Le prélude - Les yeux perçants du chat

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  Je me regardai une ultime fois dans le miroir, mes cernes étaient marqués. Ces dernières semaines, j'avais révisé les examens intermédiaires. Mes notes étaient au beau fixe et je pouvais me reposer pendant les vacances. Un long soupir m'échappa. Ce soir, Eun jung m'attendait pour fêter le Nouvel An. Elle avait organisé une soirée en discothèque avec ses camarades de son département. Un événement qui ne m'enchantait gère, car même si nous passions tout notre temps ensemble, je ne les connaissais pas. J'allais de nouveau devoir porter le masque qui me pèse tant. Je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas me résoudre à laisser ma petite amie oméga seule dans un endroit bourrer, certainement d'alpha. Malgré ma réticence, je finis de me préparer et descendis les escaliers.

Arrivé en bas, je saluai mes parents qui comme à leur habitude me demandaient d'être prudent et de ne pas me faire remarquer. Je comprenais leur inquiétude et faisais tout pour ne pas leur causer d'ennuis. Depuis le jour où nous avions réalisé ce que j'étais, nous cachions tous les détails révélateurs de mon statut véritable. Même Eun jung n'était pas au courant. Un mensonge qui me lacerait le cœur, dès l'instant où elle avait dit « oui » pour devenir ma petite amie. J'avais prévu de lui avouer. Le courage me faisait défaut ou était-ce plutôt la peur qui me dominait ? J'étais pathétique pour un alpha. J'enfilai mon manteau et mon écharpe, me saisis des clés et franchis le pas de porte.

Dehors, l'air frais remplit mes poumons. Je remontai mon col et marchai pour rejoindre l'arrêt de bus. Il n'y avait presque personne sur les trottoirs. Le 31 décembre était la soirée que les jeunes passaient avec leurs amis. Ils gardaient le Nouvel An traditionnel pour leur famille. Quelques taxis circulaient sur la route, tous à leurs bords les élites. À l'idée même que j'allais me retrouver au milieu d'eux, un frisson parcourut tout mon être. Mon but n'était plus qu'à deux pas. Sur le banc deux étudiantes parlaient de leurs cours en gestion d'entreprise. Elles me jetèrent un coup d'œil timide et gloussèrent. J'avais l'habitude que les jeunes filles réagissent en ma présence. Ça me rassurait même. C'était que ma carapace incarnait le jeu à la perfection. Le véhicule se stoppa juste devant elles, par politesse je les laissais grimper en premier. Je payai ma course. Lorsque je les dépassai, elles pouffèrent encore. Je m'assis à l'arrière et fixai la vitre pour observer le paysage.

À l'arrêt suivant, un groupe masculin d'alpha montèrent. Les deux étudiantes baissèrent les yeux et ne dirent plus un mot. Je comprenais leur peur et la connaissais que trop bien. Même moi, j'avais cherché à me faire tout petit. J'espérai qu'il ne me remarque pas. Il me restait encore une station pour enfin reprendre mon souffle et chasser mon angoisse. Un homme les regardait d'un air menaçant. C'était bien ma veine me retrouvait au milieu d'une bagarre de dominant. Le bus s'arrêta et je descendis. Ma respiration était saccadée, mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Je m'adossai contre un arbre et cherchai à regagner mon calme. Quelques secondes passèrent avant que je puisse marcher à nouveau.

Arrivés devant la discothèque, les videurs me bloquèrent l'entrée. J'avais bon leur expliqué que ma petite amie était à l'intérieur, ils ne voulaient rien savoir. Je pris mon portable pour appeler Eun jung, elle répondit assez vite. Je l'informai qu'ils refusaient que je la rejoigne. En une fraction de seconde, elle accourut à ma rencontre et se retourna contre les deux colosses.

— Il est avec moi ! enragea-t-elle.

— Veuillez nous excuser, Mademoiselle Kim.

Je jetai un regard noir aux deux hommes et les dépassai en les bousculant. Eun jung s'accrocha à mon bras et me tira pour aller vers ses camarades. Trois couples assis autour d'une table, ils m'observèrent d'un coup de l'œil. Je décelai très vite que c'était des paires normales, oméga et alpha. Les dominants disposèrent tous une poigne ferme sur l'épaule de leur partenaire, sans doute pour me faire passer un message. J'amenai à moi, ma petite amie, et l'embrassai chastement. La mâchoire des alphas se décrocha. Je levai les sourcils, remis mon masque de froideur et les regardai avec dédain.

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