3.Ouvre-moi

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Je suis enfermé dans ma chambre depuis le début d'après-midi, la chaleur ambiante de la pièce condense avec la pluie fraîche du bois à proximité.

Je regarde par ma fenêtre la verdure qui s'étend à perte de vue, les sapins, le lierre. Ma maison a été construite dans un petit quartier tranquille en lisière de forêt. Ma chambre est enfaîte un ancien grenier entièrement réaménagé au sommet de ma maison. C'est plutôt confortable, je laisse mon regard dériver vers ma bibliothèque et tous ses livres entamés, jamais finis, tous ces auteurs qui m'inspirent et me bercent dans mes nuits les plus sombres. Certes, mon refuge n'est pas très grand, mais il est décoré à mon image, mon vieux tourne disque, des posters de mes idoles aux murs, une bibliothèque remplis de roman et des plantes tombantes accrochées aux meubles.

La fin de semaine avait été plutôt morose et j'avais dû supporter les mesquineries des deux abrutis de Noah. Et lorsque le week-end fut venu, je pris un grand plaisir à retrouver la tranquillité de mon chez-moi. Peut-être même un peu trop tranquille au final, ma mère étant infirmière, la maison était donc souvent vide, d'ailleurs ce soir, elle était de garde et enchainait directement son deuxième travail au petit matin dans un bar de la ville voisine.

Je me lève péniblement de mon lit et d'un pas lourd me dirige vers la cuisine. Je vois posé sur la table de la cuisine un mot de ma mère.

« Moumoune,
J'ai laissé un peu de rôti et des haricots dans le frigo, n'hésite pas à t'en servir si l'envie te vient.
Ne te laisse pas mourir de faim !
Bisous maman »

Moumoune est le surnom stupide que me donne mes parents depuis ma naissance, particulièrement ma mère depuis que mon père est mort. À première vue, ma mère peut paraître tragique  comme ça, c'est évident que je ne vais pas mourir de faim, je suis même en pleine croissance.

Je réchauffe le rôti puis prend mes écouteurs pour lancer ma playlist, j'ai maintenant pris l'habitude de manger seul fréquemment. Une fois le dîner finis, je remonte à nouveau dans mon cachot comme dirais ma mère. Je m'assieds à mon bureau et démarre mon ordinateur, une notification attire mon œil, une demande de message privé sur ma page Instagram.

Je clique alors sur accepter puis consulta le profil, je défile les photos et c'est un tout autre Noah qu'on apercevait ici, un garçon souriant qui poste des photos de lui et ses amis ou de sa mère. Je fis défiler encore et encore mais aucune figure masculine, je me dis donc qu'il n'avait pas de père, n'y de frère et sœur, comme moi au final.

Le son d'une autre notification retentit dans la pièce, un message que j'ouvre immédiatement.

Noah Miller 21:11
Tu as embarqué mon cahier au dernier cours que l'on a eut ensemble, je suis dans la merde par ta faute.

Je vérifie que ce soit bien mon cahier dans mon sac et je suis presque certain de ne pas m'être trompé. Et pourtant, lorsque j'en sors le cahier, j'y vois l'inscription « Noah Miller terminale C »

Merde !

Moi 21:11
Ah mince ! Je devais être un peu distrait, je m'excuse.
Je te propose de te le ramener demain matin si tu veux ?

Noah Miller 21:12
Nan c'est bon, donne-moi ton adresse, j'arrive

Moi 21:12
Impossible, ma mère dort, il ne faut pas la réveiller

Je mens et j'ai peur qu'il le découvre, je panique et éteins l'écran sans même attendre de voir sa réponse. Ma respiration est rapide comme si je venais de courir un marathon.

L'ambivalence de tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant