Yakuza, la bête d'Obi

Chapitre 2

Léna

— Léna, au tableau !

Elle se leva illico presto, trop heureuse que cette question tombe sur elle. Léna n'avait malheureusement rien compris de la suite de cet exercice, et sa seule chance de ne pas avoir de devoirs supplémentaires était de répondre correctement.

Elle traversa la classe, encore mal à l'aise de tous les regards braqués sur elle. Elle savait qu'en débarquant au Japon pour terminer ses études, son physique bien français attirerait les regards. Mais pas à ce point-là...

Heureusement, rien ne pouvait lui faire regretter son choix : elle adorait le pays du soleil levant depuis toute petite. Elle était ce qu'on pouvait appeler un cliché sur patte : fan de manga, de Sushi et de ramens, elle avait appris le japonais avant de persuader ses parents de venir ici pour passer son Bac.

Quatre mois qu'elle était là, et elle se sentait revivre. Elle avait son appartement – petit, certes, mais c'était le sien –, s'était fait des amis, parlait maintenant couramment le Japonais, à quelques mots près... Sa jauge de bonheur était à deux doigts d'exploser.

Un raclement de gorge la ramena sur terre, elle s'empressa de noter l'équation au tableau en retenant un soupir. Elle n'était pas une matheuse. Non, Léna, elle, voulait devenir mangaka.

— Merci, vous pouvez aller vous rasseoir.

Mme Kishimoto pouvait se montrer dure, mais dès le départ, elle avait fait en sorte que Léna s'intègre rapidement dans sa classe. Et grâce à elle, elle avait pu rencontrer Akiko.

Cette dernière leva un pouce dans sa direction ; le regard sévère de Mme Kishimoto calma ses ardeurs.

— Bien joué, lui souffla-t-elle.

Léna sourit à celle qu'elle considérait désormais comme sa plus proche amie.

— Merci, on sort ce soir ? demanda-t-elle en chuchotant.

Elle avait besoin de faire un break avant les premiers examens. Si jamais ses notes n'étaient pas excellentes, ses parents la feraient rapatrier en France avant qu'elle n'ait pu lasser ses converses. Akiko sourit.

— Karaoké avec le groupe ?

Léna retint une grimace. Si elle aimait sortir, elle avait vite compris que les Japonais fréquentaient rarement des clubs pour danser. Ils les trouvaient... trop, tout simplement.

— Ce n'est pas parce que je suis blonde que je chante comme Madonna... Je n'arrive même pas à chanter Joyeux anniversaire sans faire de fausses notes.

Akiko gloussa, le radar de Mme Kishimoto s'activa immédiatement : ses yeux de rapace se braquèrent sur elles.

— Allez, ça va être marrant !

— D'accord...

Même si Léna savait que ce ne le seraitcertainement pas pour eux... Si leurs oreilles pouvaient se détacher, elle était certaine qu'elles s'enfuiraient en courant au son desa douce voix.