Chapitre 15

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PDV LOUISE


Logan est raide comme un manche à balai. Il ajuste son haut de costume avec difficulté. Les lumières des néons semblent tomber du ciel aussi naturellement que la pluie. On a l'impression qu'il pleut des étoiles filantes. Si c'est dans l'espace qu'on devait atterrir, on y est. Laurène ne dit rien et je l'imite. Pas besoin de parler, juste d'écouter, d'observer.

Logan a la mâchoire crispée et les poings serrés dont l'un qui tient son téléphone portable. Il a vraiment la pression. Mais qu'est-ce qu'il se passe avec GRAVITATION ? J'étais obligée de tomber dans une fusée qui prend des détours, n'est-ce pas ? Ç'aurait été trop facile sinon. Déjà que le plan de base me semblait être une épreuve.

Sincèrement, les deux employés n'avaient pas besoin de se mettre à l'écart pour parler puisque nous entendons la moitié de la conversation et je ne vais pas me gêner pour écouter. Malgré les autres qui se défoulent sur la piste à l'aide de l'intello qui joue les DJ avec la playlist de son téléphone. Il a du succès. On pourrait croire qu'il a fait ça toute sa vie. Après tout, je ne sais pas puisqu'on ne peut pas se fier aux apparences. Plus particulièrement depuis que Laurène est entrée dans ma vie. Donc si ça se trouve, il préfère se gaver de musique plutôt que de cours.

Évidemment.

Qui préfère les cours à la musique ?

Il ne manque plus que les platines devant lui et on y croit ! En plus, il n'est pas loin de lever le bras vers le plafond au rythme du son. Au rythme de « Say My Name » de David Guetta. Un son de boîte, rien à dire de plus là-dessus. Les lumières se posent sur lui et font briller ses paupières. Ses lèvres sont roses. Il est maquillé. Je ne peux m'empêcher de me demander s'il est gay. C'est un cliché mais ça ne veut pas non plus dire que c'est toujours faux ou négatif. De plus, il y a une différence entre préjugé et cliché, l'un sonne plus négatif que l'autre. Mon attention se porte de nouveau sur Clara et Logan.

‒ On n'a rien qui puisse sauver la face de GRAVITATION, continue-t-il.

Clara se masse les tempes pour tenter de réfléchir.

‒ L'équipe m'a informé qu'ils ne savent pas quand nous pourrons récupérer une fusée. Et même pas la peine de proposer un bus lambda : c'est inenvisageable. Comme je te l'ai dit ce serait un échec. Il faut qu'on assure Clara. C'est le lancement ! On doit absolument faire face aux aléas comme si de rien n'était.

Celle-ci hoche la tête et continue d'écouter les yeux plissés. Je vois bien qu'elle ne songe même pas à baisser les bras un instant. Elle sait qu'elle va trouver quelque chose. La rose dans sa poche semble tout de même un peu plus fatiguée que ce matin.

‒ Comme si de rien n'était, répète Logan comme quand on relit un énoncé de maths car la réponse est dedans. Comme si... comme si c'était normal qu'on soit ici ! s'écrie-t-il.

Personnellement, ça ne me dit rien mais Clara semble avoir compris ce qu'il a voulu exprimer. Tout ce que je retiens c'est que c'est fichu pour le départ de demain matin. Je ne peux même pas confier à Garance toute la rage qui bout en moi. Je préfère l'ignorer. Je savais que c'était une mauvaise idée et elle s'en fout totalement.

‒ On doit s'approprier les lieux, faire comme si tout était prévu. Inutile de mentir mais nous pouvons leur proposer des activités, affirme Clara.

‒ Mais nous ne sommes que deux et on n'a pas que ça à gérer. On a du travail à côté. On n'est pas animateurs de club de vacances : on doit aider l'équipe pour tout remettre sur les rails.

OTHER GIRLS (2 tomes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant