Chapitre 6

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Je relâche notre accolade et plonge mon regard dans ses magnifiques yeux bleus.

Il est là, bel et bien vivant, debout devant moi.

Ses yeux sont également brillants.

— Nate, je... je suis vraiment désolée. Je m'en veux de t'avoir laissé.

— Ne t'inquiète pas, tout va bien Luna. Je suis un grand garçon. Je pense qu'on a pas mal de choses à se dire.

Il m'invite à entrer. L'appartement est plongé dans la pénombre, les grandes baies vitrées sont toutes cachées pour ne faire entrer aucune lumière.

Seul l'écran de télévision éclaire légèrement la pièce.

— Tu peux allumer s'il te plait, je ne me sens pas très à l'aise dans le noir

— OUVREZ-MOI S'IL VOUS PLAÎT. Hurlé-je avec des torents de larmes

— Tiens ma belle, je t'apporte de la compagnie.

Je ne vois rien, il fait un noir complet mais je sens ces mains sur mon corps et ça me dégoût au plus haut point.

— NON, NON, NON, LÂCHE-MOI CONNARD. Dis-je en essayant de le frapper.

Il arrive à saisir mes poignets et les bloque au-dessus de mon visage au même moment que mon dos heurte violemment le mur.

— Continue comme ça, ça m'excite. Répond l'inconnu.

— Oui désolé. Dit-il en appuyant sur l'interrupteur qui me sort de cet horrible souvenir. Je me suis un peu caché dans une grotte ici.

La lumière artificielle me permet de mieux voir son visage cerné et pâle. Il n'a plus son teint bronzé de la dernière fois. Seule la fatigue et l'épuissement sont transcrits sur son visage. J'analyse l'appartement qui n'est plus aussi propre qu'avant. Des paquets de chips et de paquets de nouilles instantanés vide sont présents sur le sol. Il y a aussi beaucoup de livres. Je me rappelle que Nate aimait se plonger dans ses bouqins. On dirait que cela n'a pas changé.

1984 de George Orwell est présent sur la table basse. Il ne cesse de relire ce livre.

— Je ne vais pas te mentir, ces derniers temps, c'était assez compliqué. M'avoue-t-il en me voyant analyser les moindres détails de la pièce.

— Tu veux en parler ? Lui demandai-je.

— C'est juste que... Sans Alec c'est plus dur. La seule personne que je vois désormais c'est Lynna. Elle vient me rendre visite pour voir si je suis toujours vivant. Dit-il avec un rire timide. Quant à Ange, il est parti à New York un mois après ton départ, depuis je n'ai plus de nouvelles de lui. Je pense qu'on a besoin de faire notre deuil chacun de notre côté mais je ne vais pas te mentir que j'ai peur pour lui. Il a des addictions et j'espère qu'il n'est pas retombé dedans.

Le démon l'a également lâchement abandonné comme moi alors que Nate, lui, serait incapable de faire ça.

— Et quand j'ai su que tu étais avec Davis. Reprend-il. Je me suis fait beaucoup de soucis pour toi.

Je me déteste.

Je me déteste d'avoir rajouté du poids sur les épaules de Nate.

Je ne suis qu'un poids de plus pour tout le monde.

— Nate, je suis vraiment désolée, je ne voulais pas-

— Arrête de t'excuser, l'essentiel c'est que tu sois là et que tu ailles bien.

Aller bien...tout est relatif mais c'est à ce moment-là que je réalise que ma présence n'est qu'éphémère ici et que je vais devoir l'abandonner une nouvelle fois.

Ange IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant