexander m'est parfois insupportable. Pourtant je suis folle amoureuse de lui. Et je sais que lui aussi. Mais il m'a quittée, parce qu'un homme de trop m'a reluquée.

— Tu ne sais pas te tenir.

M'avait-il hurlé dans la voiture.

Alexander est bel homme, mais il me voit comme une déesse. Alors il craint le regard des autres hommes. C'est lassant, fatigant. Parce que moi je ne vois que lui. Enfin je ne voyais que lui.

Toujours appuyée sur le rebord du lavabo, j'ai retrouvé mon calme en me remémorant ses défauts. Je regarde mon reflet, et je me trouve belle. Même lorsque je pleure. Je me souviens également qu'Alexander me l'avait dit auparavant. Le chat qu'il m'avait offert était mort, il avait essuyé mes larmes puis nous avons tout de suite couché ensemble.

— Ces perles dans tes yeux, c'est magnifique.

Quel idiot.

J'efface de nouvelles larmes qui coulent sur mes joues. Tu vaux mieux que ça.

Je saisis le rouleau de papier-toilette, et j'entoure ma main du papier. Je sèche mon visage et je jette le malheureux morceau de papier qui se désintègre sous mes doigts au sol avant de fouiller dans mon tiroir. Au fond de celui-ci, il y a un rouge à lèvre Chanel, offert par Alexander. Il faisait partie d'un coffret qu'il m'a acheté pour mon anniversaire qui date de l'année dernière. Pour mes 21 ans.

Ce soir je vais le mettre. Et ce soir je vais sortir. Hors de question que je passe la soirée à pleurer ici pour un homme qui n'a même pas confiance en lui.

J'applique mon rouge à lèvre en quelques secondes, puis je relâche mes cheveux marrons qui m'arrivent juste en dessous de la poitrine. Ils sont encore un peu ébouriffés, et je n'ai très pas envie de les coiffer. Alors je les laisse prendre la forme qu'ils souhaitent, le long de mon petit visage. Ils ont plus de volume comme ça d'ailleurs. Je porte encore cette robe à bretelle qui m'a valu quelques insultes de la part d'Alexander. Elle est noire, en satin avec un léger décolleté et une fente qui remonte jusqu'aux genoux. Cette robe en satin n'est pas moulante mais elle se colle naturellement à mon corps à chacun de mes pas. Je la trouve tellement élégante. Elle est magnifique, mais elle n'a pas plu à Alexander. Tant pis, quelqu'un d'autre l'appréciera.

Les dangers de la passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant