CHAPITRE 3

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Le risque que tu as peur de prendre pourrait changer ta vie.
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Ocean Eyes

Ange

Présent.
Trois semaines plus tard.

Le souvenir de ses iris bleu turquoise, translucides, et aussi cristallines que l'eau de source, me dévisageant comme si elle avait vu un fantôme, a provoqué en moi, une montée d'adrénaline indescriptible. J'ai ressenti le besoin immédiat de me changer les idées, de fuir le plus loin possible. S'il y a bien quelqu'un que j'espérais ne pas revoir avant le temps nécessaire pour faire mon deuil, c'est elle : Olympe Harper. Pourtant rien que de penser à mes mains empoignant ses cheveux blonds, toutes sortes d'idées salaces me viennent en tête, et chaque cellule de mon corps réagit à l'appel de sa chair. Je pensais qu'après mon séjour en prison, plus rien n'avait d'importance, que plus rien ne pouvait me mettre le cerveau à l'envers. Par sa faute, j'ai tout perdu. Durant l'année qui s'est écoulée, la chaleur de ses yeux, ma tenue en éveille constant. Je voulais la voir au plus bas, comme moi je l'étais. Je voulais qu'elle comprenne. Qu'elle sente son cœur se briser à l'intérieur de sa cage thoracique. Qu'elle se rende compte que respirer sous l'eau est impossible, que ça brûle les poumons, et que malgré les efforts employés pour hurler, aucun son ne franchit la barrière de nos lèvres. Malheureusement, quand je l'ai vue, la mine désespérée errant dans les couloirs comme un fantôme, j'ai perdu de vue, le temps d'un instant, toutes mes certitudes.

Des cheveux bruns me chatouillent le visage, et une odeur inconnue me pique les narines, une odeur de fraise chimique. J'ouvre difficilement les paupières, mes yeux s'acclimatent avec la luminosité puis détaillent la fille nue avachie sur mon corps.

Une vive douleur me lacère les neurones. Et à en déduire par le mal de crâne qui me martèle le cerveau, je prends conscience que j'ai abusé des bonnes choses hier soir. Le sang séché qui s'étale sur mon poing me le confirme, je n'y suis pas allé de main morte.

Qu'est-ce que j'ai foutu putain.

Hey ! Debout, la belle au bois dormant, soufflé-je.

Ma chambre est sens dessus-dessous.

— Réveille-toi !

Cassie gémit.

Et puis merde.

Je m'empare de ses sous-vêtements rose pastel éparpillés négligemment sur le sol et les lui jette dessus avec hargne. Cassie ouvre les yeux en sursaut puis me toise avec incompréhension.

Ses yeux sont noisette, pas bleus.

Bouge de là Cassie, craché-je.

En plus d'être éreinté, je suis de mauvaise humeur. Comme à peu près chaque matin depuis trois semaines. Habituellement je ne suis pas aussi désagréable, Cassie n'est pas une méchante fille.

— Bonjour à toi aussi Ange, tu es toujours aussi sympathique, minaude-t-elle d'une voix enjôleuse.

Son corps svelte quitte mes draps, la brune se rhabille en express. J'enfile en vitesse mon uniforme, toutefois, je ne prends pas la peine de boutonner ma chemise. De toute manière le proviseur Scott me bouffe dans la main.

Assis au fond de la salle d'étude, je patiente. Le début de mon calvaire devrait débuter sous peu. Chaque mercredi matin, les pensionnaires doivent se soumettre à deux heures de révision, peu importe l'âge, peu importe le niveau. Je mordille mon stylo et foudroie du regard toutes les pimbêches et fils à papa, tentant de s'approcher pour prendre place sur la chaise vacante à ma gauche. Déjà mort d'ennui, je fixe Ethan qui converse avec une jolie brune, puis mes iris changent de direction pour se concentrer sur l'entrée de la salle. Une silhouette familière franchit l'embrasure de la porte, mon pouls s'affole. Devil progresse dans la pièce, un sourire narquois sur les lèvres, sa confiance déborde, mon dieu, tout chez lui m'exaspère.

EVIL ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ BLACK INK ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant