Ma valise ouverte sur le lit me narguait depuis maintenant une bonne demi heure. Les quelques vêtements jetés à la va-vite, plusieurs paires de chaussures ainsi que le nécessaire de toilettes trainaient sur mon matelas et me donnaient envie de les jeter par la fenêtre. Après un coup d'oeil à ma montre, je m'assis sur mon lit encore défait. Il ne me restait que quelques minutes avant de devoir quitter ma chambre... et ma maison. L'injustice de la situation ne cessait de me rendre dingue. Cela faisait une semaine qu'ils m'avaient annoncé la nouvelle, avec des visages optimistes et joyeux. Pour m'envoyer en enfer.
Le pire n'étant pas encore la destination, mais ce que je laissais derrière moi. Bien que le nombre d'amis que j'avais tenait sur les doigts d'une main et qui, pour la plupart, étaient actuellement en vacances dans un pays lointain avant leur rentrée à l'université, que les membres de ma famille était quasiment inexistants et que mon chat semblait s'en sortir très bien sans moi, le pire restait de devoir la laisser seule ici. Avec lui. Les souvenirs des cris, des coups, des cauchemars, me revenaient en mémoire constamment. Quand je sentis mes poings se serrer et mes mains commencer à trembler, je me relevais d'un coup en repoussant ces bribes du passé, du mieux que je le pouvais.
Il me voulait hors de ses pattes et hors de la maison mais je ferais en sorte d'y revenir dès que possible.
Je ramassais quelques vêtements supplémentaires qui trainaient par terre avant de les fourrer dans ma valise déjà bien remplie. Je pris également quelques photos qui jonchaient mes étagères. De ma mère, de mes amis,... Mais je m'arrêtais devant une en particulier, seule dans son cadre. Celle qui me donnait mal au ventre, et au coeur, à chaque fois que je la regardais. Mon père se tenait droit, fier, le sourire aux lèvres, me tenant par l'épaule. Je ne devais avoir que huit ans sur cette photo, mais je rayonnais de joie. Mes tâches de rousseur sur les joues, mes cheveux bruns attachés en petites couettes et mes yeux verts rieurs de la même couleur que ceux de mon père. Le poids des années se dessinait légèrement sur ses traits, figés à jamais dans la photo. Je me souvenais encore qu'il avait ôté son casque dès qu'il m'avait vu, sa mission terminée depuis déjà plusieurs minutes. Il avait été furieux de me voir si proche de l'homme qu'ils venaient d'interpellés avec son équipe, mais les forces de police nous avait bien gardées à l'écart jusqu'à l'arrestation de l'individu. Une fois son inquiétude passée, il m'avait accueilli chaleureusement et ses collègues étaient venus me saluer également, m'ébouriffant les cheveux ou m'enveloppant dans un câlin inadéquat. L'un deux avait ensuite pris la photo. Moi dans mon petit tee-shirt et mon jeans, à côté de lui, dans son uniforme complet du SWAT.
J'adorais jouer au policier et au voleur quand j'étais petite, à attraper les méchants comme mon papa. Mais depuis ces moments d'insouciance, j'avais bien grandi. Il m'avait appris au travers de nombreuses leçons à me défendre physiquement, à utiliser une arme à feu si je venais à en avoir besoin et à décortiquer des pratiques militaires que j'appréciais beaucoup. Nous avions continué à nous entrainer au fil des années, en tout cas, jusqu'à sa dernière mission. Celle au cours de laquelle nous l'attendions à la maison, pour ne jamais le voir revenir.
Sentant les larmes arriver une nouvelle fois, je me secouais et ajoutais la photo à ma valise. J'enroulais le cadre dans un vêtement pour le protéger pendant le transport puis tentais de la refermer. Après plusieurs essais infructueux, je finis par m'asseoir dessus et la tirette accepta enfin de se fermer.
Voilà, j'étais prête.J'offris à ma chambre un dernier regard, passant des posters de groupes de rock, aux nombreux livres et jeux de société ornant mes étagères, les portes de ma garde-robe ouvertes comme si une tornade était passée, mon petit lit défait et mes quelques vêtements sales accumulés sur ma chaise de bureau. J'avais tellement de souvenirs ici que quitter ma chambre me donnait un sentiment particulièrement amer. Bien que je ne sois supposée ne partir que deux mois, je connaissais maintenant assez bien Eric pour savoir qu'il ferait tout son possible pour que mon retour se déroule le plus tard possible.
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The Only Easy Day (sous contrat d'édition aux ÉDITIONS ADDICTIVES)
Romance[ Sous contrat d'édition ] Quand l'amour et le devoir s'affrontent, ce n'est pas toujours sur le champ de bataille. Entre Carissa et son beau-père rien ne va plus et ce dernier parvient à convaincre sa mère de l'envoyer dans un camp militaire, pour...