Le dernier étage affiche bientôt sa lumière, et menace du même mouvement d'être la dernière. Je déambule en cette étape conséquente, en cette visite définitive et j'observe l'écourtement de ce qu'autrefois je voyais en sure, en prometteur.
Mes pas hésitent face à cette décision et ralentissent alors leur aventure. La falaise approche enfin, la lumière s'évade et revient, le feu prend forme et disparait aussitôt pour camoufler sa présence. Il est rouge, de sang ou de colère, et brulant, brulant d'excitation.
La falaise dévoile soudain ses secrets, et me fait part du gouffre qui la suit. La peur me prends, puis s'évade, puis revient aux cotés du courage. Elle me promet que le vide qui me fait face n'est qu'illusion; celle de mes sens qui ont pris jalousie de moi.
Mais la lumière prend soudain forme et noircit en approchant. Elle me contemple et je l'observe, puis me parle et j'écoute. Mes sens se taisent, mes pas accélèrent, mon coeur prend congé.
-Approche! Ne crains ni la douleur ni le regret. Le choix est fait, la vie relève du passé, le futur est en bas! Approche!
Je quitte la falaise et plonge aussitôt dans le vide du doute. Mon corps tout entier danse et se mue et vacille et plane. Les regrets me désertent, mon souffle disparait, et je m'égare dans ma conquête.
L'air se perd et le confort menace de le suivre, puis ils disparaissent ensemble. Je touche le sol, touche l'enfer, touche mon châtiment. L'étreinte de la vie se desserre et donne place à celle de la mort. Et me voila, vacillant désormais entre honte et regrets.
-Qu'ai-je fais, mon dieu! Pourquoi avoir délaissé la vie quand elle était si courte et si douce!
Le brouillard disparait et une figure en sort, ou en nait. Elle m'approche et m'observe, puis éclate en sanglots, mais aucune larme ne frôle sa peau. C'est de rire que la créature s'exclame; C'est de moi qu'elle est juge, qu'elle punit!
-En quête de liberté, des êtres s'abandonnent à mon pouvoir. Ils se rebellent de la vie, mais aussi d'eux même. Ils s'avancent et descendent, et voilà qu'ils me font face. Et une fois en ma possession, ils regrettent et s'effondrent, mais l'heure est dépassée. Alors vois-tu, jeune perdue, la vie est un piège. La déserter mène aux regrets, la vivre n'en promet pas moins!
Et il reprend aussitôt sa moquerie. Mes larmes s'assèchent, la chaleur me prend, mon coeur implose.
La douleur traverse mon corps et mes sens et me tord et me torture! Je me perds de l'intérieur et m'évade de la conscience. Mais rien. Le feu du châtiment m'embrase et me gangrène, et j'observe le vide, pleurant mes regrets.
Mon corps se désintègre et disparait, puis par jeu de ce sorcier, se régénère et s'embrase à nouveau. Mes larmes arrivent à leur limite, et seule l'expression de ma figure traduit ma peine.
Je regarde par abandon, par désespoir, le noir sidéral qui me fait face, et prie la grâce du sauveur de voir en mon mal un gage d'humanité. Et de fait, pardonner le malheur de mon existence !
-Ô Grandeur toute puissante, je suis aux extrêmes! Pitié sois sur moi, grâce je demande, je supplie, ma douleur n'est plus sujette aux mots, mais regarde, je t'en implore, l'expression de mon coeur ! Il pleure, il souffre, il parle!
Je regarde encore la brume qui me fait face, espérant que lumière en ressort et me délivre, que mes paroles aient reçu écoute et compassion. Mais rien.
Milles ans passent, ma carcasse disparait et ressurgit, et le monstre des stupres me rend visite quand l'envie d'un spectacle le prend. La vie ne m'aura gardé de plaisirs que très peu, mais, mon dieu, qu'ai-je abandonné pour souffrir le châtiment éternel.