Chapitre 7 : Un demi-frère

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L'hôtel de police de Calais était un vieux bâtiment en briques rouges, situé non loin du Parc Richelieu. Assez imposant avec ses quatre étages, il occupait une bonne partie de la Place de la Lorraine. Avec ses grandes vitres, grillagées pour celles du bas, il avait un aspect peu accueillant, mais assez sécurisant. Ici se résolvaient principalement des affaires de trafics entre la France et l'Angleterre, Calais servant souvent de port de transit pour des marchandises prohibées.

Brieuc et Bérénice avaient rejoint leurs bureaux afin de faire le point sur ce début d'enquête. Le jeune inspecteur jeta son blouson sur sa chaise et souffla de soulagement en sentant l'air frais provenant de la climatisation. Il n'avait pas pipé mot depuis la découverte du collier, mais sa coéquipière n'était pas dupe.Elle l'apostropha :

- Bon, tu m'expliques ce qui se passe avant que le patron nous appelle ?

Il lui lança un regard torve, réfléchissant à la meilleure façon de lui exposer les faits. Il ne manquerait plus qu'on lui retire l'affaire !

- Je crois savoir qui est notre squelette...

- Et ?, lui demanda-t-elle en fronçant les sourcils d'incompréhension.

- Et... je pense qu'il s'agit de mon demi-frère qui a disparu de la circulation il y a bien vingt ans de ça...

- Ton... ? Je ne savais même pas que tu avais un frère !, s'exclama-t-elle.

- Je ne l'ai pour ainsi dire pas connu. J'avais six ans quand il s'est évaporé dans la nature. C'était le genre aventurier. Il a prévenu ma mère qu'il allait bientôt partir pour une destination qu'il ne lui a pas précisée et... pfffuit... il n'a plus jamais donné de nouvelles.

- Et pour cause... Mais si tu ne l'as pas vraiment connu, comment as-tu pu reconnaitre le collier ?

- Il y a toujours eu une photo de lui sur la cheminée chez ma mère...

Elle s'assit derrière son ordinateur.

- C'était quoi son nom ?

- Nathan... Nathan Carron.

Il la rejoignit et la regarda taper les lettres sur son écran.

- Carron ?

- Ma mère a été mariée avant de rencontrer mon père, répondit-il laconiquement.

Il n'avait aucune envie de s'étendre sur le sujet.

- Alors, attends..., reprit-elle, les yeux plissés par la concentration. Je ne vois aucun signalement de disparition...

- Ma mère l'a toujours cru à l'autre bout du monde...

Elle cliqua sur un article de presse datant de janvier 1998. Une photo de Nathan apparut. Il se tenait fièrement en tête d'une manifestation visant à réduire la pêche de la morue dans les eaux de la Mer du Nord.

- C'était un activiste, ton frère.

- Demi !

Elle haussa les sourcils.

- On n'a jamais été très proches, grommela-t-il.

- Regarde, poursuivit-elle en lui montrant le cou de Nathan.

On y distinguait la fameuse croix avec la pierre rouge qu'on avait retrouvée avec les ossements.

- Il faudra transmettre ces informations à la scientifique et demander un test ADN pour s'assurer que c'est bien lui. Mais je crois qu'on tient déjà un début de piste. Si ton frère luttait contre la surpêche, il n'a pas dû se faire que des amis ici !

Le poids du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant