CHAPITRE 2

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« Exister, c'est oser se jeter dans le monde. »
Simone de Beauvoir

   Kiss It Better

   Olympe

Un an plus tôt.


Les rendez-vous d'affaires de papa sont terriblement longs, presque aussi long que le Nil qui s'étend à travers l'Afrique.

Nous sommes arrivés à la Maison Blanche il y a déjà une heure et demie, enfin il me semble. J'en viens à perdre la notion du temps. Pourtant ce qui me chiffonne le plus c'est que, Nate — le président — est absent depuis trois jours consécutifs. Il est occupé avec le service des lois fédérales, il promeut plus de nouvelles lois qu'il ne change de chemise et dieu sait qu'il le fait très fréquemment.

Papa est enfermé dans le bureau du rez-de-chaussée avec Marie Salinger, la femme de Nate. Ils discutent d'affaires urgentes. Rectification : ils nous mènent en bateau. Mon père n'a rien à faire avec Marie, aucune véritable affaires urgente à gérer car si c'était le cas, il ne s'adresserait certainement pas à elle. Pendant ce temps-là, je suis assise sur une banquette en velours beige dans le vestibule, les pieds ballants. Je jette de temps à autre quelques coups d'œil fugaces vers l'escalier menant au premier étage. Ange s'y assied régulièrement.

Il est là, tapis dans l'ombre.

Je feins de ne pas le remarquer, de ne pas faire attention à lui. Car d'un côté ça me plaît qu'il soit présent, toujours à l'affût, qu'il m'observe. Il me fait me sentir moins seule. De l'autre je me sens observée et jugée. Il est à la fois fascinant et effrayant et sans aucun doute, détestable. Sa farouche liberté m'effraie.

Devil traverse le vestibule en courant, deux crosses dans la main et une balle en caoutchouc marron dans l'autre.

—  Allez, viens la mioche, affirme-t-il en me tendant le manche blanc et rouge. Il me faut un gardien de but.

Je me lève, ravie. J'ai besoin de me défouler, de me libérer de cette tension. Jouer au lacrosse avec Devil est exactement ce dont j'ai besoin pour y parvenir. Le jeu, avec son rythme rapide et ses confrontations intenses, est un parfait exutoire pour moi. Devil a toujours été attiré par l'adrénaline de cette discipline, alors sans un regard en arrière, je dirige mes iris vers mon garde du corps, qui m'autorise à sortir dans le jardin d'un hochement de tête. Au même moment, j'aperçois malgré-moi la silhouette dans les marches disparaître de mon champ de vision.

J'ai l'impression de faire quelque chose de mal.

Bouge-toi, Olympe.

— J'arrive, râlé-je.

Le soleil de juillet tape fort aujourd'hui, la brise extérieure est brûlante et la pelouse verte est tondue à la perfection, j'ai presque envie de me rouler dedans pour la rendre un peu moins homogène.

— Bon, je t'explique les règles encore une fois. Soit attentive parce que je ne me répéterai pas.

Un vrai dictateur, comme son père.

Je hoche la tête pour la forme.

— Généralement, le jeu commence par un face-à-face, suivi d'un jeu de passes pour marquer. Mais comme nous ne sommes que deux, contente toi d'empêcher ma balle de passer la ligne et le filet. Et bien sûr hurle de joie si je parviens à marquer.

Dans tes rêves.

Tu ne veux pas que je porte mon uniforme de pompom girl pendant qu'on y est ? Afin de flatter encore plus ton égo, rétorqué-je.

EVIL ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ BLACK INK ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant