L'ambivalence de tes yeux

5. L'été me rattrapa

La semaine dernière avait été la pire de toute ma vie. Ma sortie nocturne pour ramener le sac à Noah m'avait coûté un rhume et ce n'était pas le moment propice. De plus, malgré le fait qu'il avait dormis chez moi, ce ne l'avait pas empêché de me frapper à plusieurs reprises. J'entra dans la classe et m'assière à côté de June.

- Salut Ethan ! lance elle

- Salut June répondis je en posant mon sac sur la table

L'ambiance était pesante dans la salle, beaucoup chuchotaient en me regardant.

- Il se passe quoi ? questionnais je ma voisine

- Je ne sais pas honnêtement... m'avoua t-elle

- Coucou beau gosse j'ai pensé à toi tout le week-ends !! hurla l'aînée de June

Elle mima un félin en montrant les "crocs" et griffant l'air.

- Du calme la tigresse rigola June

- Toutes bonnes tigresses doit trouver un tigre digne de ce nom prononça t'elle, tel un serment

Je souri légèrement, gêné. Lia contrairement à June, était plus effrontée, même s'il lui arrivait de tenir des propos crus, cela ne paraissait pas vulgaire de sa bouche.

- Je vais aux toilettes dis je d'une voix mal à l'aise

Une fois aux lavabos, je commence à me laver le visage.

Je ne veux pas me faire plus remarquer.

Je me redirigea vers ma classe. Des heures et des heures s'écoulaient, les gens étaient curieux à mon sujet. Il fallut à peine deux heures pour que je ne devienne le sujet numéro un de l'école.

À la pause du midi c'était insoutenable, les regard étaient braqués sur moi. J'ai donc feint un mal de crâne et suis rentré chez moi.

- Tu n'es pas réellement malade ? questionna ma mère

- Si

Je jeta mon sac au sol puis m'allongea sur mon lit.
Je reçu un appel de Charlie.

- Ouais ?

- T'es malades Ethan ?

- C'était une bonne raison pour fuir le lycée

Elle souffla à l'autre bout du file.

- Écoute Ethan, il y a un gros, très gros problème

Elle laissa un blanc de quelques secondes qui parut une éternité.

- Qu'est ce qu'il y a ? panne de préservatifs ? j'essayais d'ironiser pour alléger la situation

- Un type à lancer une rumeur, ce matin dit-elle sans broncher à ma blague

- Je ne suis pas sûr de comprendre ?

- Tout lycée entier est au courant. déclara t-elle

- Bon écoute Charlie,  je suis fatigué, si tu as terminé je veux bien aller dormir

- Ethan attend-

Je raccrocha pour me laisser tomber dans les bras de Morphée.

Le retour en cours le lendemain fût chaotique. Je me sentais observé, les bruits de couloirs prononçant mon nom, bourdonnaient dans mes oreilles.
Je traversa des rangers de casier cherchant le mien et une fois à sa hauteur, je découvrais avec horreur l'inscription «PÉDALE» écrit au marqueur dessus.

Je fût pris de nausées et le monde tournait autour de moi.

- ETHAN ! C'est de ça que je voulais te parler hier

Charlie posa sa main sur mon épaule avant de me tendre son portable.

- Je vais détruire celui qui à fait ce montage, ce sont vraiment des gros cons putain !

Ce que ne savait Charlie, c'est que la photo était bien réelle.

- Ce n'est pas un montage Charlie... chuchotais je

- Mais c'est qui lui alors ? elle me regarda déboussolée

Comment cette photo avait pu fuiter ?

Les larmes et la rage qui montaient en moi menaçaient d'exploser à tous moment. Je ne suis n'y plus n'y moins qu'une bombe à retardement. Je me précipita en courant le plus loin possible du lycée. Assis sur le pontons en bois du lac, je repensais à la photo. Une image joyeuse de deux gars qui s'embrassent, mais aussi qui est en réalité un tabou de trahison et de naïveté.

«Liam»

Les images me reviennent en flashback et je cogna ma tête pour les faires disparaître. Je me souviens avoir compté les secondes unes à unes ce jour là, attendant la fin en vain et ma voix intérieure hurlant sous ses phrases ponctuées de «Ça va aller, laisse toi faire». Je me souviens de la brutalité, de ma tête écrasé contre le mur, comment avais-je pu être aussi stupide.

Seul, assis au milieu du lac calme, comme une tâche noire au milieu d'un tableau blanc, je laisse mes larmes couler. Je m'en veux d'être aussi crédule.
Ce jour là, il m'a volé une partie de moi.

Lorsque je relève enfin la tête, le soleil s'est déjà couché.