Sarah aimerait pouvoir dire que cet endroit aller lui manquer. Mais la vérité c'était que ce ne serait pas le cas. Au contraire même. Elle allait enfin dire aurevoir à cette prison des orphelins. Cet endroit maudit qu'elle avait hait toute sa vie. Cette vielle bâtisse grise, délabrée, qui tombait en ruine, avec ses stupides statues des précédentes directrices. Toutes des vielles pies au nez crochu qui s'en étaient pris à elle à la moindre occasion. Elle dirait aurevoir à ses couloirs hideux qui sentaient le patchouli de grand-mère et les huiles végétales sensé canaliser les « mauvais esprits ». Elle dirait au revoir à sa chambre, sa mansarde sous les toits où les rats lui avaient tenu compagnie pendant qu'elle périssait dans ce trou perdu. Elle lança un regard au vieux lit, ce lit où elle avait tant pleuré et où elle s'était promis de ne jamais verser une seule autre larmes. Puis cette fenêtre qui tenait à peine debout, cassé en plein milieu à cause d'un garçon du pensionnat qui avait balancé une pierre dans le but d'atteindre « l'anomalie » qui vivait à l'étage, cachée et recluse, qui ne sortaient que pour les cours et pour se réfugier dans la bibliothèque à l'heure des repas. Celle qui avait un jour foutu le feu à la cantine dans un accès de rage. Dans cette école elle était arrivée faible et elle en était sortie forte, étrange et on l'évitait comme la peste car elle était anormale. Sarah avait l'habitude d'entendre leurs insultes, leurs chuchotements dans le couloir sur l'orpheline, celle qu'on avait déposé un jour sur la porte avec la promesse de revenir tous les ans. Donc non, cet endroit ne lui manquerait pas même si elle n'était pas sûre que là où elle se rendait elle serait mieux. « Tu seras avec tes semblables » c'est ce que la Directrice Wheeler lui avait dit, trop contente de se débarrasser enfin d'elle. Ses semblables, devait elle se réjouir de quitter ce purgatoire pour en rejoindre un autre ? Une nouvelle école, un nouveau départ. Mais bien sûr. Sarah n'y croyait pas aux nouveaux départs pas plus qu'à l'espoir ou au bonheur, elle y avait renoncé depuis longtemps maintenant. Mais bon, tout valait mieux que cet endroit. On verra bien si Nevermore est assez solide pour lui résister. Elle ramassa ses derniers cartons. Elle n'avait pas grand-chose si ce n'est des vinyles, des écouteurs et un vieux téléphone premier prix ainsi que des livres beaucoup de livres qu'elle avait pour la plupart trouvé dans des brocantes ou volé dans la bibliothèque (de toute manière personne ne les lisait), une liasse de billets qu'elle avait économisé pour fuguer et quelques vêtements que sa tutrice oh combien généreuse lui avait envoyé. Le seul bien précieux qu'elle possédait était un collier, un pendentif étrange qui lui projetait la même image chaque fois qu'elle touché la pierre noire en son centre. Elle voyait deux corbeaux bleu nuit qui plongeait en descente dans le ciel étoilé avant de s'écraser au sol mais au lieu de voir les deux volatiles morts, elle voyait deux pierres précieuses exploser au sol dans un milliers de débris, une émeraude et un diamant. Et dans un éclat d'onyx elle discernait l'ombre d'un visage. Une fille d'à peu près son âge. Une parfaite inconnue dont elle ne voyait pas parfaitement ses traits du visage qui se reflétait dans les éclats. Et dans l'émeraude elle discernait son propre visage brisé. La vision s'arrêtait là. Car oui elle avait des visions, depuis maintenant deux ans. Des visions sombres et terrifiantes la plus part du temps, et il en fallait beaucoup pour l'effrayer. Elle voyait la mort des gens des fois et elle avait eu le malheur d'en parler à un professeur une fois et il l'avait frappée en l'accusant de mentir quand elle lui expliqua l'avoir vu mourir dans un accident de voiture, sa voiture tombée dans le ravin. Il l'avait giflée, traitait de folle puis l'avait punie. Une semaine plus tard il mourait. Exactement de la manière qu'elle avait prédis. L'incident s'était propagé dans l'école et pour la punir on l'avait enfermée une semaine dans sa chambre avec un maigre repas par jour.
Sarah ne regarda donc pas en arrière en sortant de la pièce mais lorsqu'elle sortit dans le couloir vide elle ne put s'empêchait de s'arrêter en plein milieu, jetant un coup d'œil dans le miroir taché et en piteux états. Elle avait grandit depuis la première fois qu'elle avait posé le pieds dans ce couloir. Elle avait 5 ans et avait vécue comme une ermite avec celle qu'elle pensait être sa « mère », un concept qui lui était étranger car jamais elle n'avait vécu dans le confort d'une famille aimante. Et pourtant elle aurait tout donné pour cela. Pour l'amour d'un père et d'une mère, d'avoir des frères et sœurs avec qui jouer. De se sentir aimé. Au lieu de cela ses parents l'avait abandonné et une femme brisée par le passé, obsédé par sa vengeance l'avait recueillie puis abandonnée de nouveau dans cet endroit. Revenant la voir chaque année le jour de son anniversaire. Sa tutrice s'appelait Lorena Casteel et elle n'avait pas donné signe de vie depuis 2 ans. Depuis le début de ses visions. Elle n'avait pas tenté de la contacter. A quoi bon. Sarah se retenait de rire dans ce couloir, son carton dans les bras alors qu'elle regardait ce qu'elle était devenue dans ce vieux miroir brisé et crasseux. Elle avait les cheveux noirs corbeau, légèrement ondulés, ses yeux verts foncés brillait d'une étincelle différente des autres jours. Et pourtant elle ne souriait pas. Elle ne se rappelait pas de la dernière fois où elle avait fait un vrai sourire à quelqu'un et pas juste un sourire sarcastique. Elle portait un vieux jean troué, son t-shirt Nirvana qu'elle avait trouvé dans une boutique vintage et sa vieille veste en cuir noir. Elle portait des bottines usées par le temps. Mais en regardant dans ce miroir elle se sentait forte, elle avait survécu et elle continuerait sur cette lancée. Sarah était décidée à quitter cet endroit, elle descendit les escaliers deux à deux passant à côté d'un crétin qui l'avait un jour pousser dans la boue. Elle lui fit son meilleur sourire sarcastique accompagné d'un bon vieux doigt d'honneur qui fit crier une des surveillante. Puis elle sortit du bâtiment sans dire en revoir et en claquant la porte en bonus. La Directrice Wheeler l'attendait devant, son sourire se crispa quand elle la regarda. Sarah était une déception pour elle, le vilain petit canard qu'elle n'avait pas réussi à canaliser et qui avait fait bruler l'école. Cela lui plaisait alors elle lui souri effrontément.
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Le secret des Belladones
ParanormalSarah Casteel ne s'est jamais sentie comme tout le monde. Et pour cause c'est une marginale dotée de pouvoirs qu'elle a du mal à contrôler. Orpheline elle ignore son identité et n'a pas eu la vie facile. Placée dans un orphelinat un accident la pous...